
C'était l'un des grands projets du candidat Trump : supprimer la loi de santé pour tous qu'Obama a arrachée au Congrés aux forceps. Vendredi, il a évoqué l'idée d'un amendement.
Donald Trump veut abroger la loi... ou presque. Si l'abrogation du système de santé pour tous obtenu par Barack Obama est l'un des projets qu'il a défendus avec ferveur pendant sa campagne électorale, le président élu semble mettre de l'eau dans son vin : "Obamacare sera soit amandée, soit abrogée, soit remplacée", a-t-il déclaré dans une interview au Wall Street Journal, évoquant l'idée d'un simple amendement du texte.
Conserver certains aspects du texte
Deux aspects de cette loi (dont le vrai nom est "Affordable care act") pourraient être conservés : l'interdiction pour les assureurs de refuser un patient en raison de son mauvais état de santé ; et la possibilité pour des parents de faire bénéficier leurs enfants de leur couverture santé plus longtemps.
C'est sa rencontre avec Barack Obama, jeudi, qui aurait poussé Donald Trump à changer (légèrement d'avis) : "Je lui ai dit que j'allais étudier ses suggestions, et par respect, je le ferai", assure-t-il, expliquant que le président sortant lui a suggérer de conserver au moins ces deux dispositions.
Doublement du nombre d'Américains sans assurance
Si Donald Trump décidait de supprimer purement et simplement le dispositif Obamacare, selon une étude publiée en juin 2016 (en Anglais), le nombre de personnes sans assurance serait quasiment le double de celui AVANT le vote de la loi. 81% de ceux qui perdraient leur couverture seraient des familles qui travaillent et 40% seraient de jeunes adultes. Il y aurait alors 14 millions et demi de personnes couvertes par le système Medicaid. Entre 2017 et 2026, les dépenses fédérales en matière de santé diminueraient de 927 milliards de dollars mais les dépenses au niveau de chaque Etat augmenteraient de 68 milliards et demi de dollars sur la même période.
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Traduction : "Trump : je remplacerai Obamacare par quelque chose de super!"
Pour abroger Obamacare, le Congrès devra voter une mesure via le sénat avec 60 voix. mais il est peu probable qu'il obtienne un tel vote dans les 100 premiers jours de son mandat.
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Traduction : "merci l'Ohio! votez pour qu'on puisse remplacer Obamacare et sauver le système de santé de chaque famille aux Etats-Unis".
En début d'année, les républicains ont tenté d'utiliser le processus d'abrogation au Sénat pour modifier une grande partie d'Obamacare mais Obama y a mis son véto.
Une loi révolutionnaire
Le système de santé américain est l'un des plus inégalitaires au monde, et la santé relevait jusqu'en 2010 d'une responsabilité individuelle, pas d'un droit. Voilà pourquoi la réforme santé voulue par Barack Obama marque une véritable révolution. Là où ses prédécesseurs ont échoué, il a réussi le pari le plus risqué de sa présidence. Un pari qu'il a remporté après avoir arraché l'aval du congrès majoritairement conservateur à coups de compromis, par 220 voix pour et 215 contre! Cette réforme est essentielle mais le bilan reste en demi teinte car le texte ne va pas aussi loin que ce qu'aurait voulu le président américain.
L'accès à la santé, ce n'est pas un privilège pour quelques uns, mais un droit pour tous. Barack Obama, juin 2015
Le 25 juin 2015, la Cour Suprême américaine achève de valider la réforme de santé de Barack Obama. Jusqu'alors, les salariés pouvaient souscrire à une assurance santé proposée par leur employeur. Mais pour les indépendants, les précaires ou les sans emploi, s'assurer relevait du cauchemar. A cent euros en moyenne la visite chez un généraliste, sans assurance, se soigner devient vite inabordable. Seuls les seniors et les plus pauvres bénéficient de programmes gouvernementaux, Medicaid et Medicare. En cas de problème grave, les 50 millions d'Américains sans couverture santé se retrouvaient donc dans une spirale infernale, perte d'emploi, de domicile, jusqu'à finir parfois à la rue.
Vingt millions de personnes sont désormais assurées via Obamacare. Mais la réforme a été considérablement affaiblie par les compromis que Barak Obama a été obligé d'accepter pour l'imposer. Du coup, la réforme a entraîné la hausse du coût des assurances privées, un coup dur pour les revenus moins élevés. Aujourd'hui 9 % des Américains restent sans assurance santé. En 2013, 47 millions et demi de personnes, soit 17,6 % de la population n'avaient pas d'assurance santé.
►ALLER PLUS LOIN | Quand la santé devient un luxe
Les principales dispositions d'Obamacare
Les employeurs doivent proposer une couverture médicale à leurs salariés. L'état de santé (pre-existing condition) n'est plus un critère pour accepter un nouvel adhérent. Les assureurs ne peuvent plus refuser de signer un nouveau contrat, quel que soit l'age, le sexe, et l'état de santé du patient. Le système Medicaid, qui existait déjà pour les plus pauvres, est étendu aux individus et familles vivant avec un revenu équivalent à 133 % du taux de pauvreté. Chaque État sélectionne les contrats privés les plus respectueux des droits des usagers. Les personnes à revenu modeste, mais dont le revenu reste supérieur au plafond Medicaid, bénéficient d'aides de l'État fédéral lorsqu'ils s'assurent via ces contrats négociés.