Après son classement à l’Unesco, le maloya se réapproprie les quartiers de La Réunion

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Après son classement à l’Unesco, le maloya se réapproprie les quartiers de La Réunion

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Le Grand Brule, un groupe de maloya réunionnais, joue des instruments traditionnels de l'île.
Le Grand Brule, un groupe de maloya réunionnais, joue des instruments traditionnels de l'île.
© AFP - Arnaud Spani

Il y a douze ans, le 1er octobre 2009, le maloya, genre musical typique de l’île de La Réunion, faisait son entrée au patrimoine immatériel de l'Unesco. Importé par les esclaves d’Afrique, il est emblématique du territoire qui compte aujourd’hui le rapprocher de sa jeunesse.

Pendant trois mois, La Réunion va vivre au rythme du maloya. Ce genre, hérité des esclaves venus d’Afrique de l’Est ou de Madagascar, était à l’origine réservé à des cérémonies animistes invoquant l’esprit des ancêtres. Mais depuis son arrivée sur l’île française de l’océan Indien, le maloya a eu plusieurs vies. Durant l’esclavage, dans les plantations sucrières, les opprimés traduisent leur colère et leur douleur dans ces pas de danse, martelant la terre. Véritable moyen d’expression et de résistance, le maloya est ensuite transmis aux engagés d’origine indienne, jusque dans les années 1980. Le métissage de cette culture permet d’ancrer le maloya dans la culture endémique de l’île. Pourtant, dans les années 1970 et 1980, cette musique reste confidentielle, jugée subversive, utilisée pour exprimer des revendications politiques. Il est mal vu à l’époque de pratiquer le maloya (officiellement, ce genre est interdit jusqu’en 1982), que l’on soit artiste ou amateur de musique, et les autorités le répriment sévèrement. 

La chronique d'Aliette de Laleu
6 min

Avec Firmin Viry, Lindigo, Danyel Waro ou encore Davy Sicard, le maloya gagne peu à peu sa place dans le paysage musical. Style aujourd’hui respecté, le maloya est devenu l’expression majeure, sur le plan culturel et musical, de l’identité réunionnaise. Malgré cela, la jeunesse s’en éloigne, au profit des styles mondialisés, et parfois plus modernes. Le classement, en 2009, du maloya au patrimoine culturel immatériel de l’humanité aura pour effet de braquer de nouveau les projecteurs sur ce style, lui donner un second souffle.

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À l’occasion des douze ans de cette inscription à l’Unesco, des dizaines d’artistes vont investir les quartiers de Saint-Denis, Saint-Leu, ou encore de Sainte-Suzanne. De Danyel Waro à Lindigo, en passant par Kiltir ou encore Zanmari Baré, les grands noms du maloya vont jouer le jeu de la transmission. 

Des ateliers d'initiation à la danse et la musique traditionnelle

« Plus que de la proximité, c'est presque de l'intimité que nous voulons créer : les artistes viendront une fois par semaine pour être au contact direct de la population pendant trois mois, ils créeront du lien et permettront aux habitants de se réapproprier le maloya », a expliqué Stéphane Hoarau, directeur de la culture à la mairie de Saint-Denis, devant les médias locaux. 

Avec ces 25 artistes, les kayamb, les roulèr et les pikèr, les instruments fétiches du maloya, vont résonner dans les écoles et dans les villes. Avec cet événement totalement inédit, La Réunion veut inciter sa jeunesse à réinvestir le maloya. Jusqu’au 20 décembre, date de la commémoration de l’abolition de l’esclavage, les artistes vont sillonner le territoire. Au menu, des expositions, des ateliers et bien sûr de la musique, du chant et de la danse. De quoi « krazer un bon Maloya », comprenez danser et chanter sur ce style entraînant.