Dans sa tombe, découverte il y a deux ans, des objets très bien conservés qui témoignent des échanges entre le monde celtique et la Méditerranée. Ils sont en cours d'étude à Paris.
Il y a deux ans, à Lavau (près de Troyes, dans l'Aube), les archéologues de l'Inrap, intervenant avant l'extension d'une zone commerciale, mettaient au jour une tombe princière exceptionnelle du Vème siècle avant notre ère (autrement dit, le premier âge de Fer). L'homme, enterré là avec son poignard, son char et ses bijoux en or massif, témoigne des échanges entre le monde celte et la Méditerranée.
► SUR LE WEB | Le détail des fouilles sur le site de l'Inrap
Le prince de Lavau repose sur son char à deux roues, paré de ses bijoux, dont un torque, un collier rigide en or massif de 580g, et un bracelet à tête de cygne à chaque poignet. Dans sa tombe, les archéologues ont aussi trouvé une carafe grecque et un grand chaudron étrusque en bronze magnifiquement décoré, très bien conservés.
Pour Benoit Mille , archéométallurgiste au C2RMF (Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France), il s'agit "d'un très beau travail de sculpture, par une technique assez élaborée, la fonte à la cire perdue. On a quatre pièces qui permettaient de suspendre le chaudron, avec ce fameux dieu, Achéloos, qui est apparu très vite au moment de la fouille avec ses cornes, ses moustaches, sa barbe un peu fleurie... C'est un chaudron tout à fait exceptionnel."
Des objets au carrefour des cultures
Autre objet exceptionnel : une carafe à vin intacte sur laquelle figure Dyonisos, allongé sur une vigne. Un témoignage des échanges entre monde celtique et méditerranéen, cinq siècles avant Jésus-Christ, explique Bastien Dubuis archéologue à l'INRAP.
"C'est un objet à la rencontre des cultures. On est face à un objet grec, transformé avec des techniques plutôt étrusques, et qui supporte également un décor celtique. Il est à la rencontre de tous ces mondes."
Tous les objets de la tombe de Lavaud ne sont pas aussi bien conservés. Les trois quarts sont en fer ou bronze, des métaux abimés par le temps. S'ils ont été confiés au C2RMF, c'est parce qu'il dispose d'un plateau technique inégalé. Le chef adjoint du département recherche François Mirambet explique que "la difficulté, c'est que ce sont des objets sortis de fouilles. Pour certains, ils présentent des couches de corrosion importantes. Donc avant d'intervenir sur l'objet, on fait une radiographie, pour voir la quantité de matière qui n'est pas corrodée, et déterminer quelles seront les analyses et les travaux de nettoyage pour étude, pour sélectionner les zones bien précises où l'on fera les analyses."
Après restauration, les premiers objets seront exposés à Troyes l'an prochain.