Un "poutinophile" à la tête de la diplomatie américaine
Donald Trump, président élu des États-Unis, a choisi Rex Tillerson pour le poste de secrétaire d’État. Un signal clair : le PDG d’ExxonMobil est aussi un grand ami de la Russie.
Donald Trump, qui constitue sa garde rapprochée, a choisi l’homme qui sera a la tête de la diplomatie américaine dès le 20 janvier prochain : Rex Tillerson, PDG du géant pétrolier ExxonMobil, où il a fait toute sa carrière depuis quatre décennies. Ce Texan de 64 ans à la carrure impressionnante, dirigeant puissant mais sans aucune expérience gouvernementale, est réputé dur en affaires. Ses liens étroits avec la Russie ont été sans doute déterminants dans sa nomination.
Sa ténacité, son expérience élargie et sa compréhension profonde de la géopolitique en font un excellent choix pour le poste de secrétaire d'État (Donald Trump, à propos de Rex Tillerson)
Publicité
Pas habitué des cercles diplomatiques, Rex Tillerson a néanmoins une grande expérience des relations internationales au plus haut niveau. Avec sa major pétrolière présente dans plus d'une cinquantaine de pays, Rex Tillerson a côtoyé de nombreux dirigeants mondiaux. Très présent en Amérique latine, il avait par exemple retiré Exxon du Venezuela à la suite de désaccords avec l'ex-président Hugo Chavez.
Une vieille "amitié" avec Vladimir Poutine
Rex Tillerson a fait la connaissance de Vladimir Poutine dans les années 1990, quand il supervisait un projet de la major américaine sur l'île de Sakhaline. Leurs liens ont été renforcés quand le président russe a pris le pouvoir après la démission de Boris Eltsine le 31 décembre 1999. Cette "amitié" sera couronnée par un accord historique signé en 2011 entre le géant énergétique public russe Rosneft et ExxonMobil pour explorer et forer ensemble l'Arctique et la Sibérie. Signe de la confiance entre les deux hommes : Rex Tillerson a reçu en 2013 des mains de Vladimir Poutine la décoration de l'ordre de l'Amitié russe.
A Moscou, les premiers réactions positives ont fusé : le Kremlin a salué un "professionnel" qui a de "bonnes relations de travail" avec Vladimir Poutine et les autres responsables russes. Le conseiller diplomatique du Kremlin reconnait même qu’il "a contribué activement à la coopération dans les affaires et tout le monde le connaît".
Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.
Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
Avec cette nomination, Donald Trump vise le réchauffement de relations russo-américaines, considérablement détériorées depuis l'invasion de la Crimée en 2014 par la Russie. Pour autant, si elle a été par exemple soutenue par l'ex-secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, cette décision n’est pas du goût de tous, y compris dans son camp :
►►►ÉCOUTER | "Je ne vois pas comment quiconque pourrait être l'ami de cet ancien du KGB", a déclaré le sénateur républicain John McCain, ex-candidat républicain à la Maison-Blanche en 2008 (traduction de Frédéric Carbonne)
Je ne vois pas comment quiconque pourrait être l'ami de cet ancien du KGB", a déclaré le sénateur républicain John McCain,
17 sec
Le dossier du nucléaire iranien et le climat
Ce patron de multinationale s'est beaucoup impliqué dans l'organisation des scouts américains. Il avait ainsi pesé sur la décision de cette organisation en 2013 d'accepter des jeunes ouvertement homosexuels dans ses troupes. Pour autant, et au-delà du rapprochement espéré avec la Russie, des dossiers sensibles l’attendent pour ce premier mandat : le nucléaire iranien (Donald Trump veut revoir l'accord de 2015 conclu entre l'Iran et les six grandes puissances), les relations tendues avec la Chine et la tragédie syrienne.
Sur la question du climat, Tillerson semble avoir une position plus nuancée que celle de Donald Trump. Sous sa direction, ExxonMobil a investi plus de 30 milliards de dollars dans l'extraction du gaz de schiste, mais le PDG du géant du pétrole s'est aussi prononcé en faveur d'une taxe carbone en 2009 alors que Trump s’y était opposé.