Un air pollué augmente le risque de démence et d'Alzheimer

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Un air pollué augmente le risque de démence et d'Alzheimer

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un air pollué augmente le risque de démence et d'Alzheimer
un air pollué augmente le risque de démence et d'Alzheimer
- Frederic Scheiber

Plusieurs études avaient déjà pointé le lien entre pollution de l'air et démences. Un nouveau travail d'une équipe internationale de chercheurs a tenté d'identifier les composés responsables au sein des particules. Celles issues du trafic automobile sont pointées du doigt.

L'échantillon pris en compte pour cette étude est vaste : de 2000 à 2017, 18 millions d'Américains atteints de démence et 5,8 millions de malades d'Alzheimer ont été inclus. Les travaux de cette équipe américano-danoise, composée de chercheurs dans le domaine de la santé environnementale et de la santé publique ont été publiés dans PNAS, le compte rendu de l'académie des sciences américaines.

Les scientifiques ont d'abord quantifié sur la durée le lien entre les particules fines de 2,5 mm (PM2.5) et les maladies neurodégénératives. Elle a utilisé des images satellites montrant la composition de l'atmosphère sur tout le territoire américain et croisé ces données avec les atteintes neurologiques déclarées. Le résultat confirme ce que d'autres études avaient déjà mis en évidence : la pollution augmente de 6 à 7% le risque de développer une démence et de 9% la maladie d'Alzheimer.

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Le trafic automobile semble être incriminé

Ils sont ensuite allés plus loin. Ils ont décortiqué ces particules fines pour voir lesquels de leurs composantes chimiques étaient les plus associés au surrisque de démence. Ces particules sont d'abord composées "d'un noyau de carbone qu'on appelle 'noir de carbone', qui est le cœur de la particule", explique Robert Barouki, spécialiste de toxicité environnementale à l'INSERM. Autour de ce noir de carbone, s'agrègent "beaucoup d'autres substances chimiques (...) notamment des métaux, sulfates, des nitrates, de l'ammonium". "Et ils ont essayé de faire des corrélations entre la masse des particules et la démence mais aussi entre chacun des composants de la particule", poursuit le chercheur.

Les composés évalués ont tous un impact sur le développement de ces maladies neuro-dégénératives. Mais il est plus fort avec le noir de carbone, la matière organique et les sulfates, qui sont tous générés par le trafic routier et les combustibles fossiles. "A ce stade, on ne peut pas associer une source particulière de composés chimiques à un effet sur la démence, même si le trafic automobile semble être une source relativement importante", note Robert Barouki.

Pas de seuil en dessous duquel "on serait tranquilles"

Tout aussi important, ces travaux révèlent l'absence d'effet de seuil. Autrement dit, "les effets sont linéaires. Il n'y a pas une concentration de particules au dessous de laquelle il n'y a aucun effet. Ca veut dire que les politiques publiques doivent continuellement faire des efforts pour diminuer la quantité de particules dans l'atmosphère, puisqu'il n'y a pas de seuil à partir duquel on serait tranquille", ajoute le toxicologue.

C'est d'autant plus important que la pollution de l'air touche quasiment tous les organes. Y compris le foie, comme l'a montré Robert Barouki. Accouchements prématurés, démence, atteintes cardiaques, respiratoires... une diversité de pathologies sont touchées. "Par quels mécanismes ? c'est difficile à expliquer" avoue t-il, même si des effets inflammatoires et des effets oxydants systémiques sont surement en cause.