Vaccination des soignants, pass sanitaire : ce qu'a dit Emmanuel Macron
Par Xavier Demagny
Le chef de l'État a annoncé, dans une allocution télévisée lundi soir, l'obligation vaccinale pour les soignants et l'extension du pass sanitaire, face à la nouvelle hausse des contaminations au coronavirus.
Le variant Delta vient contrarier la reprise, deux mois et demi après l'annonce du déconfinement. Dans une allocution télévisée, diffusée lundi soir à 20 heures, Emmanuel Macron a annoncé l'instauration d'une obligation vaccinale contre le Covid-19 pour tous les personnels soignants (mais aussi des professionnels en contact avec des personnes fragiles) ainsi que l'extension du pass sanitaire à un champ plus large d'événements et de lieux, alors que le nombre de nouveaux cas de coronavirus continue de ré-augmenter ces derniers jours. Il a également évoqué la réforme des retraites et la situation économique française dans ce contexte de crise sanitaire.
"Si nous n'agissons pas dès aujourd'hui, le nombre de cas augmentera considérablement et entraînera des hospitalisations en hausse dès le mois d'août", a estimé le chef de l'État. "Nous avons, pour faire face à cette nouvelle donne, un atout maitre, le vaccin", a-t-il poursuivi, rappelant que "tous les vaccins disponibles en France nous protègent contre le variant Delta", divisant "par 12" les contaminations et évitant "à 95%" les formes graves.
Ces deux mesures doivent faire l'objet d'un projet de loi, avec l'objectif qu'il soit voté définitivement par l'Assemblée nationale et le Sénat d'ici la fin du mois de juillet. Le Conseil d'État doit aussi être saisi, avant une présentation en Conseil des ministres le 19 juillet, un dépôt en commission des lois le 20 juillet et un débat en séance à l'Assemblée nationale le 21 juillet.
"J'ai conscience de ce que je vous demande"
Le chef de l'État a appelé les Français à "un été de mobilisation pour la vaccination", souhaitant qu'un "maximum" de personnes se vaccinent partout en France. "Nous devons aller vers la vaccination de tous les Français, c’est le seul chemin vers le retour à la vie normale", a-t-il jugé.
Dans les faits, au 15 septembre, toutes les personnes au contact des plus fragiles devront être obligatoirement vaccinés. Il s'agit, en détail, des soignants et non-soignants des hôpitaux, cliniques, maisons de retraite, établissements pour personnes en situation de handicap. Mais aussi des professionnels ou bénévoles qui travaillent au contact des personnes âgées ou fragiles, y compris à domicile. "J'ai conscience de ce que je vous demande", a poursuivi Emmanuel Macron, s'adressant au personnel soignant, expliquant qu'a partir du 15 septembre, "des contrôles seront opérés et des sanctions seront prises" pour celles et ceux qui n'auraient pas effectué leur vaccination.
Actuellement, encore 1,4 million de professionnels, qui ne sont pas encore vaccinés, sont concernés par cette obligation. Les soignants non vaccinés au 15 septembre "ne pourront plus travailler et ne seront plus payés" a précisé dans la soirée Olivier Véran, le ministre de la Santé.
Pour le reste de la population, le chef de l'État repousse l'échéance en misant sur la responsabilité de chacun :
"Nous devrons nous poser la question de la vaccination obligatoire pour tous les Français, mais je fais le choix de la confiance."
Le chef de l'État a également précisé que les collégiens, lycéens, étudiants vont bénéficier de campagnes spécifiques dans les établissements scolaires à la rentrée. Les premiers à avoir été vaccinés (en janvier, en février) pourront bénéficier d'un rappel vaccinal, à partir "des premiers jours du mois de septembre".
"Faire porter les restrictions sur les non-vaccinés"
En complément de la vaccination, de nouvelles mesures de restrictions ont été décidées. L'état d'urgence sanitaire va être réinstauré en Martinique et à La Réunion à partir de mardi. Des mesures seront prises dans les départements qui verraient leurs hospitalisations augmenter et l'incidence dépasser les 200 nouveaux cas hebdomadaires pour 100 000 habitants.
Mais le chef de l'État précise vouloir "reconnaître le civisme" des Français déjà vaccinés et à l'inverse "faire porter les restrictions sur les non-vaccinés". Dès le 21 juillet, le pass sanitaire (test négatif ou attestation de vaccination) sera étendu à tous les lieux de loisirs et de culture rassemblant plus de 50 personnes. Les cafés, les restaurants, les centres commerciaux, les hôpitaux, les maisons de retraite et établissements médico-sociaux seront aussi concernés à partir du début du mois d'août, même si les contours précise de cette mesure ne sont pas encore définis. De même pour les voyages en avion, train et car pour les trajets de longue distance.
Cet automne, les tests PCR dits "de confort" seront rendus payant, a également précisé Emmanuel Macron, sauf prescription médicale, "pour encourager la vaccination plutôt que la multiplication des tests".
Développement du variant Delta
Ces dernières semaines, le variant Delta (apparu en Inde) a pris le pas sur le variant Alpha (apparu au Royaume-Uni), devenant même majoritaire en France. 60% contagieux que les autres mutations du Covid-19, ce variant entraine une hausse du nombre quotidien de nouveaux cas, avec plus de 4000 cas recensés chaque jour. Elles pourraient monter "au-dessus de 20.000 début août si nous n'agissons pas", a mis en garde dimanche le ministre de la Santé Olivier Véran.
Les nombreux appels à se faire vacciner lancés par le chef de l'État ont eu un écho puisque, lundi soir, le site Doctolib a fait face à une vague de connexion rendant difficile la prise de rendez-vous. "17 000 rendez-vous pris toutes les minutes" avaient lieu autour de 20h30, au terme de l'allocution présidentielle, a indiqué le site sur son compte Twitter.