Au festival de Saintes, les stagiaires racontent leur premier stage de chant
Par Suzana KubikC'est comme partir pour la première fois en colo : parent ou enfant, on est forcément angoissé. Angoissé de l'inconnu, de se retrouver tout seul ou de ne pas savoir bien faire. Qu'en disent ceux qui l'ont déjà vécu ? Témoignages des stagiaires du festival de Saintes.
Nous les avons retrouvés pendant la récréation après une première matinée de stage de chant choral "Ma semaine (en)chantée" dans le cadre du Festival de Saintes. En train de discuter en petits groupes, courir ou jouer au foot, ces petits stagiaires ressemblent à s'y méprendre à n'importe quelle classe d'enfants dans une cour d'une école. La première matinée a été l'occasion de découvrir les lieux, de faire connaissance avec les profs et, bien sûr, leurs camarades de stage... Mais comment s'est passée la suite ?
L'angoisse du premier jour
Roxane a 11 ans. Elle a décidé de s'inscrire au stage parce qu'elle adore chanter. Elle ne fait pas de musique au conservatoire et c'est son premier stage de chant choral, et même la première qu'elle chante dans un chœur :
« Au début j'avais très peur que ma voix ne soit pas bien. On nous a fait chanter, et je n'ai pas trop compris pourquoi mais j'ai su que j'avais une voix de soprano. » Pour les stages de chant, les séances de travail commencent souvent par une audition informelle. Aucune raison d'avoir peur, il ne s'agit pas d'une audition éliminatoire, elle sert à répartir les stagiaires dans les différentes tessitures vocales.
Sandrine Abello est cheffe de chœur référent pour ce stage. Pour elle aussi, c'est le premier stage de chant choral à Saintes. Si pour les enfants, c'est le saut dans l'inconnu, ce n'était pas non plus facile pour la cheffe :
« La difficulté principale était de choisir le répertoire. Il y a beaucoup de choses à faire et la voix d'enfant est assez spécifique. Il a fallu trier pour arriver à ce que les enfants qui lisent la musique ne s'ennuient pas, et ceux qui ne la lisent pas, ne soient pas frustrés. Mais après une première session, ça a l'air de bien fonctionner.»
L'occasion de faire de la musique ( et pas seulement ) avec des amis
Lila, 10 ans, se balade avec la partition sous le bras. C'est la troisième année qu'elle participe au stage. « C'est une sorte de colo où on descend le midi, avec toutes les copines. La première année je n'étais pas bien, les répétitions me semblaient très longues. J'avais du mal à sortir ma voix, j'avais un peu peur. Mais depuis, les répétitions passent plus vite parce que je m'amuse. Je me suis trouvée des copines, et j'aime quand on chante ensemble.»
A Saintes, à part le stage du chant choral proposé aux enfants de 7 à 14 ans, il y a un atelier d'opéra pour les plus grands. Ils y travaillent le Don Quichotte de Massenet. A la sortie de la répétition, Luc, 14 ans, et Arthur, 15 ans, copains de stage de longue date, entonnent un petit air improvisé. Ils se sont rencontrés ici, et sont contents de se retrouver tous les ans.
Arthur est même à sa huitième année de stage. « On vient un peu aussi pour revoir les copains, parce qu'on passe un bon moment. Au lieu de rester à la maison à ne rien faire, on a la possibilité de faire de la musique avec d'autres gens. Le midi on joue au foot, on s'amuse bien. Et on peut aussi écouter de la musique. »
Le temps des découvertes
Et en effet, à Saintes, les musiciens sont partout, et les répétitions générales ouvertes au public. « Il y a de la musique partout, s'enthousiasme François-Xavier Kernin, chef de chœur qui encadre un groupe des petits stagiaires. Les élèves sont en contact avec les musiciens, ils les voient répéter, les stages permettent aux enfants d'être en immersion totale dans la musique pendant une semaine, et c'est génial, » argumente-t-il .
Luc joue de l'alto au conservatoire, mais revient à Saintes pour retrouver le plaisir de chanter. « Je découvre plein de répertoires différents ici. Aujourd'hui on réadapte l'opéra Don Quichotte de Massenet, mais dans l'avenir on va essayer de monter notre propre opéra, que nous aurons composé et mis en scène.»
Léna, 11 ans, vient pour la deuxième fois. Pour chanter, bien sûr, mais surtout parce qu'elle « adore découvrir de nouveaux instruments ». En effet, les stages de musique proposent en général aux stagiaires d'assister aux répétitions, voire même au concert des ensembles qui sont en résidence ou qui se produisent sur place. Occasion pour les stagiaires d'entendre, parfois pour la première fois, jouer des musiciens professionnels.
L'excitation du concert final
Et pour récompenser les efforts des stagiaires, il y a toujours une restitution prévue en fin de séjour. Un moment où les élèves montent sur scène souvent pour la première fois, et qui laisse pour tous des souvenirs inoubliables.
« Le concert c'est toujours un moment spécial, raconte François-Xavier Kernin. Quand ils l'ont vécu une fois, c'est très grisant. Ils se prennent au jeu, ils en font quelque chose de très solennel, très pro, c'est leur moment. Pour ceux pour qui c'est le premier stage, ils voient pas encore la finalité, mais pour ceux qui reviennent, ils savent à quoi le travail va les mener, et c'est d'autant plus excitant », sourit-il.
C'est ce que raconte en tout cas Colline. Elle est élève de 4e, et suit pour la deuxième fois le stage de chant "Ma semaine (en)chantée". Elle évoque le concert de fin de stage avec un grand sourire : « J'étais très stressée de ne pas savoir comment faire, de me tromper, et au final, j'ai pris confiance en moi, je me suis posée, j'ai soufflé un bon coup avant et tout s'est bien passé ! »