Brexit : au festival d’Édimbourg, des artistes refusent d'être payés en livres sterling
Par Guillaume DecalfAlors que la livre sterling approche du niveau le plus bas de son histoire, de plus en plus d'artistes programmés au festival d’Édimbourg (Écosse) demandent à être payés en dollars ou en euros.
Chaque année depuis 1947, la ville écossaise d'Édimbourg se mue en gigantesque festival international des arts vivants : théâtre, concerts, opéras, danse... Près de 300 événements et 2 800 artistes y sont programmés tels que Gustavo Dudamel et l'Orchestre philharmonique de Los Angeles pour cette édition 2019. Fait nouveau, ces artistes de 41 nationalités différentes sont nombreux, cette année, à refuser d'être payés en livres sterling.
C'est un effet pervers du Brexit, et surtout de la menace d'une sortie de l'Union Européenne sans accord : la livre sterling s'approche de son plus bas niveau historique. Elle a perdu 7% de sa valeur face à l'euro sur les trois derniers mois, et atteint son plus bas niveau depuis 2017 face au dollar. Résultat, les artistes, dont les contrats sont signés bien en amont du festival, craignent la dévaluation de leurs revenus et préfèrent être payés en dollars ou en euros. « Plus personne ne veut faire des affaires en livres sterling... il faut donc s'arranger en dollars et en euros » témoigne le directeur du festival, Fergus Linehan, au Financial Times.
Le Festival écossais disposait d'un budget de 13 millions de livres en 2018, et a pris la décision l'an dernier de couvrir le risque de dévaluation de la monnaie pour les contrats des artistes à hauteur d'un million de livres. « Si la monnaie reste à ce niveau... notre pouvoir d'achat sera bas » souligne le directeur, inquiet surtout d'une possible « paralysie » dans la programmation à long terme : « personne ne peut dire "D'accord, dans cinq ans, voici ce que l'on le fera" ».
L'International Festival est le plus ancien des festivals d'été de la ville d’Édimbourg. Avec l'Edinburgh Festival Fringe, sorte de festival "off", ils rassemblent plusieurs centaines de milliers de spectateurs dans la capitale écossaise. De son côté, le Fringe est menacé de perdre un investissement de 20 millions de livres sur cinq ans de la compagnie de cirque américaine Spiegelword. Inquiétée par le Brexit, cette dernière pense relocaliser son projet de théâtre à Berlin ou Paris.