Transition énergétique : WWF voit le verre à moitié plein

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Transition énergétique : WWF voit le verre à moitié plein

Des signes positifs de la transition énergétique selon le WWF.
Des signes positifs de la transition énergétique selon le WWF.
© Maxppp - Patrick Pleul

Le Fonds Mondial pour la Nature publie un rapport recensant les signaux qui attestent que la transition énergétique est bien en marche, même si elle reste trop lente selon l'ONG.

Huit mois après la conclusion d'un accord sur le climat à l'issue de la COP21 à Paris,  seuls des Etats représentant moins de 2% des gaz à effet de serre ont déjà ratifié le texte. De quoi broyer du noir ? Certes, mais il y a aussi des raisons d'espérer nous dit le WWF dans un rapport publié ce jeudi.

Le détail du rapport de WWF avec Sandy Dauphin, spécialiste environnement à France Inter.

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Le rapport du WWF

1 min

- La production d’énergies renouvelables grimpe en flèche.

Les énergies renouvelables ont représenté 90% des nouvelles capacités de production électrique en 2015, contre 50% en 2014.

Croissance de la production d'électricité d'origine renouvelable dans le monde
Croissance de la production d'électricité d'origine renouvelable dans le monde
- Irena

- Le coût des technologies solaires est de plus en plus abordable.

Le prix du solaire a chuté de 80% entre 2009 et 2015, et devrait encore chuter de 59% d’ici 2025. Cette technologie va donc pouvoir se diffuser de plus en plus largement.

Le coût du solaire
Le coût du solaire
- Irena

- Record des investissements dans le renouvelable.

En 2015, les investissements mondiaux dans les capacités de production électrique renouvelable ont atteint près de 256 milliards d’euros (le dernier record, 249 milliards d’euros, remontait à 2011). Cette somme représente le double des investissements dans le charbon et le gaz naturel. Parmi les bons élèves : la Chine (qui a augmenté ses investissements verts de 17% en 2015), les Etats-Unis, le Japon, le Royaume-Uni et l’Inde.

Les investissements dans les énergies renouvelables
Les investissements dans les énergies renouvelables
- WWF

- L’électricité renouvelable atteint dans certains pays des seuils très élevés.

L’année dernière, la couverture des besoins en électricité des foyers domestiques a représenté 48% au Portugal et 32,6% en Allemagne (dont l’objectif est d’atteindre 50% d’ici 2030), atteignant jusqu’à 87,6% le 8 mai 2016.

- De plus en plus d’emplois verts.

Les énergies renouvelables emploient 8,1 millions de personnes. Ce chiffre a augmenté de 5% en 2015. Le solaire photovoltaïque est le gros vivier d’emploi (2,1 millions).

La croissance des emplois liés au renouvelable
La croissance des emplois liés au renouvelable
- WWF

- Explosion des obligations vertes.

Une obligation verte (« green bond ») est un emprunt émis sur le marché pour permettre de financer des projets contribuant à la transition écologique, en particulier dans les infrastructures. La Chine a déjà émis, au cours du premier semestre 2016, 7,3 milliards d’euros d’obligations vertes, soit la moitié des nouvelles obligations émises dans le monde. En France, les ministères de l’Environnement et de l’Economie ont annoncé ce vendredi que la première obligation verte, de « plusieurs milliards d’euros », serait émise en 2017.

- Les entreprises changent de braquet.

176 grandes entreprises se sont d’ores et déjà engagées à suivre des objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre suivant la limite de 2°C de réchauffement climatique. Les objectifs de 18 d’entre elles sont déjà validés.

- Le déclin du charbon.

La Chine, qui couvre près de la moitié de la consommation mondiale de charbon, a sans doute atteint son pic. La consommation de charbon a ainsi diminué de 3,7% en 2015.

La consommation de charbon en Chine
La consommation de charbon en Chine
- WWF

Plus globalement, l’industrie du charbon est en repli. Le numéro un mondial du secteur, l’américain Peabody, a déposé le bilan cette année. Depuis 2010, deux projets sur trois de construction de centrales à charbon ont été mis à l’arrêt ou abandonnés.

- Stagnation des émissions de CO2.

32,1 milliards de tonnes de CO2 ont été émises en 2015, ce qui marque une stabilisation pour la deuxième année consécutive, alors que la croissance économique mondiale est de 3%. Cela prouve que le dynamisme économique peut se dissocier de la croissance des émissions de CO2.

Les émissions de CO2 dans le monde
Les émissions de CO2 dans le monde
- WWF

- Amélioration de l’intensité énergétique.

Plus une économie est performante en matière d’efficacité énergétique, plus son intensité énergétique est faible. L’objectif mondial fixé est de 2,6%. On en est pour l’instant à 1,7%.

- Engagement des villes.

Lors de la COP21, 700 maires ont promis de renforcer leurs efforts environnementaux, et de réduire leurs émissions de dioxyde de carbone de 3,7 giga tonnes par an d’ici 2030. Par ailleurs, le C40 (la Convention des maires) réunit 85 villes du monde qui se concertent pour lutter contre le réchauffement climatique (Anne Hidalgo, maire de Paris, en est la présidente). Enfin, entre 2010 et 2015, 1681 actions correctes ont été mises en œuvre par 600 collectivités représentant 8% de la population mondiale.

Les nations aussi peuvent avoir un rôle positif. La France, notamment, a décidé de se lancer dans les "green bonds". L'État va dès 2017 émettre ces obligations vertes, elles devraient rapporter plusieurs milliards d'euros destinés à financer des investissements écologiques.

Explications avec Pascal Cangin, directeur du WWF et fervent défenseur de ces "green bonds".

"C'est un outil important de traçabilité, qui sécurise les financements"

47 sec

- Les signes positifs pas encore entièrement pris en compte dans les modèles de prévisions.

Les prévisions institutionnelles sous-estimeraient, selon WWF, l’accroissement (acté ou à venir) de la part d’énergies renouvelables dans le monde.

Dans la conclusion de son rapport, le WWF rappelle tout de même, malgré ses points encourageants, que "des milliards de personnes n’ont pas accès à une source d’énergie propre et fiable", et que les foyers modestes ont une part trop importante de leur budget encore allouée à l’énergie. L’ONG estime qu’il faut absolument accélérer la transition énergétique pour que l’objectif d’un réchauffement climatique limité à 2°C, fixé à Paris en décembre 2015, puisse être atteint.