Benoît Gaudelette : les accessoires de percussions « apportent une couleur incroyable »
Par Victor PascalConnaissiez-vous les crotales ou encore le lion ? Ce ne sont pas des animaux mais des accessoires de percussion. Benoît Gaudelette, percussionniste et timbalier à l’Orchestre philharmonique de Radio France, nous présente une seconde sélection de ses accessoires préférés.
Quand on évoque des accessoires de percussion, on veut en réalité parler de tous les objets qui émettent un son lorsqu'ils sont frappés, secoués ou grattés, et qui sont utilisés à des fins musicales. Le rôle de ces accessoires est pluriel : soutenir le rythme d'un morceau, produire des sonorités originales ou mimétiques, apporter une dimension spécifique à un ensemble orchestral... Contrairement à la plupart des autres musiciens de l'orchestre, un percussionniste est en mesure de jouer plusieurs instruments différents durant un même morceau, et même une multitude durant sa carrière. C'est le cas de Benoît Gaudelette. Après le triangle, le tam-tam ou les castagnettes abordés dans le premier épisode de cette série, voici d'autres accessoires de percussions à découvrir.
Le flexatone

Benoît Gaudelette : Le flexatone est une lame en acier. Deux petits bâtons avec des boules en bois permettent, en étant secoués, de produire un son de percussionniste. Pour faire monter le son, on tend la lame, on la tord... Et pour redescendre, on la remet dans son état naturel. Le flexatone a évidemment été utilisé en tant qu’effet de bruitage par son côté comique. Mais des compositeurs à l'affût de nouvelles sonorités se sont intéressés à cet instrument. Aram Khatchatourian l’utilise dans le deuxième mouvement de son Concerto pour piano.
Le lion

Ce gros instrument que vous voyez s'appelle un lion. C'est un tambour à friction qui imite le son du lion. Et le fait de mettre en vibration cette corde, en la tirant, va faire vibrer la peau du tambour. Elle va se mettre en résonance dans tout le fut. Dans notre culture classique, le premier qui a utilisé ça, c'est évidemment Edgard Varèse dans Ionisation.
Le spring drum

Le spring drum ou le "thunder drum", en anglais. Ces tambours à ressorts imitent... le tonnerre. Et on peut même rajouter les éclairs ! C'est un ressort qui est fixé dans la peau et qui, en étant agité, va faire résonner la peau. Le son va tourner dans le ressort, se prolonger et créer ce son incroyable.
Les klaxons

Les klaxons sont similaires à un klaxon de voiture comme il pouvait y en avoir au début de l'ère automobile. La poire sert à envoyer de l'air et, à l'intérieur, est fixée une petite membrane en métal. L'air va passer, et comme c'est très fin, va produire une vibration - exactement comme les hanches des instruments à vent. Ils ont été utilisés par George Gershwin dans Un Américain à Paris, suite à sa visite à Paris où il a alors déclaré : « Je n'entends que des klaxons ici ».
Pourquoi est-ce qu'on demande aux percussionnistes de jouer des klaxons alors que ce n'est pas un instrument à percussion ? De par la multitude de nos instruments, on a été apparentés aux bruiteurs de l’orchestre.
Les wood-blocks

Les wood-blocks sont des pièces de bois qui ont été creusées pour en sortir un son et une résonance. L'histoire des wood-blocks est ancestrale. On a compris très vite que si l'on tapait sur une branche, cela pouvait donner un son, voire résonner. Dans la même famille, il existe les temple-blocks. Ce sont des gueules de loup. Le bois a été creusé à l'intérieur et est ouvert de chaque côté. Nos chers compositeurs du XXᵉ siècle les ont utilisés d'une manière extraordinaire. Ils apportent une couleur incroyable quand ils rentrent dans la masse orchestrale.

Les crotales

Pour finir, les crotales, également appelés cymbales antiques. C'est un instrument idiophone qui produit un son par lui-même, en le jouant avec une baguette ou les unes contre les autres. Son origine est multiple. On le retrouve beaucoup en Grèce et dans l'Antiquité, en Asie et au Moyen-Orient. Cela apporte de la lumière. C'est un scintillement, c'est comme une étoile filante. Donc vous imaginez bien que les compositeurs s'en sont emparés en demandant : « Mais on ne peut pas les accorder ? J'aurais besoin de telle note, d'un si, d’un sol, d’un la... » Claude Debussy l’a utilisé à la fin de son œuvre phare, Prélude à l'après midi d'un faune. Il existe aussi une version moderne des crotales, accordée exactement comme un clavier de piano. Les compositeurs de musique contemporaine les utilisent très fréquemment. On a des choses très virtuoses à jouer dessus, ce qui n'est pas toujours évident.