Morceau de jazz à succès du groupe Weather Report devenu standard du genre, “Birdland” a suscité une multitude de reprises. Trois d’entre elles sont au programme du Baccalauréat musique 2018, au côté de la version originale. Partez à leur découverte !
Birdland, c’est d’abord le nom d’un club de jazz new-yorkais. Ouvert en 1949, il est nommé ainsi en hommage au saxophoniste Charlie Parker, surnommé le « Bird ». Club légendaire pour les amateurs de jazz, il accueille, encore aujourd’hui, les plus grandes figures de ce genre musical.
C’est en référence à ce club que le groupe Weather Report créé son morceau éponyme, en 1977. Avec cette composition de Joe Zawinul (un des fondateurs du groupe en 1970), la notoriété de Weather Report s’accroît considérablement : le disque Heavy Weather, dont est issue Birdland, est couronné disque d’or. Le groupe est alors largement médiatisé et les tournées de concerts s’enchaînent. Le morceau, quant à lui, devient un standard de jazz repris par de nombreux musiciens.
Analyse des versions
Weather Report, 1977
Dans la version originale, les instrumentistes sont au nombre de cinq : Wayne Shorter (saxophone), Joe Zawinul (claviers), Jaco Pastorius (basse), Alex Acuna (batterie), Manolo Badrena (percussions) .
Le morceau adopte une forme structurée par un refrain. Il est introduit par un motif de trois notes jouées au synthétiseur. Il se poursuit avec une première section thématique (a) caractérisée par une broderie autour de la blue note, une note issue du blues qui donne une couleur particulière et un aspect très jazzy à la mélodie. Pendant ce temps, le riff initial continue à se dérouler au synthé. La section suivante (b), sorte de fanfare, amène à un moment de suspension qui débouche sur un nouveau motif (c), très bref et répétitif, joué à la fois au piano et au synthé, accompagné par la batterie et la guitare basse. Ce motif s’entrecroise alors avec un quatrième élément (d) entonné au saxophone qui élargit la mélodie vers l’aigu. Un échange dans un style improvisé entre le piano et la basse vient conclure ce qu’on pourrait qualifier de premier couplet.
Arrive alors le refrain, basé sur les notes sol, si et ré, structuré en deux parties. La première (R1) fait entendre deux fois la mélodie, au piano et à la voix, et comporte une reprise dans laquelle se rajoute le saxophone. Dans la deuxième partie (R2), la mélodie reste basée sur les mêmes notes mais dessine un geste ascendant qui lui donne plus d’impact. Cette partie ne comporte pas de reprise et s’enchaîne directement avec ce qui s’apparente à un deuxième couplet.
Un nouveau motif mélodique (e), présenté trois fois par le synthé dans le registre grave, amène à un solo de saxophone d’aspect libre (f), point culminant de la pièce. A ce passage succèdent le retour du motif (a) au clavier puis des motifs (b) et (c) après quoi on entend à nouveau le refrain, agrémenté de claquements de mains. Le morceau se termine sur une coda (ou conclusion) qui reprend le refrain en boucle avec, au-dessus, un solo de synthé.
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The Manhattan Transfer, 1979
Deux ans après sa création, Birdland est repris par le groupe The Manhattan Transfer, constitué d’un quatuor vocal (Cheryl Bentyne, soprano ; Janis Siegel, alto ; Alan Paul, ténor ; Tim Hauser, basse), accompagné pour cet album de cinq instruments (saxophone alto, claviers - piano, synthé, guitare basse, batterie).
Si cette version présente la même structure que la version originale, elle apporte une nouveauté avec l’usage de la voix et l’ajout de paroles. Celles-ci, écrites par le jazzman Jon Hendricks, sont un hommage au club mythique Birdland et aux grands musiciens qui l’ont fréquenté : Charlie Parker, Miles Davis, John Coltrane, Count Basie, Cannonball…
Grand succès également, cette reprise vaut au groupe de remporter les Grammy Award Meilleure Exécution de Jazz-Fusion Vocal ou Instrumental et Meilleurs arrangements de Jazz Vocal.
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Quincy Jones, 1989
Dix ans après The Manhattan Transfer, le musicien et producteur Quincy Jones propose un nouvel arrangement du célèbre morceau. Il en renouvelle l’instrumentation, ajoutant notamment diverses percussions qui viennent enrichir la rythmique de la pièce, et ce dès l’introduction. Il choisit également une couleur de synthé beaucoup plus claire que dans la version initiale. De même, dans la section (b), la « fanfare » possède une sonorité bien plus cuivrée : pas moins de quatre trompettes (dont Dizzy Gillespie et Miles Davis) et un trombone et font partie de l’ensemble instrumental où l'on compte aussi des saxophones (James Moody en solo) et la guitare de George Benson.
Ici, pas de paroles mais les voix sont présentes néanmoins, agrémentant la partition de vocalises. Elles sont incarnées par deux chanteuses de jazz de renom : Ella Fitzgerald et Sarah Vaughan.
Des quatre versions présentées ici, celle de Quincy Jones est sans doute celle qui prend le plus de liberté vis-à-vis de la version initiale. La structure du morceau est modifiée au profit de davantage de moments solistes improvisés et d'une profusion de riffs (courts motifs instrumentaux répétés). On a ainsi la forme suivante :
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Ensemble Hyperion, 2000
La version de l’ensemble italien Hyperion est la plus récente de ce corpus. Elle ne présente pas d’innovation au point de vue structurel mais propose une instrumentation inhabituelle pour le jazz avec une formation composée d’une flûte traversière, un hautbois, un violon, un alto, un violoncelle et une contrebasse. Il est vrai que la spécialité de l’ensemble n’est pas le jazz mais plutôt le tango, d’où l’emploi d’instruments plus classiques. Pour autant, la recherche d’effets sonores n’est pas absente de cette quatrième version de Birdland, bien au contraire.
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Glossaire
- Arco : jeu avec l’archet.
- Pizz ou pizzicato : lorsque l’on pince la corde au lieu de la jouer avec l’archet.
- Sul Ponticello : signifie « sur le pont », ou plutôt, « sur le chevalet ». Il s’agit de la partie mobile en bois qui tend les cordes au milieu de la table de l’instrument. Jouer sur le chevalet créé une sonorité particulière.
- Tremolo : signifie « tremblant ». Ornement qui consiste à répéter très rapidement une même note pour donner un effet frénétique.