Un décret paru dimanche rend possible la formation obligatoire des profs sur les vacances scolaires

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Un décret paru dimanche rend possible la formation obligatoire des profs sur les vacances scolaires

La rentrée des classes au collège Paul Valéry de Valence, dans la Drôme. Septembre 2018.
La rentrée des classes au collège Paul Valéry de Valence, dans la Drôme. Septembre 2018.
© Radio France - Victor Vasseur

Le décret est paru en catimini au Journal officiel dimanche 8 septembre, mais c'est une véritable bombe. Il prévoit la création d'une allocation de 120 euros brut par jour pour les enseignants qui suivront une formation sur le temps des vacances scolaires, à l'initiative de l'administration.

Les syndicats avaient unanimement voté contre ce projet de décret en juin. Ils avaient proposé un amendement qui précisait que l'enseignant devait être volontaire pour suivre cette formation sur ses vacances. Or, le ministère a refusé.

Des enseignants se forment déjà sur leurs vacances, mais ils sont volontaires. Jean-Rémi Girard, président du SNALC, interrogé par Sonia Princet pour France Inter explique :"On ouvre la brèche dans les droits des personnels enseignants, car ça peut être n’importe quelles vacances, il n’y a aucun garde-fou dans les textes". 

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On va devenir le seul métier à ne pas savoir quand nous sommes en vacances et quand on pourrait être en formation

Le décret précise que, dès lors qu'elles sont réalisées à l'initiative de l'autorité compétente, ces actions de formation n'excèdent pas cinq jours par année scolaire lors des périodes de vacance de classes. Dès le début de l'année scolaire, l'Éducation nationale indiquera aux professeurs les périodes de vacance pendant lesquelles les formations pourront avoir lieu. "La liste de ces actions de formation se déroulant pendant des périodes de vacance de classe est présentée annuellement pour avis en comité technique académique", précise le décret.

Les syndicats attachés au volontariat

Pour Jean-Rémi Girard, "la formation doit avoir lieu sur le temps de service à moins que ce ne soit volontaire". "Parfois les dates de formation changent", reprend-il,  et de manière générale "c’est compliqué pour les enseignants dont le calendrier des vacances est par nature, imposé". Jean-Rémi Girard avance aussi que "les formations obligatoires sont mal perçues et peu efficaces". 

Du côté du SE-UNSA, qui avait aussi voté contre cette mesure, il y a tout de même quelque chose de positif à retenir. Jusqu'à présent les enseignants qui de leur propre initiative s'engageaient dans des formations pendant les vacances, assumaient les frais de déplacements et de garde de leurs enfants. C'est le cas pour les formations longues qui ne peuvent pas être suivies sur leur temps de service car ils seraient trop longtemps absent. Ça l'a été aussi pour les formations des professeurs sur la nouvelle spécialité du lycée "numérique et sciences informatiques".

Désormais, les jours imposés par l'Éducation nationale durant leurs vacances seront payées 120 euros par jour. "Là c'est un progrès", dit Karine Lamoureux, secrétaire nationale du SE-UNSA, chargée de la formation. 

Le ministère assume

Le ministère explique qu’il souhaite récompenser les professeurs qui se forment volontairement sur leurs vacances. Il veut favoriser la formation hors temps scolaire, pour que les élèves ne soient pas pénalisés. Pour les formations longues, notamment pour la nouvelle spécialité en numérique dans le cadre de la réforme du lycée, les enseignants ont dû prendre sur leurs congés pour suivre une formation diplômante à l’université. Ils pourront être indemnisés. 

Le ministère assume totalement le fait que cette disposition ne soit pas réservée aux professeurs volontaires. "Des formations pourront être organisées pendant les vacances à la demande de l’administration", précise un membre du cabinet du ministre, "pour des professeurs en difficulté par exemple". Dans ce cas, les sessions seraient limitées à cinq jours. 

Tous les enseignants ne seront pas concernés. Le budget de la formation continue est trop faible et ne permettra pas de proposer ces allocations aux 800 000 professeurs.