Vous n’avez sûrement pas les moyens de vous acheter un Wesselmann et de le mettre dans votre salon. Le très beau livre sorti à l’occasion d’une récente rétrospective au Canada mérite une place dans nos bibliothèques. Cet artiste américain classé parmi les représentants du mouvement Pop n’a jamais eu de rétrospective dans son propre pays. Ses nus sont trop nus !
Tom Wesselmann, de son vrai nomSlim Stealingworth . est né en 1931 à Cincinnati. Bac de psychologie, début de carrière dans la BD avant de faire ses premiers collages. Il est mort à New York le 17 décembre 2004.

La première impression qu’offre les pages de ce livre consacré à Wesselmann, c’est d’avoir rendez-vous avec Matisse. L’impression est juste puisque l’artiste lui-même s’y réfère de nombreuses dans ses propres tableaux, très explicitement. Matisse n’est pas sa seule référence, puisqu’ à travers son œuvre il s’est frotté à Matisse, Man Ray, Hans Memling, le Titien.

Wesselmann a consacré sa vie d’artiste à étudier le nu, pas pour faire des nus librement inspirés de ses illustres prédécesseurs, mais pour peindre seins, ventres, sexes, bras, bouches en tant que tels. Le corps pour le corps comme d’autres auraient fait l’objet pour l’objet. Le nu comme la dernière subversion possible quand tout à été dit ? La question se pose aujourd’hui en 2012 si notre chair en soi n’est pas le dernier lieu de pouvoir, à bien des égards ; il faudrait y consacrer une étude entière.
Pour Wesselman, deux composantes essentielles de son travail : humour et agressivité.
Peinture sexe et humour sont les piliers de son travail , il le revendique, mais il revendique une volonté agressive dans son art. Ses couleurs primaires, ses femmes alanguies ne versent pas dans le sirupeux. Ses nus sont devenus dans les années 80 des sculptures de fil d’acier, colorés, après une patiente recherche sur la transcription du dessin en 3D.

Avant de se consacrer au nu entièrement et totalementil a peint ou fait des collages représentants la société américaine de son époque . Des nus déjà mais avec des drapeaux américains, des images de magazines. Des bouteilles de coca cola ou des paquets de cigarettes, des interieurs d’appartements, une fenêtre et deux hublots de machines dans une cuisine.

Les présidents américains défilent dans son oeuvre des débuts comme Kennedy, Lincoln ou Washington. Avant de faire éclater dans la brillance de ses couleurs les boites Brillo (comme Warhol) et les paquets de cigarettes, il a procédé par le rudimentaire moyen du collage de papiers récupérés.



Hors-Pistes...mais pas tant que cela:
Je parle ici de Wesselmann car il fut présenté conjointement par le galeriste Sudney Janis en tant que pop artiste aux cotés des Nouveaux Réalistes comme Arman.
Autant dans ses nus Wesselmann donne sa vision littéraire de l'histoire de l'art, autant dans sa série Still Life il interprête la vie à l'américaine, et les piliers d'une mythologie de son époque.
Une bouteille de whisky Old Taylor, un jambon fumé, un paquet de Marlboro, un paquet de café, la couverture d’un magazine, et une coupe de fruits, dans Still Life n°24 par exemple. Les objets qui composent ses tableaux sortent souvent d’une épicerie ou d’un supermarché.
Ces listes d'objets rappellent le monded'Arman et des artistes de la même époque qui semblent avoir réagi comme s'ils avaient été subitement plongés dans une nouvelle imagerie à décrypter .
Le beau livre/ catalogue, Tom Wesselmann , à l’occasion de l’exposition « Au-delà du pop, Tom Wesselmann », coédition musée des Beaux-Arts de Montréal, Delmonico Books- Prestel
Tom Wesselmann vu sur le net par Annelise Signoret de la Documentation de Radio France
Le site officiel dédié à Tom Wesselmann> Exposition Tom Wesselmann, au-delà du pop art , au Musée des Beaux-Arts de Montréal (19 mai-7 octobre 2012)>
Sunset Nudes by Tom Wesselmann>
Analyse de son œuvre : _Still life> _
Photo de Tom Wesselmann en guitariste, et oui ! L’une de ses chansons_, I Love Doing Texas with You_ ,est interprétée par Kevin Trainor dans la bande sonore du film d’Ang Lee, Le Secret de Brokeback Mountain .>
Fait particulier, Tom Wesselmann adorait la musique country : « J’aime surtout la musique country, et je me rends compte que, une fois qu’une chanson vraiment spéciale s’est terminée, elle reste globalement présente, de manière presque aussi particulière qu’un tableau. Malgré son caractère linéaire et rythmé, elle a un impact multidimensionnel qui plane dans l’air et dans l’esprit de la même façon. J’ai le sentiment qu’un bon tableau est un résumé de nombreux choix de composition et de résonances et reste en suspens, comme si c’était un morceau de musique tout juste achevé !. »

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