"Tu dois choisir, soit LR, soit la majorité" : le supplice de Damien Abad, sondé pour entrer au gouvernement
Par Anne Soetemondt
Le patron des députés Les Républicains pourrait-il entrer au gouvernement ? La prise serait symbolique pour Emmanuel Macron. Sommé par son parti de choisir son camp, Damien Abad promet une clarification d’ici vendredi.
Combien de temps pourra-t-il encore tenir ? Voilà maintenant plusieurs semaines que Damien Abad, député Les Républicains de l'Ain, refuse d'écarter toute entrée au gouvernement. Le choix de la majorité de n'investir aucun candidat face à lui a rajouté une couche d'ambiguïté. Et s'il venait grossir les rangs des poids lourds LR passés du côté du président ? Damien Abad l'admet volontiers : il n'a pas coupé les ponts avec Bruno Lemaire. L'ex LR devenu ministre de l'Économie d'Emmanuel Macron en 2017 est l'un de ceux qui louvoient depuis des semaines pour faire entrer de nouvelles têtes au gouvernement.
Pression maximale
Une position devenue intenable. Après avoir repoussé à deux reprises la traditionnelle réunion de groupe des députés LR, Damien Abad s'est retrouvé mardi seul face à plusieurs dizaines de parlementaires en visio. "C'était son procès", raconte un participant. Pendant plus d'une heure, les interventions s'enchainent. Le président du parti, Christian Jacob, le finaliste de la primaire LR, Éric Ciotti, des députés expérimentés, comme Michèle Tabarot, et de la jeune génération, comme Pierre-Henri Dumont, Damien di Filippo, Raphaël Schellenberger, des partisans de la ligne dure et de la droite sociale… Tous disent la même chose : "Tu dois choisir, soit LR, soit la majorité", "tu ne peux pas continuer à nous manquer de respect". Un participant demande même un vote de défiance. "Il y avait unanimité contre lui", assure un député.
"Je suis un homme de droite"
Damien Abad, qui avait clairement appelé à voter Macron au second tour de la présidentielle, accuse réception des critiques mais ne tranche pas. "Je suis un homme de droite", répète-t-il à l'envi, insistant : "Je n'ai jamais demandé l'investiture LREM." En promettant une clarification avant vendredi, "il mise sur une entrée au gouvernement pour lui simplifier la tâche", s'énerve un poids lourd de droite. Incontestablement, l'hypothèse la plus confortable pour le patron des députés LR. S'il n'entre pas au gouvernement, "Damien deviendra le député du fond de la classe, à qui on donne la parole une fois par an", tacle l'un de ses collègues.