"We Are City Plaza" : un atelier photo en Grèce pour permettre aux réfugiés de documenter leur vie
Par Margaux DuquesneDans le cadre d'un atelier photo à l'hôtel City Plaza situé à Athènes, une structure auto-gérée qui accueille des réfugiés, des appareils photo sont distribués aux résidents.
Accueillir les réfugiés autrement. C'est dans cette optique qu'est né le projet "We Are City Plaza", un hôtel situé dans le centre d'Athènes, en Grèce. Auparavant abandonné, il a repris vie grâce à un groupe d'activistes voulant proposer des alternatives aux solutions gouvernementales trop précaires d'accueil des réfugiés. En avril 2016, ces militants-citoyens passent une semaine à nettoyer les lieux pour permettre à cet hôtel d'ouvrir ses portes à des réfugiés venus de Syrie, d’Afghanistan, d’Iran, d’Irak, de Palestine, du Pakistan, du Ghana...
L'hôtel, qui est plutôt une structure auto-géré et auto-organisée, est aujourd'hui habité par plus de 400 personnes, dont 150 enfants. Chaque jour, trois repas par jour sont proposés, ainsi que des soins médicaux, une école, des ateliers, une cafétéria, un salon de coiffure... Ce lieu de vie vise à offrir dignité et espoir aux réfugiés qui fuient la guerre et la pauvreté.
Dans ce cadre atypique, des ateliers photographiques menés par Xiaofu Wang et Claude Somot sont proposés afin de permettre aux réfugiés de documenter leur vie. L'idée est simple : donner des appareils photos aux résidents du City Plaza. Ainsi, ils peuvent s'exprimer en images, l'objectif étant aussi de porter leur voix et leur regard au-delà du Plaza.
Samir - Iran
"Je vis à City Plaza depuis plus de six mois. J'adore ! J'aime bien les bénévoles qui viennent aider les réfugiés ici. J'aime Refo et Jojo, ils m'ont appris à jongler. J'adore jouer au foot, faire de la guitare et du piano. J'aime bien la nouvelle salle de jeux."
Anna - Etats-unis
"Je n'ai jamais vraiment apprécié les regroupements de personnes, qu'ils soient politiques ou idéologiques, ayant toujours pensé que c'était une façon assez mesquine de se mettre en valeur les uns les autres sans qu'il y ait de place pour la différence."
Pour la première fois de ma vie je fais partie d'une communauté à laquelle je suis fière d'appartenir car les différences ne sont pas seulement acceptées, elles sont aussi encouragées et célébrées.
Jack - Ghana
"Je vis maintenant en Grèce et je suis un artiste. J'adore la photo et j'ai rassemblé les meilleurs moments passés avec mes amis ici, à City Plaza, qui est ma maison en tant que réfugiés et bénévole. C'est un endroit qui mérite d'être connu."
Je ne peux pas en dire beaucoup plus, mais tout ce que je peux dire c'est "venez voir par vous-même".
Dunia - Iran
Dunia a la réputation de tout casser... L'un des bénévoles lui avait confié un stylo auquel il tenait beaucoup. Dunia l'a d'abord cassé en deux avant de le démonter entièrement sous ses yeux. Pour l'atelier photo, on lui a quand même confié un appareil photo ("On a décidé de tenter quand même, juste pour voir"). Les photographes porteurs du projet lui ont confié un petit compact numérique sans grande valeur. Dunia l'a rendu à l'heure et en un seul morceau. Elle a donc pu en utiliser d'autres.
Jamie - Écosse
"Ce n'est pas la première fois que j'aide des gens à apprendre une nouvelle langue, mais c'est la première fois que je le fais avec mes chaussons aux pieds. C'est aussi la première fois que je vois dans la même salle un Syrien, un Afghan et un Irakien. Ils m'ont raconté leur vécu de la guerre, leurs peurs et leurs espoirs. L'ironie est que je suis venu pour enseigner et au final, c'est moi qui apprend."
Nous n'avons aucune différence, les gens peuvent toujours essayer de nous faire croire le contraire. Nous ressentons la douleur des autres. Nous rions même des mêmes blagues."
Abbas - Afghanistan
Abbas est un adolescent très volontaire : il aide beaucoup au bar de l'hôtel et participe aux tâches courants que les résidents doivent accomplir. City Plaza l'a beaucoup transformé. Il est arrivé très timide, fatigué et méfiant avant de reprendre confiance en lui, de sociabiliser et d'apprendre à parler presque parfaitement l'anglais.
Voir aussi ce documentaire tourné en juillet 2016 sur cette expérience d'auto-gestion :
- Le site du projet
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