Donald Trump a accepté de participer à un sommet historique avec le leader nord-coréen Kim Jong-un. Il s'agit d'un rebondissement spectaculaire dans l'un des conflits les plus épineux du globe. Trump deviendrait le premier président en exercice à rencontrer un dirigeant nord-coréen.
Impensable il y a quelques semaines, cet accord de Trump intervient après deux années de très vives tensions entre Washington et Pyongyang liées aux programmes nucléaire et balistique nord-coréens. Et le message de la Maison-Blanche ne laisse pas de doute :
Le leader nord-coréen a fait part de son désir de rencontrer le président Trump le plus vite possible. Le président Trump a dit qu'il rencontrerait Kim Jong un d'ici à la fin mai pour parvenir à la dénucléarisation permanente.
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Plus de "Rocket Man" ?
La décision de Donald Trump est une évolution de taille quand on sait que le président américain qualifiait il y a peu le leader nord-coréen de 31 ans de "petit homme fusée" et de "petit gros", tandis que ce dernier traitait l'occupant de la Maison-Blanche de "malade mental gâteux".
La Chine et la Russie satisfaites
La Chine et la Russie ont salué ce vendredi l'annonce de la future rencontre.
Donald Trump, a salué de son côté de "grands progrès sur le dossier nord-coréen", insistant sur le fait que l'homme fort de Pyongyang avait parlé de "dénucléarisation", pas seulement d'un "gel des activités nucléaires". "Mais les sanctions demeureront jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé" :
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De son coté, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) souhaite que l'annonce d'une rencontre débouche sur des "progrès concrets" dans le dossier nucléaire et sur une possible reprise de ses inspections en Corée du Nord. Dans une déclaration, l'Agence écrit :
L'AIEA suit de près les récents développements liés au programme nucléaire de la Corée du Nord.
Quand, où, comment ?
Selon le président sud-coréen Moon Jae-in :
La rencontre de mai restera comme le tournant historique qui a permis de réaliser la paix sur la péninsule coréenne.
L'annonce s'inscrit dans le cadre d'une remarquable détente sur la péninsule depuis que Kim Jong-un a annoncé qu'il enverrait une délégation aux jeux Olympiques d'hiver de Pyeongchang, présentés comme les JO de la Paix.
- Quand ?
La rencontre aura lieu sans doute d'ici à la fin du mois de mai si l'on se fie aux annonces de la nuit, en tous cas pas avant l'autre sommet, lui aussi historique, et du coup un peu éclipsé, qui doit se tenir entre le nord et le sud au mois d'avril. Nord et Sud ont en effet décidé, selon Séoul, de la tenue fin avril d'un troisième sommet intercoréen qui aura lieu dans le village de Panmunjom, au milieu de la zone démilitarisée. En effet, après deux années de montée des tensions, ces deux derniers mois ont été marqués par une frénésie diplomatique entre le nord et le sud de la zone démilitarisée. Ultime illustration en date, la visite au nord en début de semaine d'une éminente délégation sud-coréenne, pour la première fois en dix ans.
- Où ?
Le lieu de la rencontre Trump et Kim sera délicat à trouver : ni Washington, ni Pyongyang, ni Séoul ou Tokyo, trop marqués. Pékin ou Genève, possible, si la médiation d'un pays tiers est jugée nécessaire : après tout, dans l'Histoire, Camp David pour Israël-Palestine ou Rambouillet pour les Balkans ont été utiles. Au large ? Pas impossible, mais plus sûrement sur la zone démilitarisée entre les deux pays, la sécurité est assurée, l'accès facile et les infrastructures existantes. Le plus problématique, c'est comment ? En catimini ou en grande pompe, l'égo des deux leaders qui se poseront l'un et l'autre comme des faiseurs de paix plaide plutôt pour la parade !
- Comment ?
Maintenant que le sommet est annoncé, il va falloir le préparer – en général c'est plutôt dans l'autre sens – et si Pyongyang ne manque pas de diplomates chevronnés, la Maison-Blanche est en pleine hémorragie d'experts. Le représentant spécial pour la politique nord-coréenne vient de quitter son poste et le nouvel ambassadeur des États-Unis a Séoul n'a toujours pas été désigné.
Dans cette affaire, c'est Kim Jong-un qui semble maître des horloges. A coup d'essais nucléaires, de tirs de missiles et de provocations, le leader nord-coréen, à la tête d'un pays exsangue, s'est façonné une image d'homme puissant et incontournable sur la scène internationale. Il a vendu un peu de vent nucléaire, il a utilisé la vanité de Donald Trump comme le ferait un judoka, au point d'amener l'Américain à réaliser le rêve de la dynastie nord-coréenne depuis vingt ans : un sommet avec un président des États-Unis. Et que donne-t-il en échange ? Pas grand chose ! L'éventuelle promesse d'arrêter la course au nucléaire. Mais comme le développement des armes est achevé, ou quasiment, ça ressemble plus à de l'esbrouffe qu'à autre chose.
► ECOUTER | Les explications de Luc Lemonnier
Les explications de Luc Lemonnier
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