Anner Bylsma est mort, un virtuose du violoncelle s'en va
Par Guillaume DecalfLe violoncelliste Anner Bylsma s'est éteint jeudi 25 juillet 2019 à l'âge de 85 ans. Né à Amsterdam, il était une figure pionnière de la musique baroque et l'un des plus grands interprètes de la musique de Jean-Sébastien Bach.
C'est la fin d'un trio. Celui formé par trois musiciens néerlandais brillants, insatiables explorateurs de la musique baroque : après Gustav Leonhardt en 2012, et Frans Brüggen en 2014, c'est Anner Bylsma qui s'est éteint jeudi 25 juillet. Il avait 85 ans. France Musique lui rend hommage ce vendredi, avec le témoignage de Norbert Zauberman, qui fut son élève, et de Frédéric Lodéon dans Musique Matin, ainsi que dans Eté classique matin, par Judith Chaine.
Né en 1934 à La Haye (Pays-Bas), Anner Bylsma, de son vrai nom Anne Bijsma, est d'abord initié au violoncelle par son père. Il passe ensuite par le conservatoire de La Haye, d'où il ressort avec un Prix d'excellence. Violoncelle solo de l'Orchestre de l'Opéra des Pays-Bas, il obtient en 1959 le Premier prix du Concours Pablo Casals. Sa carrière est lancée. De 1962 à 1968, Anner Bylsma devient le Premier violoncelle solo de l'Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam.
Violoncelle de légende
Dès les années 1960, Anner Bylsma se tourne vers la musique des XVIIe et XVIIIe siècles, sans pour autant se détourner des répertoires plus classiques. Il accorde surtout une importance - à l'époque peu commune - à l’interprétation sur instrument d'époque. Sur cette route, il rencontre Gustav Leonhardt et Frans Brüggen. Les deux musiciens disposent déjà d'une certaine renommée, et d'un réseau de musiciens partageant leurs préoccupations esthétiques. Dès 1968 et pendant plusieurs décennies, leur collaboration donne naissance à une importante discographie.
Mais c'est surtout dans la musique de Jean-Sébastien Bach qu'Anner Bylsma va s'illustrer. Ses enregistrement des Six Suites pour violoncelle seul, en 1979 et 1992, s'imposent tout comme, deux ans plus tôt, celui des Concertos brandebourgeois, avec Leonhardt et Brüggen.
Si le jeu d'Anner Bylsma acquiert cette dimension historique, c'est également grâce à son instrument, un Stradivarius de 1701. Passé entre les doigts de François Servais, ce violoncelle a la particularité d'être plus grand que les modèles courants de quelques centimètres. C'est avec lui que le musicien enregistre sa seconde version des suites pour violoncelle seul de Bach, près de 20 ans après la première.
Au micro de Clément Rochefort dans Musique Matin, le violoncelliste Norbert Zauberman, qui fut son élève, témoigne d'un musicien « très doux, très drôle », mais également perfectionniste, qui ne cessait de travailler et retravailler les œuvres. Il salue également un grand pédagogue, qui avait « 15 000 idées à la minute ».