"Tár" : un chef-d'œuvre absolu et une Cate Blanchett éblouissante selon Le Masque

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"Tár" : un chef-d'œuvre absolu et une Cate Blanchett éblouissante selon Le Masque

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L'actrice Cate Blanchett dans "Tàr" de Todd Field (2023)
L'actrice Cate Blanchett dans "Tàr" de Todd Field (2023)
© AFP - FOCUS FEATURES - STANDARD FILM C / COLLECTION CHRISTOPHEL

Tom Field s'était déjà illustré dans "In the Bedroom" et "Little Children" où il donnait la réplique à des femmes fortes et complexes. Ici une Cate Blanchett au sommet de son art, qui incarne Lydia Tár, une brillante cheffe d’orchestre symphonique qui voit sa carrière soudainement basculer.

Le film résumé par Jérôme Garcin

Cate Blanchett dans le rôle-titre qui lui a valu le prix d'interprétation à la Mostra de Venise et le Golden Globe de la meilleure actrice. On attend tous évidemment le troisième Oscar dans quelques semaines. Elle est ici Lydia Tár, une cheffe d'orchestre qui dirige à la baguette le Philharmonique de Berlin et s'apprête à donner la Symphonie numéro 5 de Gustav Mahler. Elle s'apprête aussi à publier ses mémoires et c'est alors que tout se détraque, c'est une carrière jusque-là très bien menée, mais qui va tourner au cauchemar. On découvre que la cheffe était une manipulatrice, doublée d'une harceleuse, bref, que la domination n'est pas seulement masculine avec la Française Noémie Merlant en assistante.

Pierre Murat salue "un film très intelligent qui signe un hymne à Cate Blanchett"

Le journaliste pour la revue Télérama a été très touché par une mise en scène audacieuse, très subtile qui ne fait qu'un avec le personnage éblouissant de Cate Blanchett : "Ça pourrait être très docte, très pédant, mais pas du tout, notamment par la façon dont on voit là, la chute presque morale de cette femme, dans la façon dont, par signes, on voit à quel point rien ne va plus chez elle. Brusquement, il y a un métronome qui se met à marcher dans sa chambre sans qu'on ne sache vraiment pourquoi ; elle entend des cris, dont on ne sait pas d'où ils viennent ; il y a quelque chose qui se défait très subtilement. La mise en scène qui pourrait être très maniérée, glacée, permet au contraire, cette lente chute morale.

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Par ailleurs, Cate Blanchett est absolument éblouissante de la première à la dernière image.

C'est un film très audacieux dans la mesure où je suis tout à fait d'accord avec cette femme qui me plaît beaucoup, quand elle impose le morceau qu'elle veut à l'orchestre, avec la façon dont elle favorise la violoncelliste qui l'attire, quand elle engueule aussi ce jeune crétin qui ne veut pas jouer du Bach. Cette femme a beaucoup d'énergie, de talent et consacre au passage un hymne à Cate Blanchett".

Camille Nevers applaudit "un film et une actrice d'une grande virtuosité"

La critique ciné pour Libération a particulièrement été fasciné par la minutie cinématographique avec laquelle il filme son personnage, son ambivalence, sa complexité, ce qui offre au spectateur une solennité qui relève presque du documentaire : "C'est un film extrêmement étonnant, très intellectuel, très austère, avec cette forme presque cuistre de monologue de l'interview du début. Ça parle de nous, des experts, des spécialistes, des gens qui sont dans leur milieu, dans leur culture.

J'aime particulièrement la forme documentaire que le film offre sur le milieu de la musique classique parce que j'ai le sentiment que c'est vraiment très proche de la réalité, dans les rapports de pouvoir. C'est un film maniaque d'une intensité rare.

Ce cinéaste a raison contre, et avec elle : il est de son côté quand elle défend l'art contre les Wokes et une certaine culture de féminisme qu'elle traite comme de la merde et, en même temps, elle est vraiment coupable donc il va jusqu'au bout de sa chute, et il l'enfonce à l'envie. On retrouve cette même froideur esthétisante que chez le cinéaste Jonathan Glazer".

Pour Michel Ciment, c'est un chef d'œuvre absolu !

Chez Transfuge, non seulement la performance de Cate Blanchett est extraordinaire, mais la complexité dramaturgique de son personnage et sa vraie ambivalence est bouleversante : "C'est quelqu'un qui exerce le pouvoir avec une façon terrible dans sa manière de manipuler les gens. C'est un grand personnage de fiction à la 'Emma Bovary' ou à la 'Anna Karénine' tellement on y croit ! Sans compter que, visuellement, c'est un travail magnifique, avec de grands espaces qui reflètent la grandeur du personnage".

Xavier Leherpeur déçu par le traitement punitif reservé au personnage de Cate Blanchett

Pour le journaliste de 7e Obsession, c'est un film qui, dès le départ, déteste, et dessert, son personnage principal. La première fois qu'on la voit vraiment, elle est percluse de tocs, à la limite de signes autistiques… Ça pourrait être passionnant sur la construction du film, indéniablement intelligente, mais le scénario s'acharne constamment sur son personnage d'une manière hyper punitive, et caricaturale dans la seconde partie. C'est un portrait à charge qui n'a pas l'intelligence de son personnage principal".

Le film

🎧  Écoutez l'ensemble des critiques échangées à propos de ce film sur le plateau du Masque et la Plume :

"Tar" de Todd Field

8 min

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