Vers un effort budgétaire sans précédent (et sans contestation) au profit des armées

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Vers un effort budgétaire sans précédent (et sans contestation) au profit des armées

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Défilé militaire du 14 juillet 2022 sur les Champs-Élysées
Défilé militaire du 14 juillet 2022 sur les Champs-Élysées
© Maxppp - LP/Olivier Arandel

La loi de programmation militaire 2024-2030 arrive en discussion à l'Assemblée ce lundi. Elle prévoit 413 milliards d'euros sur les sept prochaines années, un effort sans précédent... Et surtout un effort très peu contesté politiquement.

Avec cette loi, le budget des armées passera à quelque 60 milliards d'euros par an en moyenne, contre 44 milliards actuellement.

Cela inclut bien sûr le lancement de programmes lourds (et donc chers) comme le porte-avion de nouvelle génération... Mais pratiquement tous les secteurs des armées françaises devraient voire abonder qui ses matériels, qui ses capacités ou encore ses effectifs - le budget des services de renseignement, par exemple, devrait être doublé.

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En termes d'efforts budgétaire, le premier poste reviendra toutefois à ce que l'on appelle le "maintien en condition opérationnelle" des matériels et équipements, avec 49 milliards d'Euros programmés sur la période : une augmentation de 40% par rapport à la précédente loi. Il s'agit en effet non seulement que les armées soient correctement dotés en armes et matériels, mais que ceux-ci puissent durer, être réparables, plus faciles d'entretien et disponibles en continu, y compris en cas de conflit ouvert de haute intensité.

Pour les mêmes raisons, le budget consacré aux munitions se monte à 16 milliards sur la période ; il va falloir reconstituer et même simplement constituer des stocks, aujourd'hui parfois inexistants. La loi prévoit également un doublement de la réserve opérationnelle, ces 40.000 soldats, marins ou aviateurs qui n'exercent leur "métier des armes" qu'à temps partiel.

Un large consensus, y compris dans l'opposition

Il y aura deux semaines de débat sur ce futur nouveau budget des armées à l'Assemblée nationale... Mais il semble faire l'objet d'un large consensus malgré ses chiffres mirobolants, et susciter très peu de contestation dans la classe politique. Bref, ce n'est pas autour de cette loi que l'on entendra le plus d'éclats de voix, dans l’hémicycle.

Même si le député LFI Aurélien Saintoul dit regretter une absence de vision à long terme, qui projetterait les armées françaises dans l'après-pétrole, il salue lui-même des débats qui ont déjà été sereins et utiles, ces derniers jours en commission. "C'est pas un sujet parmi les autres, la défense", rappelle-t-il. "Si le pays devait se retrouver face à une crise très grave, voire à une guerre, il ne pourrait pas se permettre de disparaître. Il faut que les moyens suivent."

Pas question donc de remettre en cause ces 413 milliards, encore moins de les mettre en balance avec les 12 milliards de la réforme des retraites. En pleine guerre sur le sol européen, les adversaires d'Emmanuel Macron peuvent-ils vraiment s'y opposer ?

Le RN de Laurent Jacobelli, s'il critique notamment la "défense européenne" chère au président, adopte aussi une posture qui se veut responsable : "Je crois que les hommes et les femmes qui composent nos armées nous regardent", estime-t-il. "Il y a là, au-delà des critiques habituelles d'une opposition envers le gouvernement, un devoir de citoyen qu'a chaque député de préparer la défense de la France."

Marine Le Pen proposait d'ailleurs peu ou prou la même trajectoire budgétaire, dans son programme présidentiel. Le gouvernement ne devrait donc pas avoir trop de mal à faire passer son texte.