
En France, il faut en moyenne trois mois d'attente pour obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologiste, avec de fortes disparités selon les régions. Pour faire plus court, la profession propose de déléguer une partie de son travail aux orthoptistes.
Dès le mois de janvier, la profession des opticiens-optométristes avait interpellé le gouvernement pour lui demander de leur laisser vérifier la vue de tous les Français, mettant en avant des délais d'attente "tout bonnement ahurissants" pour les patients d'ophtalmologistes.
Ces délais, justement, atteignent souvent plusieurs mois, et jusqu'à un an et plus dans certaines régions particulièrement dépourvues, alors que le nombre des ophtalmologistes devrait se réduire dans les cinq prochaines années, de 10 à 15% de spécialistes.
Des résultats encourageants
Le fait de déléguer une partie du travail aux orthoptistes se pratique déjà depuis quelques années, mais la tendance est très nette depuis trois ans. En 2015, 30% des ophtalmos déléguaient une partie de la consultation, puis 60% en 2018, ce qui a déjà eu pour conséquence de limiter les délais d'attente dans des cabinets débordés par la demande. En 2025, 80% des ophtalmologistes français devraient se faire aider.
Optométriste et orthoptiste contre ophtalmologiste : quelle différence ?
Les optométristes exercent généralement comme lunettiers-opticiens, tout comme des orthoptistes, formés à bac+3. L'optométrie n'est pour l'instant pas une spécialité reconnue en France, bien qu'elle donne les compétences pour diagnostiquer la correction, mais aussi dépister des pathologies de la vision.
La loi prévoit déjà que les ophtalmologistes puissent confier à un orthoptiste, salarié ou libéral, les renouvellements de lunettes et lentilles pour les cas les plus simples (personnes âgées 6 à 50 ans sans problème de santé). Seul problème : les ophtalmologistes restent encore les seuls à pouvoir écrire l'ordonnance.
Les nouvelles missions de l'orthoptiste
Cette fois, l'orthoptiste pourra réaliser l'entretien avec le patient, les tests visuels, les photos de la rétine, prendra la tension oculaire, tandis que l'ophtalmologiste sera déchargé de ces tâches et ne fera qu'une lecture finale de la consultation. A terme, sur des cas simples, l'orthoptiste pourra même être totalement seul, à distance, pour transmettre ensuite ses données à un ophtalmologiste, même si son cabinet se trouve à des centaines de kilomètres (par télémédecine). Des créneaux de rendez-vous seront dégagés dans des maisons de santé pour ces orthoptistes missionnés, avec un seul tarif de base, pas plus cher qu'avant : 28 euros sans dépassement d'honoraires.
Ces derniers rappellent quand même que, pour réduire les délais d'attente, il n' y a pas que l'organisation, mais qu'il faut aussi des professionnels. Pour bien faire, il faudrait chaque année former 240 ophtalmologistes au lieu de 150, et 500 orthoptistes au lieu de 400, puisque la demande de consultation a quadruplé depuis 30 ans.