La mer d'Aral, à cheval entre le Kazakhstan et l'Ouzbekistan, avait perdu 75% de sa superficie en 50 ans. Grâce à un barrage, le niveau de l'eau remonte petit à petit.
La mer d'Aral est-elle en train de ressusciter ? En 50 ans, cette gigantesque étendue d'eau, qui représente deux fois la taille de la Belgique, avait quasiment disparu : elle avait perdu 75% de sa superficie et 90% de son volume, ce qui avait augmenté fortement la salinité de l'eau et tué quasiment toute forme de vie. En cause, l'irrigation intensive des champs de coton décidée par l'URSS dans les années 1960, irrigation qui a pendant un demi-siècle asséché la mer d'Aral. Deux affluents de la mer d'Aral sont ainsi détournés pour irriguer les cultures.
Mais en 2005, dans un ultime effort pour tenter de sauver une partie du lac, le Kazakhstan construit un barrage entre la partie nord et la partie sud de la mer d'Aral. Le barrage condamne ainsi la partie sud de la mer, jugée impossible à sauver, à un assèchement certain. Mais la partie nord, elle, commence à revivre.
Pierre Chevallier est hydrologue à l'Institut de recherche pour le développement (IRD) : "L'idée, ce n'était pas de reconstituer la mer telle qu'elle était avant 1950, mais réhabiliter la biologie. Dans la pratique, nous avons diversifié les cultures, et favorisé celles qui sont moins gourmandes en eau par rapport au coton. Il y a des oiseaux qui reviennent pour nidifier". Dans le nord, le niveau de la mer est remonté de six mètres. En quatre ans, l'eau a regagné 30% de sa surface, soit plus de 10 milliards de mètres cubes. Et quinze espèces de poissons ont aussi fait leur retour.
Il aura fallu pour cela une volonté politique, et des bailleurs de fonds internationaux qui ont déboursé des dizaines de millions de dollars pour sauver la mer d'Aral. Une mer qui ne retrouvera jamais sa surface initiale de 67 000 km², mais qui revit petit à petit.