TER trop larges : enquête interne et wagon de critiques

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TER trop larges : enquête interne et wagon de critiques

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50 millions d'euros pour raboter les quais de gares trop étroits
50 millions d'euros pour raboter les quais de gares trop étroits
© reuters

Le gouvernement a exigé mercredi de la SNCF et de Réseau ferré de France (RFF) une enquête interne au sujet des nouveaux TER trop larges pour certaines gares. Les travaux vont coûter 50 millions d'euros. L’affaire a déclenché des wagons de critiques. Et des demandes de démission.

L’affaire amuse beaucoup sur les réseaux sociaux. Mais les politiques n’ont pas le sourire. Le Canard Enchainé a révélé que les 2.000 rames de TER commandées par la SNCF sont trop larges pour des centaines de quais de gares. Ce couac (et le montant des travaux désormais nécessaires) a fait réagir ce mercredi.

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Le gouvernement demande une enquête interne, la rapporteure générale du Budget à l'Assemblée, Valérie Rabault (PS), demande la démission du président de la SNCF, Guillaume Pepy et les syndicats en profite pour rappeler leur hostilité au projet actuel de réforme ferroviaire.

A ECOUTER | Les explications de Marion L'Hour, dans le journal de 18h d'Angélique Bouin

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Demande d’une enquête interne

Frédéric Cuvillier a "demandé à Jacques Rapoport (président de RFF) et Guillaume Pepy (président de la SNCF) par courrier qu'il y ait une enquête interne ". Le secrétaire d'État aux Transports souhaite ainsi pouvoir "identifier la façon dont les choses sont décidées ".

Le gouvernement fronce les sourcils

Frédéric Cuvillier a jugé "rocambolesque " le fait de "s'apercevoir que les informations transmises par RFF et la SNCF au moment de la commande, ne sont pas suffisamment fiables ". Une situation issue, selon lui, de la séparation, depuis 1997, de la SNCF, qui gère le matériel et les gares et fait rouler les trains, et RFF, qui gère l'infrastructure ferroviaire et les quais.

Si la SNCF et RFF évoquent une "modernisation ", une mise aux normes, les deux compagnies publiques reconnaissent néanmoins avoir "découvert le problème un peu tardivement ".

C'est consternant! Comment des décisions aussi décalées, aussi éloignées du terrain peuvent être prises ? (la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, à la sortie du Conseil des ministres)

Demande de démission

Pour la rapporteure générale du Budget à l'Assemblée, Valérie Rabault (PS), la situation est simple : le président de la SNCF Guillaume Pepy "doit démissionner ".

Je pense qu'il doit démissionner. 50 millions d'euros, c'est beaucoup d'argent et on est la risée de la presse internationale. (Valérie Rabault)

Demande reprise, à demi-mots par le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis : "Je pense que la responsabilité des dirigeants est engagée ", a-t-il réagi ce mercredi matin. Interrogé sur une éventuelle démission de ces dirigeants, il avait répondu: "A eux de le dire ".

Duflot appuie sur le frein

Cécile Duflot, députée de Paris et ancienne ministre de l'Égalité des Territoires et du Logement, a tenté de calmer le jeu. Dans un tweet, elle met en avant un billet de blog qui explique que la vérité est un peu plus complexe que le scoop du Canard Enchainé .

Les syndicats rappellent leur hostilité à la réforme ferroviaire

Devant ce cafouillage, l’occasion était trop belle. La CGT Cheminots et les syndicats FO et First ont déploré mercredi "l'affaire des nouveaux TER " qui illustre, selon eux, la nécessité d'une réforme ferroviaire correspondant à leurs attentes.

Pour la CGT, "cette histoire pourrait relever du vaudeville si elle n'était la conséquence de la séparation entre la SNCF et RFF de 1997 ".

Une nouvelle réforme du système ferroviaire est nécessaire. Mais une réforme qui permette une réelle réunification de la SNCF et de RFF au sein d'une même entreprise. (CGT)

Pour FO, "il faudra expliquer en quoi remplacer deux Epic (établissements publics) par trois entreprises procède d'un décloisonnement du système ".

50 millions d’euros de travaux

Le président de RFF, Jacques Rapoport, a affirmé mercredi matin que ces travaux n'auront "aucun impact ni sur les voyageurs, ni sur les prix du billet, ni sur les contribuables ", et coûteront "50 millions. (...) Pas un euro de plus, pas un euro de moins non plus ".

Ces 50 millions sont financés, comme les autres travaux effectués par RFF, a-t-il assuré, par les péages payés par les opérateurs ferroviaires, et les subventions de l'État et des collectivités.

L'affaire intervient un mois avant l'examen à l'Assemblée Nationale du projet de loi sur la réforme ferroviaire, qui prévoit que SNCF et RFF restent deux groupes publics indépendants, qui verraient leurs périmètres respectifs évoluer, mais coiffés par une entité de tête.