Une foule immense attendue aux obsèques d'Hugo Chavez
[scald=220553:sdl_editor_representation]par Daniel Wallis et Andrew Cawthorne
CARACAS (Reuters) - Une foule immense et plus d'une vingtaine de chefs d'Etat sont attendus ce vendredi pour les obsèques solennelles d'Hugo Chavez à Caracas, où des centaines de milliers de Vénézuéliens se pressent depuis deux jours pour défiler devant la dépouille de leur défunt président.
Personnage charismatique autant adulé par ses partisans qu'honni par ses adversaires, Hugo Chavez a succombé mardi à un cancer à l'âge de 58 ans.
Son corps va être embaumé puis exposé "pour l'éternité" dans un musée militaire, à l'image du traitement réservé à Lénine, Staline et Mao après leur mort.
Depuis mercredi soir, ses partisans ont envahi les places entourant l'académie militaire où son cercueil a été transporté après une longue procession empreinte de ferveur dans les rues de la capitale du Venezuela.
En pleurs ou faisant le signe de croix, plus de deux millions de personnes se sont déjà recueillies devant sa dépouille, qui restera ainsi exposée sept jours supplémentaires afin de permettre aux nombreux Vénézuéliens qui le souhaitent de lui rendre un dernier hommage.
"Toutes ces mesures sont prises afin que le peuple puisse être pour toujours avec son leader", a déclaré le vice-président Nicolas Maduro.
Ce dernier, qu'Hugo Chavez a désigné comme son successeur privilégié, va être officiellement nommé chef d'Etat par intérim après les funérailles de vendredi.
Il sera ensuite le favori de l'élection présidentielle censée être organisée dans un délai de 30 jours, même si des responsables vénézuéliens évoquent un possible report en raison de l'impréparation du pays, aussi bien sur les plans émotionnel que logistique.
En 14 années de présidence, Hugo Chavez a mis en oeuvre une "révolution bolivarienne" consistant en l'utilisation par l'Etat des richesses pétrolières du Venezuela pour la mise en oeuvre de mesures sociales en faveur des classes populaires.
Cette politique, dénoncée comme un gâchis par l'opposition, s'est accompagnée d'une rhétorique ouvertement hostile aux Etats-Unis et au libéralisme économique, ce qui en a fait le chef de file charismatique d'une partie de la gauche latino-américaine.
LA FRANCE REPRÉSENTÉE PAR VICTORIN LUREL
Le président équatorien Rafael Correa, la présidente brésilienne Dilma Rousseff accompagnée de son prédécesseur Luiz Inacio Lula da Silva et le dirigeant cubain Raul Castro se trouvent ainsi à Caracas ce vendredi.
"Le plus important, c'est qu'il est parti invaincu", a dit Raul Castro, en allusion aux quatre victoires d'Hugo Chavez dans des élections présidentielles, la dernière en octobre.
"Il était invincible. Il est parti victorieux et personne ne peut le lui retirer. C'est gravé dans l'Histoire", a ajouté le dirigeant cubain.
La présidente argentine Cristina Fernandez, une amie proche, a été l'une des premières responsables à se rendre au Venezuela après l'annonce de la mort d'Hugo Chavez. Elle est repartie jeudi à Buenos Aires et n'assistera pas aux obsèques, rapportent les médias argentins.
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, allié d'Hugo Chavez dans son hostilité aux Etats-Unis, est attendu à la cérémonie.
Une délégation américaine devrait aussi être présente.
La France sera représentée par son ministre des Outre-Mer, Victorin Lurel.
Hugo Chavez n'a jamais précisé la nature de son cancer, diagnostiqué une première fois en 2011. Régulièrement soigné à Cuba, il a été rapatrié au Venezuela le 18 février.
Selon une source gouvernementale, il a plongé dans le coma lundi avant de s'éteindre le lendemain. Le cancer s'était propagé aux poumons, selon cette même source.
Si elle respecte avec discrétion la peine des "chavistes", l'opposition espère cependant que la "révolution bolivarienne" disparaîtra avec Hugo Chavez.
Pour ses adversaires, le défunt président était un autocrate cherchant à étouffer toute voix discordante.
Selon des sources au sein de l'opposition, celle-ci s'est entendue pour soutenir une nouvelle fois la candidature unique de Henrique Capriles lors du prochain scrutin présidentiel. Avec 44% des suffrages lors de l'élection d'octobre dernier, le gouverneur de l'Etat de Miranda a réussi le meilleur score jamais obtenu par un candidat opposé à Hugo Chavez.
Bertrand Boucey pour le service français