Yémen, deux ans après : la guerre oubliée

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Yémen, deux ans après : la guerre oubliée

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Nord Ouest de Sana'a, bourgade montagneuse de Al'Asha.
Nord Ouest de Sana'a, bourgade montagneuse de Al'Asha.
© Radio France

Le Yémen est plus instable que jamais. Ce 26 mars marque le triste anniversaire des deux ans de l’escalade du conflit dans le pays.

La guerre au Yémen entre dans sa troisième année. Selon les ONG, il s’agit de "l’une des plus graves crises humanitaires au monde". Kadija vivait dans la vile portuaire d'Al Hudaydah. Il y a 10 mois elle a fuit, elle a rejoint la Jordanie avec toute sa famille, à cause des bombardements. "Parfois, on ne pouvait même plus trouver de l'eau, quant au pain il fallait faire la queue pendant des heures", raconte Kadija.

La population, au nord comme au sud du pays, est prise au piège, "il y a un blocus maritime, aérien et terrestre ; une forme d'embargo quasi-totale menée par la coalition internationale menée par l'Arabie Saoudite", explique Jean-François Corty, le directeur des opérations internationales de Médecins du Monde. La famine touche "près de 17 millions de personnes", indique le médecin, qui ajoute qu'elles "risquent de mourir" et qu'elles commencent même "déjà à mourir en masse".

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Carte du Yémen et bilan de deux ans de conflit
Carte du Yémen et bilan de deux ans de conflit
© AFP

Histoire du pays

La République du Yémen se situe au sud de la péninsule arabique. C'est un pays jeune né en 1990 de la réunion du Yémen du Nord avec le Yémen du Sud, ancienne colonie britannique devenue République d'inspiration communiste. Ce nouveau pays est dirigé dès 1990 par Ali Abdallah Saleh. Les 27 millions de Yéménites sont majoritairement sunnites mais dans le Nord, un tiers d'entre eux sont zaydites, une branche minoritaire du chiisme dont sont issus les Houthis.

Origines du conflit

Dès 2004, Sanaa, la capitale, doit faire face à une rébellion des Houthis au Nord, qui dénonce la marginalisation de la communauté zaydite. Au sud, le pouvoir est confronté d'une part à un mouvement sécessionniste, d'autre part aux djihadistes d'Al-Qaïda.

Dans le sillage des printemps arabes en 2011, des manifestations meurtrières à Sanaa poussent le président Saleh à l'exil. Abd Rabbo Mansour Hadi est élu en 2012 mais peine à stabiliser le pays. En 2014, la rébellion des Houthis, soutenue par l'Iran, prend le contrôle de Sanaa puis lance une offensive vers Aden (au sud-ouest du pays). Le président Hadi s'exile chez son allié le roi d'Arabie Saoudite.

Internationalisation du conflit

En mars 2015, l'Arabie prend la tête d'une coalition de pays arabes sunnites dont le but est d'endiguer l'avancée des rebelles soutenus par l'ancien président Saleh. Au bord de l'effondrement, le pays subit des attaques d'Al-Qaïda et du groupe Etat islamique.

Depuis mars 2015, l'ONU déplore un bilan humain catastrophique avec des milliers de civils tués. Alors que l'aide peine à entrer dans le pays, plus de 17 millions de personnes souffrent aujourd'hui de malnutrition.