Tombouctou : la destruction de patrimoine devant la justice internationale

La Cour pénale internationale (CPI), se penche sur la destruction de mausolées de Tombouctou, au Mali. Retour sur les "crimes de pierre" les plus marquants.
Le procès est inédit. Et le message doit être fort : les biens culturels doivent être préservés, même en cas de conflit, car les guerres actuelles sont destructrices pour les biens classés au Patrimoine mondial de l'Humanité.
Juillet 2012 : Tombouctou, Mali
A la barre de la Cour pénale internationale ce lundi, le touareg Ahmad Al Faqi Al Mahdi. Il est accusé d'avoir "dirigé intentionnellement des attaques" contre neuf des mausolées de Tombouctou et contre la porte de la mosquée Sidi Yahia entre le 30 juin et le 11 juillet 2012. C’est le premier accusé à répondre de crimes de guerre pour destruction de patrimoine culturel. Selon l'accusation, cet homme d’une quarantaine d’années était membre d'Ansar Dine, qui fait partie des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda qui ont contrôlé le nord du Mali pendant environ dix mois en 2012, avant d'être en grande partie chassés par une intervention internationale déclenchée en janvier 2013.

Lundi matin, le djihadiste malien, qui comparait devant la CPI, a demandé pardon au Mali pour les destructions à Tombouctou.
La ville malienne, fondée au Ve siècle par des tribus touaregs, est surnommée la "Cité de 333 Saints" du fait des personnages vénérés enterrés dans les mausolées. Selon des experts maliens de l'islam, ces personnages sont considérés comme les protecteurs de la ville, susceptibles d'être sollicités pour des mariages, pour implorer la pluie ou lutter contre la disette. Les djihadistes ont détruit ces mausolées, estimant que ces rites étaient contraires à leur vision rigoriste.
En janvier 2015, l'Unesco a lancé des travaux de restauration. Une cérémonie de sacralisation de huit mausolées reconstruits a été organisée début 2016.
Mai 2015 : Palmyre, Syrie
Le 21 mai 2015, après de violents combats entre les forces de Bachar Al-Assad et le groupe État islamique, les djihadistes s'emparent de la ville. Dans une macabre mise en scène, ils assassinent vingt soldats du régime dans le théâtre antique. Ils décident de "préserver" la ville antique, mais de détruire des statues, des tombes, des mausolées. En mars 2016, le régime syrien et son allié russes reprennent Palmyre.


Mars 2015 : Nimroud et Hatra, Irak
Nimroud, située à une trentaine de kilomètres de Mossoul (Irak), était l'ancienne capitale du royaume antique assyrien au XIIIe siècle av. J.-C.

Hatra était une prospère cité de Haute-Mésopotamie au IIe siècle, sous l'empire Parthe. En apprenant les destructions, l'ONU dénonce "l'effroyable stratégie de nettoyage cultuel en Irak".

Été 2014 : Mossoul, Irak
En juin 2014, Mossoul tombe en quatre jours aux mains du groupe État islamique. Le mois suivant, la mosquée du prophète Jonas est détruite à l'explosif.
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En février 2015, les djihadistes s'attaquent au musée de Mossoul. Ils détruisent à la masse des fresques assyriennes, des statues. La bibliothèque, contenant des milliers d'ouvrages anciens, est incendiée.
A l'ouest de Mossoul, les murs de la citadelle de Tall Afar sont très endommagés. A l'automne 2014, le groupe État islamique s'attaque également à l'église verte et au mausolée Al-Arbaïn de Tikrit (à 200 kilomètres au sud de Mossoul).
Mars 2001 : Bâmiyân, Afghanistan
Enclavés dans la paroi d'une falaise afghane, à 2 500 mètres d'altitude, les trois Bouddhas de Bâmiyân, hauts de plusieurs de mètres, avait été sculptées en haut-relief vers le Ve siècle. A cette époque, la province de Bâmiyân se trouvait sur la route de la soie, et plusieurs monastères bouddhistes s'y étaient développés. Quand les talibans arrivent au pouvoir, afin "d'éviter l'idôlatrie", les statues sont pulvérisées à l'explosif.
L'Unesco a répertorié 55 sites comme étant "en danger" à travers le monde.
Pour ces sites, les poursuites sont très difficiles à mettre en route, car la Syrie et l'Irak ne sont pas signataires du Statut de Rome, le traité fondateur de la Cour pénale internationale, qui permet à l'ONU de donner son feu vert pour une enquête.
► ► ► ALLER PLUS LOIN | L'enquête de France Inter sur l'industrie du pillage archéologique (avril 2016).