"Tirailleurs" : "une mise en scène lourdingue, mais un Omar Sy incroyable" selon Le Masque
Par Le pôle Édition de France Inter
Le film rend hommage aux combattants africains de la Première guerre mondiale dont la mémoire est restée pendant très longtemps invisibilisée. Un travail de mémoire auquel Omar Sy a participé en tant qu'acteur et co-producteur à travers ici le récit intime d'un père engagé aux côtés de son fils.
Le film présenté par Jérôme Garcin
Le film raconte et illustre l'engagement des tirailleurs sénégalais pendant la Grande Guerre. En 1917, un père, Bakary Diallo (Omar Sy qui contribue à la production du film) quitte le Sénégal et s'engage dans l'armée française pour retrouver son fils de 17 ans, Thierno (Alassane Diong) enrôlé de force. Les deux se retrouvent en première ligne, en enfer. D'un côté, le fils qui est galvanisé par son supérieur, un lieutenant (Jonas Bloquet), et de l'autre son père qui n'a qu'une idée en tête : le ramener vivant à la maison. Lors de la Première Guerre mondiale, quelque 200 000 Africains ont combattu aux côtés des poilus et 30 000 y ont perdu la vie. La sortie du film a motivé le gouvernement français pour décider que les anciens tirailleurs sénégalais pourraient rentrer définitivement dans leur pays d'origine sans perdre leur minimum vieillesse, ce qui n'était pas le cas auparavant.
"Un film plein de bonnes intentions, mais très lourdingue" selon Eric Neuhoff
Un film et un sujet historique qui méritaient beaucoup mieux selon le critique ciné du Figaro : "Les spectateurs sont les autres victimes dans ce film, qu'il faudrait rembourser parce que c'est un sujet qui méritait autre chose que cette espèce de pudding indigeste très lourdingue. C'est un film plein de bonnes intentions, mais j'aurais préféré qu'il soit bourré de talent. C'est dommage parce que le sujet existe et méritait mieux que quelques pseudo-moments de poésie.
Oui, on voit que les hommes pendant la guerre de 1914 portaient des bandes molletières et des gros sabots. On sent que c'est un film de producteur, Omar Sy est derrière, pourquoi pas. Il joue avec son fils, pourquoi pas. Mais ce n'est quand même pas le plus grand acteur du siècle. Quand il est dans l'enfer des tranchées, on se demande pourquoi il ne décroche pas son téléphone pour appeler le service après-vente comme sur Canal+ pour se plaindre. Le Pompon, c'est quand Omar Sy libère des barbelés un pauvre petit renard qui s'est empêtré là, lequel on revoit à la fin se balader sous l'Arc de Triomphe à côté de la tombe du soldat inconnu de la flamme. Le ridicule est atteint. Sans compter un suspense qui ne peut pas marcher. Ajoutez à cela le personnage du lieutenant qui veut toujours passer à l'attaque, qui est le sosie de Macron période pré-présidence".
Charlotte Lipinska particulièrement touchée par le jeu d'acteur d'Omar Sy
La journaliste de Vogue a assez bien aimé le film dans lequel Omar Sy révèle une facette dramaturgique qu'il n'avait jamais encore partagée derrière la caméra : "Le trio d'acteurs porte très bien le film. Bien que les vertus mémorielles et pédagogiques indéniables que soulève ce film passent un peu au second plan, je trouve assez malin de la part de Mathieu Vadepied d'avoir concentré son film sur la relation filiale entre un père et son fils, avec ce point de bascule où le fils devient un homme, devient le supérieur hiérarchique de son père, ce qui complexifie leurs sentiments.
Au contraire, on n'avait jamais vu Omar Sy jouer comme cela, avec les silences, développant un jeu beaucoup plus intérieur. Ce n'est pas du tout l'acteur que l'on connaît. On découvre une facette inédite de lui-même.
Ma seule petite frustration, c'est qu'il n'assume jamais la radicalité du film d'auteur, malgré les belles ellipses narratives, les très beaux plans, un film très bien filmé".
Jean-Marc Lalanne salue le caractère puissant d'un film magnifié par le jeu d'acteur inédit d'Omar Sy
Le critique des Inrocks trouve que le film sacrifie très peu au spectaculaire : "C'est une des vertus de ce film malgré une manière de filmer la guerre très interne, qui fait qu'on est au cœur de la mêlée, mais sans jamais vraiment donner de cohérence aux combats. L'image du film est totalement saturée, mais c'est ce qui fait aussi qu'il porte une vision puissante.
Je trouve assez forte la manière dont le conflit entre les deux personnages (père/fils) s'inscrit à l'inverse de la dynamique du conflit historique. Omar Sy est assez remarquable. Il est absolument au centre du projet de production du film, mais pas du tout au centre de l'image. De manière extrêmement humble, il n'occupe pas le devant de la scène et on ne l'a jamais vu aussi fin dans son jeu d'acteur".
Nicolas Schaller regrette "un vrai problème de mise en scène qui peine à lier l'ensemble"
Chez L'Obs, on trouve que le film, s'il n'est malheureusement pas totalement réussi avec sa mise en scène fragile, reste digne dans la manière de se concentrer autour de la relation père/fils : "J'aime beaucoup l'idée de circonscrire ce sujet patrimonial et douloureux à cette histoire de rapport filial et ce qu'ils expérimentent vraiment ensemble. Il y a une vraie prestance dans la manière de filmer ses sujets, mais on ne ressent pas suffisamment la guerre, les sentiments de peur et de danger. D'où le manque d'une mise en scène viscérale et incarnée.
On sent malgré tout qu'il y a une ambition assez belle avec une forme d'auteurisme populaire, de stylisation, mais le maillage ne se fait pas totalement bien. Malgré tout, ça reste une belle tentative".
Le film
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"Tirailleurs" de Mathieu Vadepied
7 min
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