Tout savoir sur les régionales 2021 en Bourgogne-Franche-Comté : candidats et brèves de campagne
Par Élodie Forêt, Xavier Demagny
ÉLECTIONS RÉGIONALES 2021 - Chaque jour, France Inter examine les enjeux du scrutin dans une région. Pour ce troisième épisode, zoom sur la Bourgogne-Franche-Comté, région que le Rassemblement national estime pouvoir prendre aux socialistes et touchée de plein fouet par la désindustrialisation.
Chaque jour, France Inter vous propose de faire le point dans l'un des 13 territoires métropolitains concernés par les élections régionales des 20 et 27 juin. Troisième épisode en Bourgogne-Franche-Comté.
Carte d'identité
- Population : 2 807 807 habitants
- Budget : 1,9 milliards d’euros
- Capitale : Dijon
- Départements : Côte-d'Or (21) Doubs (25) Jura (39) Nièvre (58) Haute-Saône (70) Saône et Loire (71) Yonne (89) Territoire de Belfort (90).
La sortante : Marie-Guite Dufay
Ancienne présidente du conseil régional de Franche-Comté, la socialiste Marie-Guite Dufay a été élue en 2015 à la tête de cette nouvelle région fusionnée avec la Bourgogne (à l'époque dirigée par le sénateur LaRem, ex-socialiste, François Patriat).
Ce qu'il s'était passé en 2015 : victoire socialiste de justesse
Marie-Guite Dufay a remporté de justesse les élections de 2015 avec 34,68 % des suffrages à l'issue d'une triangulaire très serrée et après être arrivée troisième au premier tour (22,99 %) face à l'UDI François Sauvadet, président du Conseil départemental de la Côte d'Or (24 %) et face à la candidate frontiste Sophie Montel qui avait obtenu 31,48 %.
Les forces en présence : la gauche morcelée, le FN en position de gagner
Clairement, vu les résultats de 2015, c'est une région que Marine le Pen considère comme gagnable. C'est le jeune Julien Odoul, 36 ans, qui mène la campagne pour le Rassemblement national. Face à lui, le combat se joue à qui sera la meilleure digue ? À droite, le LR Gilles Platret espère créer la surprise grâce a son alliance controversée avec Debout la France, qu'il assume pourtant totalement. "On ne peut pas claquer la porte au nez de ceux qui ont des idées souverainistes à la mode Dupont-Aignan", dit-il à France Inter.
Coté gauche, c'est l'éparpillement. La sortante, Marie-Guite Dufay, qui a conclu un mariage de raison avec les communistes, pourrait se retrouver en grandes difficultés. Elle souligne qu'elle "a fait rempart" en 2015 et qu'elle "fera toujours rempart". Mais beaucoup lui reprochent encore son vote Macron dès le premier tour en 2017. Et l'alliance n'a pas pu aller au-delà : on compte donc également une candidature écologiste et une liste regroupant 9 partis ou mouvement dont la Gauche républicaine et socialiste et la France Insoumise, rejoint par sept élus de la majorité sortante.
Au morcèlement de la gauche s'ajoute enfin la concurrence du maire de Nevers, Denis Thuriot, proche d’Emmanuel Macron et candidat de la majorité présidentielle.
Le thème de campagne : la désindustrialisation
L’avenir de la fonderie MBF Aluminium à Saint-Claude (Jura), sous la menace d’une liquidation judiciaire depuis que Renault a délocalisé une partie de sa production en Espagne, est évidemment l'un des enjeux de cette campagne. Le tribunal de commerce de Dijon a accordé un délai supplémentaire (jusqu'au 15 juin) aux candidats à la reprise alors que la région s'est dite, avec l'accord de l'État, prête à monter au capital de l'entreprise pour favoriser une nouvelle proposition. Le tout après presque deux mois de mobilisation des salariés qui, la semaine dernière, ont menacé de faire sauter leur usine faute de solution.
Malgré le contexte électoral, l'initiative de la socialiste Marie-Guite Dufay, sortante et candidate à sa réélection, est saluée par certaines listes concurrentes. "Nous aurions fait pareil, pour dire qu’on abandonne pas nos entreprises, qu’on demande aussi a l’État et aux grands constructeurs qui ont bénéficié du plan de relance de prendre leurs responsabilités", estime l’écologiste Stéphanie Modde. À condition de ne donner des aides qu’aux entreprises qui s’engagent à ne pas délocaliser et à entamer leur transition énergétique.
Le candidat marcheur et maire de Nevers, Denis Thuriot, plaide pour aider les entreprises qui innovent. "La plupart des entreprises que je rencontre et qui sont en difficultés le reconnaissent, elles n’ont souvent pas pris les nouveaux tournants technologiques. Il faut les aider, et la région doit avoir un rôle facilitateur", juge-t-il.
Le RN, lui, dénonce un coup électoraliste. "Elle n’a rien fait pendant six ans", dénonce Julien Odoul. La candidate Lutte ouvrière, Claire Rocher, voit pour sa part un "leurre", qui permet "d'éviter des faillites immédiates" mais pas la "spéculation boursière" et soutient l'idée d'une reprise de l'entreprise par les salariés eux-mêmes.
L'anecdote de campagne : un RN qui ne votera pas RN
Si le Rassemblement national compte bien sur son candidat en Bourgogne-Franche-Comté pour remporter la région et réussir là où Sophie Montel, il y a six ans, a échoué, la tête de liste Julien Odoul, actuel président de groupe, doit faire avec quelques tensions dans ses rangs. À tel point qu'un élu sortant RN ne compte pas voter... RN et appelle les sympathisants à s'abstenir.
Sur 24 élus obtenus en 2015, il n'en reste plus que 15 dans ce groupe étiqueté FN, après le divorce entre la tête de liste de l'époque et le parti de Marine Le Pen. Et sur ces 15, seulement trois sortants se retrouvent en position éligible sur les listes en cas de défaite et cinq en cas de victoire, remarque France 3 Bourgogne-Franche-Comté.
Ses détracteurs en interne lui reprochent notamment son manque de concertation avec ses collègues, sa gestion peu transparente des finances du groupe, sa "politique du buzz", rapportent nos confrères. Julien Odoul est en effet celui qui avait déclenché la polémique autour d'une accompagnatrice voilée au conseil régional, en 2019. Il avait, à l'époque, été recadré par les cadres de son propre parti.
L'insolite : des randonnées de campagne
En cette campagne sous Covid-19, avec gestes barrières et distanciation physique, difficile d'organiser les événements habituels. Alors certains candidats innovent, parfois plus que d'autres. Bastien Faudot, qui porte la liste "Le temps des cerises" (référence à la commune de Paris et à la renaissance du printemps), a choisi... de randonner ! Comme l'indique le compte Twitter de la liste, un parcours est prévu dans chaque département.
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"On ne se voyait pas faire campagne dans des lieux clos. Là, ça nous permet de rencontrer les gens en plein air, de façon conviviale et de prendre le temps, de 'rebrancher' la gauche au terrain", explique-t-il à France Inter. "C'est aussi une façon pour nous de dire clairement qu'il n'est plus question d'abandonner les zones rurales au Front national."
Toutes les listes présentes
- "Le temps des cerises", conduite par Bastien Faudot (Gauche républicaine et socialiste, La France insoumise et alliés)
- "Pour une région qui vous protège", conduite par Julien Odoul (Rassemblement national et alliés)
- "Ecologistes et solidaires", conduite par Stéphanie Modde (Europe écologie-Les Verts et alliés)
- "La Région partout et pour tous", conduite par Denis Thuriot (La République en marche et alliés)
- "Faire entendre le camp des travailleurs", conduite par Claire Rocher (Lutte ouvrière)
- "Notre région par cœur", conduite par Marie-Guite Dufay (Parti socialiste, Parti communiste français, Parti radical de gauche et alliés)
- "Pour la Bourgogne et la Franche-Comté", conduite par Gilles Platret (Les Républicains, Debout la France et alliés)