Un tiers des fugues avérées de jeunes filles sont liées à la prostitution

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Un tiers des fugues avérées de jeunes filles sont liées à la prostitution

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Une centaine de jeunes filles qui se prostituaient ont été prises en charge par la fondation "Droit d'enfance" l'an dernier [photo d'illustration].
Une centaine de jeunes filles qui se prostituaient ont été prises en charge par la fondation "Droit d'enfance" l'an dernier [photo d'illustration].
© Getty - John Foxx

Un tiers des fugues avérées de jeunes filles sont liées à la prostitution, constate le numéro "116.000 Enfants disparus" dans son premier rapport, publié ce jeudi. Une centaine de cas ont été pris en charge l'année dernière par la fondation "Droit d'enfance".

Plus de 43.000 disparitions de mineurs ont été signalées l'année dernière en France. Une toutes les 12 minutes, révèle le numéro européen de soutien aux familles d'enfants disparus "116.000 Enfants disparus", géré par la fondation "Droit d'enfance", à l'occasion de la journée internationale des enfants disparus. Ces disparitions concernent des enlèvements parentaux mais aussi des fugues.

Un tiers des fugues avérées de jeunes filles sont liées à la prostitution. C'est une centaine de cas l'année dernière, pris en charge par le 116.000. Derrière ce numéro, des juristes et des psychologues suivent de près les familles.

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Un "lien entre les fugues à répétition et les situations de prostitution"

C'est le cas de cette maman d'une adolescente de moins de 15 ans, qui s'est retrouvée en situation de prostitution après avoir fugué à plusieurs reprises de son foyer. "Une situation familiale compliquée" selon la psychologue Alejandra Le Carroz, en contact régulier avec la maman. "Le père ne l'a jamais reconnue. À l'adolescence, elle s'est trouvée dans une souffrance telle qu'elle n'arrivait pas à le dire autrement qu'en fuguant et en se mettant dans des situations à risque comme la prostitution."

Aujourd'hui, la jeune fille va mieux. Elle a été mise à l'abri depuis une quinzaine de jours, à la campagne, où elle échange avec d'autres adolescents en difficulté. Pour Julien Landureau, le responsable du plaidoyer de la fondation "Droit d'enfance", c'est un cas classique : "On a repéré depuis plusieurs années ce lien entre les fugues à répétition et les situations de prostitution. C'est très difficile pour beaucoup de ces jeunes filles de verbaliser le fait qu'elles sont en situation de prostitution. Elles peuvent dire qu'elles font de l'escorting. La prostitution dans leur esprit, ce sont des femmes sur le trottoir et ce n'est pas ce qu'elles font."

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- Droit d'enfance

Julien Landureau prend ensuite l'exemple d'une autre adolescente. Elle rencontre un garçon plus âgé. Lui a 18 ans, elle en a 14. Elle va s'installer chez lui et puis au bout de plusieurs semaines, il faut payer le loyer. Il devient proxénète, elle est prostituée dans un cadre domestique sans nécessairement s'en rendre compte. Le phénomène est en pleine expansion pour plusieurs raisons, notamment l’accès au porno de plus en plus jeune, qui modifie le rapport au corps. La médiatisation de personnalités comme Zahia, qui ont réussi dans le cinéma après avoir pratiqué le sexe tarifé. Et bien sûr les réseaux sociaux, le terrain de jeu favori des proxénètes, pour entrer en relation avec leurs jeunes victimes.

Un rappel : en cas de fugue, deux numéros d'urgence : le 116.000 et le 119 dédié, lui à la prostitution des mineurs depuis le lancement en novembre 2021 du premier plan national de lutte contre le phénomène.