Tirs de l'armée israélienne sur des manifestants à Gaza : l'ONU et l'UE demandent une enquête indépendante

Une manifestation vendredi marquant le début d'un mouvement de protestation palestinien sur six semaines a été marqué par des violences avec l'armée israélienne. Plusieurs palestiniens ont été tués, et des centaines ont été blessés.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres appelle également toutes les parties concernées à éviter tout acte qui pourrait conduire à plus de victimes, en particulier les mesures qui pourraient mettre les civils en situation dangereuse dans un communiqué.
Un peu plus tard, la représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini a appelé elle aussi à une enquête indépendante.
L'usage de munitions réelles doit faire l'objet d'une enquête indépendante et transparente
La manifestation d'hier marquait le "Jour de la Terre", en mémoire de six citoyens arabes d'Israël tués par les forces de sécurité lors de manifestations en 1976 sur les confiscations de terres arabes en Galilée. Le mouvement devrait prendre fin le 15 mai, jour que les Palestiniens appellent la "Nakba" ou "catastrophe", marquant le déplacement de centaines de milliers de Palestiniens lors de la création de l'Etat d'Israël en 1948
► ECOUTER la version de Majed Bamya, diplomate palestinien
Majed Bamya, diplomate palestinien auprès de l'ONU à New York
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"L'armée n'a fait que son travail"
Coté israélien, on affirme que les manifestants étaient prévenus : ils ne devaient pas s'approcher de la frontière. L'armée avait ordre de tirer sur quiconque tenterait de s'approcher. L'armée n'a fait que son travail.
► ECOUTER Marie Sémelin à Jérusalem
Reportage à Jerusalem
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Risque d'escalade
Le Conseil de sécurité des Nations unies, réuni en urgence vendredi soir sur les affrontements dans la bande de Gaza, a entendu les inquiétudes quant à une escalade de la violence mais n'est pas parvenu à s'entendre sur une déclaration commune.
Il y a une crainte que la situation puisse se détériorer dans les prochains jours
a mis en garde Taye-Brook Zerihoun, le secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires politiques, appelant à la retenue maximale. Les membres du Conseil de sécurité se sont réunis, à la demande du Koweït.
Le risque de l'escalade de la violence est réel
a estimé devant le Conseil le représentant français.
Il y a la possibilité d'un nouveau conflit dans la bande de Gaza
s'est-il inquiété.

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont exprimé des regrets quant au calendrier de la réunion --la Pâque juive a commencé vendredi soir-- synonyme d'absence de responsables israéliens. Et les ambassadeurs des différents membres du Conseil de sécurité ont envoyé leurs adjoints.
Il est vital que ce Conseil soit équilibré, a dit à la réunion le représentant américain.
Nous sommes profondément attristés par les pertes humaines aujourd'hui, a déploré le diplomate.
Dans un communiqué écrit avant la réunion, l'ambassadeur israélien aux Nations unies, Danny Danon, a accusé le Hamas pour la violence. Dans un discours vendredi, le président palestinien Mahmoud Abbas a déclaré qu'il tenait Israël pour pleinement responsable de ces morts
Nouveaux rassemblements samedi
Des dizaines de jeunes Palestiniens se sont une nouvelle fois réunis samedi près de la clôture séparant l'enclave de Gaza de l'Etat d'Israël au lendemain de la mort de plusieurs des leurs.
Le président palestinien, Mahmoud Abbas a annoncé que ce samedi serait un jour de deuil.