"Un enfant qui tombe à vélo court moins de risques qu'un enfant qui reste devant la télévision"

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"Un enfant qui tombe à vélo court moins de risques qu'un enfant qui reste devant la télévision"

Nous sommes de plus en plus sédentaires, ce qui n'est pas sans risques pour notre santé. Pour changer les choses, il est recommandé d'agir dès la petite enfance.
Nous sommes de plus en plus sédentaires, ce qui n'est pas sans risques pour notre santé. Pour changer les choses, il est recommandé d'agir dès la petite enfance.
© Getty - KidStock

Pour lutter contre les problèmes de sédentarité, la Société canadienne de physiologie de l'exercice a publié des directives pour tous - même les enfants de 0 à 3 ans. Pourquoi est-ce nécessaire de bouger, même chez les tout petits ? Pendant combien de temps et comment ?

Ces directives canadiennes sont-elles nécessaires en France aujourd'hui ? "Oui", répond le pédiatre François-Marie Caron au micro de Mathieu Vidard dans La Tête au carré. Le médecin constate : 

Le bébé est dans son transat ou sa poussette ; on doit dire aux parents qu'il faut le mettre sur son tableau d'éveil !

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Un enfant qui bouge peu, c'est aussi très probablement un adulte qui bougera peu. François Carré est cardiologue ; il a écrit Danger sédentarité (2014). Il fait ce constat alarmant : 

Je pense qu'on va perdre une génération, c'est-à-dire qu'il y a une génération qui va vivre moins longtemps que ses parents.

Pourquoi les enfants sont de plus en plus sédentaires ?

Est-ce la faute des écrans ? Si attirants soit-ils, "il ne faut pas rendre les écrans responsables de la sédentarité" estime François-Marie Caron. Les enfants ont des parents, qui peuvent jouer avec eux. Et en ce qui concerne les touts petits, le pédiatre estime de toutes façons qu' "un enfant de moins de trois ans n'a rien à faire devant un écran". 

Pour le pédiatre, ce ne sont pas les écrans mais l'utilisation qu'on en fait qui est mauvaise : "si on sait qu'un enfant d'un an, si on le met devant la télévision, ne va rien comprendre, il ne faut pas le mettre devant la télévision ! Bien sûr que ça va le calmer, mais ça n'est pas la question !"

Est-ce que les parents protègent trop leurs enfants ? Peut-être. On voit de plus en plus les parents s'inquiéter d'activités jugés dangereuses : élastique, vélo, rentrer seul chez soi. L'activité physique est vue aujourd'hui comme un risque potentiel. Pourtant, François Carré rappelle : "Un enfant qui tombe à vélo court moins de risques qu'un enfant qui reste devant la télévision. Ce n'est pas grave de tomber à vélo ; on est tous tombés !"

Quels sont les risques de la sédentarité ?

Une étude australienne publiée il y a cinq ans montrait que les enfants aujourd’hui courent moins vite et moins longtemps que leurs parents au même âge. En quarante ans, ils auraient perdu 25 % de leur capacité cardiovasculaire. En 1971, un enfant courait 800 mètres en trois minutes, contre quatre minutes aujourd’hui. La différence est énorme.

Ecoutez Mathieu Vidard résumer la situation :

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Les conséquences de la sédentarité sont nombreux : surpoids, stress, essoufflement, diabète, cancer...  François Carré souligne qu'en 2008, il y a eu plus de décès liés à l'inactivité physique et à la sédentarité (3,5 millions) que liés au tabac (3,1 millions)

Les bienfaits de l'activité physique ne concernent pas que le corps, mais aussi l'esprit : on considère aujourd'hui que le premier traitement de la dépression modérée, c'est de faire de l'activité physique

Un corps en meilleur santé, un esprit plus serein... et l'activité physique permet même de conserver tout cela plus longtemps, comme le cardiologue le souligne : "Notre capacité physique est le reflet de notre espérance de vie en bonne santé. Si nos enfants partent à 18 ans avec une capacité physique moindre que la nôtre, ils vont atteindre le niveau zéro plus tôt que nous".

Il faut qu'on prenne tous conscience que, quand on bouge, on s'occupe de notre santé. 

Bouger dès le berceau

Que recommandent ces directives canadiennes pour lutter contre la sédentarité auprès des 0 - 4 ans ?

  • 0 à 1 an

Ne rester qu'une heure assis à la fois. Si le bébé est assis, le mettre en interactivité avec les parents (lecture...). A cet âge-là, l'enfant est un aventurier, un explorateur. Utiliser beaucoup plus le tapis d'éveil et n'utiliser les moments assis que très peu de temps. Le mettre sur le dos, sur le ventre, l'interpeller... Le faire bouger. L'activité est très importante pour son développement psychomoteur mais aussi de la prévention pour la sédentarité plus tard. 

  • 1 à 4 ans 

Au moins trois heures d'activités par jour (avec toujours au moins une heure de jeu énergique à partir de 3 ans). Et cela ne veut pas dire "faites faire du sport à votre enfant" - juste, bouger. 

Et après 3 ans ?

L'activité physique est essentielle tout au long de la vie. François-Marie Caron explique : 

Quand vous restez assis 8 à 10 heures par jour, il faut 1h30 à 2h d'activité physique dans la même journée pour compenser les méfaits de la sédentarité. 

Cela peut être aussi de toutes petites choses : "Si vous marchez 2 à 3 mn toutes les heures, ça suffit". Le pédiatre propose quelques exemples d'astuces à mettre en place pour s'obliger à bouger régulièrement : 

  • ne pas téléphoner assis.
  • mettre sa poubelle loin de son bureau, pour être forcé de se lever pour aller jeter ses papiers
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