Alexej Malakhau - Leiblich
Le saxophoniste biélorusse Alexei Malakhau joue sur les mots et les frontières, avec “Leiblich” qui paraît chez Double Moon.
Vous pouvez imaginer tant de choses sous "Leiblich"… Le besoin physique de manger et de boire, par exemple, ou la ressemblance avec le frère, le père ou la mère biologiques. En peinture, la nature physique (Leiblichkeit) est synonyme de sensualité, parfois aussi d'abondance opulente, tandis que le terme "ehleiblich" (légitime), plus couramment utilisé dans le langage juridique, est destiné à certifier l'origine d'un mariage légalement conclu. Le noyau de chacune de ces définitions est toujours le Leib (le corps). Leiblich : c'est la sensation de recevoir quelque chose, de l'absorber par tous les pores de son corps, quel qu'il soit, lascif ou violent, brûlant ou glacé, générant du bonheur ou de la douleur.
Si Alexei Malakhau. saxophoniste né en Biélorussie et vivant à Cologne, appelle ainsi son premier CD "Leiblich", c’est un jeu risqué avec la langue allemande. Mais on peut aussi considérer comme un aveu ouvert que sa démarche artistique a été précédée par un travail physique intense. "Les morceaux du CD m'accompagnent depuis de nombreuses années", précise Alexei Malakhau. "Ils ont grandi avec moi et forment l'empreinte émotionnelle de mes expériences physiques quotidiennes depuis mon arrivée comme immigré en Allemagne".
Le 82e protagoniste de la série "Jazz Thing Next Generation" vient de Minsk en Biélorussie, où il a grandi dans une famille d'artistes et a été doucement introduit dans le monde de la musique par sa mère, pianiste classique, dès son enfance. Alexei a commencé à jouer du piano à l'âge de cinq ans, et s'est enthousiasmé pour le saxophone à l'âge de douze ans. C'est pourquoi il est parti en Allemagne en 2003, le cœur lourd mais pour de meilleures perspectives de formation. Il a étudié sous la direction du professeur Wolfgang Engstfeld à la Hochschule für Musik und Tanz de Cologne jusqu'en 2010, et a joué dans l'Orchestre de jazz des jeunes (BuJazzO) sous la direction de Peter Herbolzheimer. Alexei Malakhau ne regrette rien : "En Biélorussie, je n'aurais guère pu vivre aussi librement, et encore moins gagner ma vie grâce à la musique.”
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La vie entre deux pays lui a aussi donné l’envie de combiner deux univers musicaux différents. Il n'y a guère d'autre musicien de jazz qui combine actuellement des éléments de musique classique et moderne d'une manière aussi naturelle et détendue. "J'ai grandi avec la musique classique, elle m'a ouvert la voie. J'ai rencontré l'art expérimental sur le bord de la route. Pour moi, le jazz est la description de l'origine d'un style, ancré dans le temps et la culture.”
Alexei Malakhau s’est entouré des pianistes Rainer Böhm et Kristjan Randalu, du guitariste Vitaliy Zolotov, du bassiste Joscha Oetz et du batteur Bodek Janke. Il a composé tous les morceaux sauf deux. Son Stressmaker, par exemple, sonne exactement comme son titre : une balade sur une vague de stress et d'adrénaline.
"Il me faut des années avant de pouvoir terminer mes morceaux", a révélé Alexej Malakhau à propos de sa méthode de composition. "Au début, ce sont juste quelques notes, peut-être un air, qui me viennent. Ensuite, elles restent là et attendent. Puis d'autres notes sont ajoutées jusqu'à ce qu'une pièce entière soit créée en plusieurs étapes. J'ai un nombre incalculable de ces sons et de ces mélodies qui attendent d'être achevés. Peut-être que cela arrivera un jour, mais peut-être pas”. Pour “Leiblich”, ça valait la peine d’attendre !
(extrait du communiqué de presse en anglais - traduction E. Lacaze / A. Dutilh)