Et si l’inflation revenait ? L’inflation, c’est comme le pal… Au début c’est bon, mais... Qui a intérêt à ce que l’inflation ne revienne jamais ? Les détenteurs de capitaux. Tous les économistes libéraux (tous les économistes autrement dit) sont farouchement opposés à l’inflation. La premlière chose que fit Barre, le meilleur économiste de France et des environs en arrivant au gouvernement, fut de s’attaquer à l’inflation. Trichet n’existe que pour lutter contre l’inflation et préserver la valeur de la monnaie. Récemment encore il estimait que 2% était le maximum « tolérable » (sic) en termes de hausse des prix... Curieux cet attachement forcené des adeptes du marché libre à la fixité des prix... Barre lutta contre l’inflation en faisant passer les taux d’intérêt servis par l’Etat sur les emprunts au dessus du taux d’inflation. Ainsi les épargnants étaient à nouveau récompensés et les emprunteurs pénalisés. Jusqu’alors c’était les épargnants qui étaient pénalisées et les emprunteurs favorisés. Depuis que les emprunts d’Etat ne sont plus offerts directement par l’Etat aux citoyens mais passent par des intermédiaires bancaires, qui se servent grassement au passage, les taux d’intérêts ont toujours été au dessus du taux d’inflation : les emprunteurs sont pénalisés, les rentiers favorisés. L’inflation ruine les rentiers et favorise les emprunteurs. C’est ainsi que des générations purent accéder à la propriété pendant les Trente glorieuses : les emprunts souscrits ne valaient plus rien au bout d’une dizaine d’années. Aujourd’hui, personne sauf à être très riche ou se saigner toute une vie ne peut accéder à la propriété. D’autant que le capital immobilier prend de la valeur : mais ça n’est pas considéré comme de l’inflation par les Trichet et les autres. Ca c’est bien. C’est comme la hausse de la Bourse : ce n’est pas de l’inflation, mais de la bonne affaire pour les capitalistes (et pourtant, comme la hausse immobilière, c’est de l’inflation : les actifs sont plus chers et il est plus difficile de les acquérir). L’inflation favorise les emprunteurs (les entrepreneurs et les ménages qui veulent se constituer un patrimoine immobilier) mais elle réduit le pouvoir d’achat des ménages. Donc c’est mauvais. En ce moment, l’inflation est inférieure à 2% en France, mais c’est un trompe l’œil ; la hausse des prix est faible parce que le prix des biens dits de luxe (l’électoménager, les portables, les abonnements internet, les écrans plats... ) diminue. Mais le prix des biens de base (pates, pain, biens alimentaires, essence, énergie...) augmente. De sorte que le pouvoir d’achat des plus pauvres (ceux qui ont une grosse part de leur budget dans l’agroalimentaire) diminue. Voila donc le nœud du problème : l’inflation défavorise les rentiers, mais défavorise également les salariés ! Que faire ? La réponse est évidente : indexer les salaires sur l’inflation. Faire en sorte que les salaires suivent les prix, de sorte que le salaire réel, lui, le pouvoir d’achat ne bouge pas, voire augmente. C’est ce qui se passe en période de plein emploi : les salariés ont une capacité de négociation qui leur permet d’aligner leurs salaires sur les prix ou mieux. C’est pourquoi a contrario les rentiers sont pour le chômage, et même pour un fort chômage, qui casse la dynamique des salaires et tue l’inflation (les entreprises ne répercutent plus les hausses de salaires sur les prix). Il faut revenir à la période pré-Mauroy, de l’échelle mobile des salaires. Mais alors, dira-t-on, vous allez tuer la compétitivité ! Réponse : la compétitivité qui est fondée sur la diminution du pouvoir d’achat des salariés et sur le chômage n’est pas de la compétitivité, mais, au contraire, la ruine à terme d’une économie. La compétitivité c’est la productivité du travail, le travail payé à sa productivité, et la qualité du travail et des produits. La compétitivité fondée sur le chômage et la diminution de la masse des salaires est une fausse compétitivité. Oui, mais la Chine... C’est vrai. Les salariés qui achètent massivement en Chine accroissent leur pouvoir d’achat et tue en même temps leur capacité de production. Solution ? Aller là où les Chinois ne sont pas encore ; la production de services de santé par exemple. La morale de l’histoire c’est que la pression sur les salaires n’améliore pas la compétitivité, au contraire.