A Moulins, un professeur de chant condamné à 16 ans de réclusion pour viols et agressions sexuelles
Par Sofia AnastasioUn ancien professeur de chant a été condamné par la cour d'assises de l’Allier à 16 années de réclusion pour des viols et agressions sexuelles commis sur des élèves mineurs d'un établissement scolaire catholique entre 2007 et 2010.
Mardi 26 juin, après trois heures de délibéré, la cour d'assises de l'Allier a condamné à 16 ans de réclusion criminelle pour viols, agressions sexuelles et corruption de mineurs, un ancien professeur de chant. Avec ce verdict, la juridiction est allée au-delà des réquisitions de l'avocate générale Audrey Galaud, qui avait réclamé une peine de 14 ans d'emprisonnement. La cour a par ailleurs assorti sa peine d'un suivi socio-judiciaire de 8 ans et d'une interdiction d'exercer une activité auprès de mineurs.
Jean-Philippe Galerie, 46 ans, est condamné pour des faits qui se sont déroulés entre 2007 et 2010. Compositeur-interprète de musique religieuse, il était chargé de monter des comédies musicales pour le centre scolaire catholique Saint-Benoît. Plus d'une centaine d'élèves de la sixième à la seconde y ont participé. Le professeur se rapprochait des jeunes filles auxquelles il offrait les rôles principaux dans le cadre son atelier de chant, Atout Cœur.
Alors âgées de 14 à 17 ans, les dix victimes ont dû lier avec lui des « relations père-fille ». Le professeur leur demandait notamment de l’appeler « papa d’amour » et leur laissait des mots dans leurs poches, leur offrait bijoux, parfums et sous-vêtements féminins. Mises en confiance, les adolescentes étaient ensuite invitées à son domicile du Maine-et-Loire, où il vivait avec femme et enfants, lors de « stages » ou de « master class ». C'est dans cette maison que se sont majoritairement déroulés les faits qui lui sont reprochés. Il imposait aux jeunes filles des baisers forcés, caresses, pénétrations, parfois à plusieurs, fellations, des actes qu’il justifiait par une « question de culture » et une « ouverture d’esprit ».
Cour du roi
« La perversion, c'est qu'on finissait par croire qu'on n'avait pas dit non, qu'on ne s'était pas débattues », a expliqué vendredi 22 juin l'une des sept victimes parties civiles, dont les récits, « bouleversants » de l'aveu même de la défense, ont souligné l'emprise qu'il avait sur elles.
« Comme à la cour du roi Louis XIV, il mettait dans son lit l'une de ses favorites », a décrit la procureure générale. L'accusé a reconnu les faits, et a redit mardi « combien il était désolé pour les victimes. » Au début du procès, l'accusation et les parties civiles lui avaient reproché sa froideur.
L'accusé a déjà été condamné pour corruption de mineur à cinq mois de prison avec sursis en 2011 mais, à l’époque, l'enquête n'avait pas recensé d'autres victimes. C'est un nouveau témoignage qui a abouti à son interpellation en mars 2016. Seule une ancienne élève devenue sa compagne après les faits - et qui l'a quitté il y a deux semaines - a assuré de son consentement. Son nom a été retiré de la liste des victimes.
« C'est un très beau jugement après quatre jours éprouvants. Elles sont satisfaites. Il y a eu de la bienveillance à leur égard », s'est félicité Me Elodie Falco qui représentait quatre victimes.
avec AFP