Ukraine : au cœur de la centrale de Zaporijjia, tenue par les Russes, et qui inquiète le monde entier

Publicité

Ukraine : au cœur de la centrale de Zaporijjia, tenue par les Russes, et qui inquiète le monde entier

Par
Les inspecteurs de l'AIEA arrivent à la centrale de Zaporodjia
Les inspecteurs de l'AIEA arrivent à la centrale de Zaporodjia
© Radio France - Sylvain Tronchet

Les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique ont pu accéder jeudi au site de la centrale nucléaire de Zaporijjia, en Ukraine. Ils ont été reçus par une délégation russe à Energodar. L'envoyé spécial permanent de France Inter en Russie était l'un des rares journalistes sur place.

Toute la planète regarde en direction de Zaporijjia. Finalement, c'est ce jeudi que les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ont pu accéder au site de la centrale nucléaire ukrainienne, la plus importante du pays et la plus grande d'Europe, située dans la ville d'Energodar, au sud du pays. Depuis des jours et des jours maintenant, l'agence des Nations Unies réclamait de pouvoir accéder à l'équipement, occupé par les forces russes, qui suscite toutes les inquiétudes depuis que des bombardements ont touché le secteur pendant l'été.

Le site est immense. Six réacteurs nucléaires au bord du fleuve Dniepr, large comme un lac à cet endroit. Aussi immense... que désert : quasiment pas de voitures sur les parkings, personne dans les allées. Si les journalistes acceptés sur place n'ont pas le droit de pénétrer dans les bâtiments industriels, on comprend vite que le personnel – ukrainien mais qui travaille sous contrôle russe – est réduit au strict minimum pour contrôler, maintenir dans un état de sûreté les réacteurs à l'arrêt.

Publicité
Un soldat russe monte la garde dans la centrale ukrainienne de Zaporodjia
Un soldat russe monte la garde dans la centrale ukrainienne de Zaporodjia
© Radio France - Sylvain Tronchet
Le directeur de l'AIEA Rafael Grossi avec un représentant russe de Rosatom devant un missile qui est tombé sur le territoire de la centrale de Zaporodjia
Le directeur de l'AIEA Rafael Grossi avec un représentant russe de Rosatom devant un missile qui est tombé sur le territoire de la centrale de Zaporodjia
© Radio France - Sylvain Tronchet

"Nous ne voulons pas la guerre"

Après un échec mercredi, en raison de bombardements dont Kiev et Moscou s'accusent mutuellement, la délégation de l'AIEA a donc pu rentrer jeudi dans la centrale de Zaporijjia. Si le site,  qui produit 15% de l'électricité en Ukraine, est toujours exploité par du personnel ukrainien, ce sont bien les nouveaux maîtres du lieu, les Russes, qui ont accueilli les inspecteurs.

Ils tiennent à montrer les traces des bombardements : "A quatre heures ce matin, l'armée ukrainienne a commencé à bombarder la ville et la centrale", assurent les officiels russes. "C'est effrayant de penser à ce qui se passerait si ces 240 tonnes de fuel s'enflammaient ; ici, à Energodar, il n'y a pas de moyens pour éteindre rapidement ce type d'incendie". Même si les tirs de la veille n'ont fait que des dégâts mineurs, le niveau de tension reste important.

"L'Ukraine, a Russie et l’Europe courent un grand danger tant que ces bombardements ne cesseront pas" a insisté le chef de la délégation russe qui a ajouté la phrase suivante : "Nous ne voulons pas la guerre." Provoquant un réaction un brin agacée du patron de l’AIEA, Rafael Grossi.

Vers une surveillance permanente de l'AIEA ?

Un peu plus loin, à 100 mètres du réacteur 6, les restes d'un missile Totchka sont plantés dans le sol. Le projectile semble venir du côté russe, notent les inspecteurs, mais les représentants de l'armée russe assurent que le missile s'est retourné en s'enfonçant dans la terre.

Tout autour, la centrale semble bien entretenue, dans un bon état de sûreté affirment les Russes. La visite des inspecteurs a duré trois heures. Pas suffisant pour poser une analyse technique, mais assez pour entendre les tirs d'artillerie à quelques kilomètres de là. Mais l'agence doit revenir dès ce vendredi, et entend surtout maintenir dorénavant une surveillance permanente sur le site.

Véhicules militaires russes dans la centrale de Zaporodjia
Véhicules militaires russes dans la centrale de Zaporodjia
© Radio France - Sylvain Tronchet