WhatsApp, courriels, SMS, Messenger... : comment gérer les excès de communication en temps de confinement
Par Christine SiméoneVoici, en accès libre le guide "Halte à la sursollicitation numérique". Rédigé par une équipe de psychologues et chercheurs en sciences de l'information, il nous explique comment supporter les centaines de stimuli numériques que nous impose le confinement.
Ce livre permet de s'interroger sur sa propre situation. Est-ce que je reçois trop de courriels, quel ton j'emploie dans mes messages écrits, à quel moment ma concentration est-elle entravée et dérangée par les sollicitations numériques extérieures ? Il permet aussi de trouver des modes d'organisation pour éviter d'être submergé, noyé dans les détails, et enseveli dans un flot d'informations qui n'ont pas de lien entre elles. Ce guide est en accès libre, consultable par tous, gratuitement.
Les signaux de la surchauffe
Le zapping relationnel et le multitasking : voilà quelques gros mots que tout un chacun pourra reconnaître facilement. Ils sont plus que jamais d'actualité pour ceux qui travaillent chez eux et surveillent les devoirs des enfants en même temps. Ce sont les plaies du moment, tant ils nous interdisent de réfléchir plus de deux minutes sur le même sujet.
En ce moment, c'est donc répondre à un WhatsApp de sa directrice, ne pas louper l'envoi des devoirs par la maîtresse, surveiller une réponse attendue en provenance d'un collègue pour un travail en commun, recevoir un courriel de la banque, et se demander s'il est vraiment important, et se voir notifier une newsletter à laquelle on est abonné.
Si en plus, en fond sonore, vos enfants font défiler des vidéos sur Youtube, votre conjoint écoute les infos parce qu'Édouard Philippe va peut-être dire quelque chose d'important, et vos vieux parents téléphonent de l'autre bout de la France, car il est important de savoir comment ils se portent, chaque minute de confinement peut facilement virer au cauchemar communicationnel. Nous sommes confinés, mais submergés par le brouhaha numérique incessant.
"Les outils numériques par lesquels transitent les informations urgentes se retrouvent très rapidement au centre de l’attention et accaparent une grande partie, voire toutes les ressources intellectuelles disponibles au détriment des capacités individuelles de stratégie et de planification de l’activité", expliquent les auteurs du guide Halte à la sursollicitation numérique. Ils se proposent donc de vous aider à reprendre le pouvoir.
Burn out, épuisement émotionnel et maladies au programme
Votre patron vous écrit ? Attention. "Les informations diffusées par la hiérarchie sont généralement associées à une charge émotionnelle (ou au moins attentionnelle) supérieure à la normale", explique les auteurs du livre. Elles sont perçues comme des intrusions, voir nocives, "même quand elles sont produites sans aucune mauvaise intention".
Si l'on se laisse déborder, répondant dans la minute à toutes sollicitations, on finit par épuiser le cerveau, explique la professeure Caroline Cuny. Cette fatigue mentale se produit car "le cerveau va être dans l'incapacité physiologique de traiter toutes les informations. Cela va générer un épuisement, puis des maladies physiques. C'est un peu comme si le cerveau pouvait arrêter de fonctionner, et certaines personnes en état de burn out, peuvent ainsi perdre l'usage d'un sens, comme la vision, sans pour autant devenir aveugle", dit-elle.
L'épuisement émotionnel, est aussi un risque, car ces stimuli permanents sont une source de stress important, "quand on voit qu'on n'arrive plus à répondre à ces dizaines de sollicitations".
Pour s'en sortir, fermer les yeux, et s'évader
"Éduquer clients, collègues, hiérarchie", nous disent les psychologues de Grenoble. "Expliciter clairement que pour nous les délais sont de tel ou tel ordre et que pour les urgences, il convient d’utiliser tel outil" est-il précisé dans leur guide. Ce qui veut dire, dans la situation actuelle de confinement trois principes importants :
- Premièrement, désactiver les notifications et le faire savoir largement, quand on veut se concentrer sur un travail précis.
- Deuxièmement, demander à ses interlocuteurs de préciser en tête des messages, quelque soit le canal, de préciser si le message est urgent, s'il réclame une action, et dans quel délai.
- Troisièmement, s'accorder des plages en dehors de toutes sollicitations, même amicales.
"L'idéal dans la vie e tous les jours, ce sont des périodes de calme dans la nature" explique Caroline Cuny, mais évidemment en ce moment ce n'est pas possible. "Toutefois", poursuit-elle, "même en ce moment on peut fermer les yeux, se projeter mentalement dans des endroits où l'on se sent bien, une plage ou une forêt qu'on aime, on peut se souvenir les sensations visuelles auditives, des sensations de vent sur les joues et en quelques minutes, on s'évade, là où ça nous fait du bien".
Il existe des sites internet où on peut retrouver les fichiers audio captés en pleine nature pour s'y aider par exemple.
Ce conseil est particulièrement recommandé pour nos enfants. "Il faut demander à nos enfants de se déconnecter à plusieurs moments dans la journée, cesser de regarder les musées et les chaines Youtube pour se cultiver ou pour apprendre, il faut aussi arrêter cela, par moments, et leur permettre de s'évader mentalement eux aussi."
► Lire ici le livre de Caroline Cuny et ses collègues en intégralité : Halte à la sursollicitation numérique (Grenoble Ecole de management)