"Vaccination obligatoire", à Marseille, une vieille affiche d’une campagne gouvernementale de 1905 retrouvée
Par Victor VasseurComme un clin d’œil à l’actualité. À Marseille, un collectionneur a mis la main sur une ancienne affiche datant de 1905. À l’époque, le gouvernement avait rendu la vaccination obligatoire pour lutter contre la variole.
"Vaccinations et revaccinations obligatoire" peut-on lire en lettres majuscules en tête de l’article. Cette affiche signée par le maire d’Albanne en Savoie date du 28 mai 1905. Elle a dû fleurir sur les murs de tout le pays à cette période-là pour lutter contre la variole. Elle impose la vaccination antivariolique à tous les enfants de plus de trois mois et tous les adultes. Repérée par France 3, cette affiche vient d’être achetée par un bibliophile et collectionneur marseillais, Paul Recours.
Cette affiche, "une pièce versée au débat"
"Quand je l’ai reçu, j’ai été surpris par la qualité de cette affiche, son excellent état de conservation, elle a tout de même 120 ans. C’est rarissime" raconte cet ancien psychiatre de 76 ans, interrogé par France Inter. Une affiche qui résonne avec l’actualité, entre l’instauration de pass vaccinal dans quelques jours et le rebond de l’épidémie de Covid-19.
Paul Recours ne veut pas prendre parti, mais voit cette affiche comme "une transmission", "une pièce versée au débat. Je vais montrer comment le gouvernement réagissait face à une épidémie en 1902". L’ancien médecin voit des liens entre cette affiche d’hier et ce qui se passe aujourd’hui : "Il y avait déjà à l’époque des situations similaires pour lesquels il fallait prendre des décisions qui ne sont pas évidentes ou pas faciles à prendre."
Vu le ton de l’affiche, il devait déjà y avoir des gens très récalcitrants, un peu comme maintenant. Ça donne à réfléchir, cela montre qu’il ne faut pas avoir des réactions passionnelles.
La loi promet une amende à toutes les personnes non-vaccinés, "un procès-verbal sera dressé". Au pied de l’affiche, on peut lire : "Seront punis d’une amende de 100 francs à 500 francs en cas de récidive, et jusqu’à 1000 francs, tout ceux qui auront mis obstacle à l’accomplissement des devoirs des maires."
D'après des archives de la Bibliothèque nationale de France : "Le premier vaccin, celui employé contre la variole depuis le début du XIXe siècle, n’est devenu obligatoire pour toutes et tous qu’en 1902."
Plusieurs doses de rappel
"On ne saurait trop engager les habitants à profiter de l'occasion qui leur est ainsi offerte de renouveler l'effet salutaire du vaccin" conseille le gouvernement. Cette affiche rappelle aussi qu’il était déjà question de plusieurs injections, pour mieux protéger contre le virus, "au cours de la 11e et la 21e année". Et encore une fois, comme un écho au débat d’aujourd’hui concernant l’efficacité de la vaccination, il est écrit : "La vaccination pratiquée à 21 ans ne constitue par un gage de préservation assurée contre la variole pour le reste de l’existence."
"Je me dis que c’est extraordinaire, à 120 ans d'écart, que l'on se retrouve confronté aux mêmes situations et aux mêmes réactions" conclut Paul Recours.