Charles Gounod : 8 (petites) choses que vous ne savez (peut-être) pas sur le compositeur de l'Ave Maria
Par Aliette de Laleu
De Charles Gounod, on se souvient surtout du célèbre Ave Maria, de l'opéra Faust, et on oublie trop souvent que le compositeur français est aussi l’auteur de nombreuses autres œuvres, notamment religieuses. Ce sera une des petites choses que vous ne savez peut-être pas sur Gounod.
« Le savoir, pris en lui-même, est sans intérêt dans la création d’une oeuvre d’art. Car c’est au sentiment que revient le rôle initial. C’est lui la substance, l’âme de l’oeuvre à laquelle le savoir donne la forme », écrivait Charles Gounod. Le compositeur français, dès son plus jeune âge, sait qu’il passera sa vie au service de la musique.
Auteur d’une dizaine d’ouvrages lyriques, de quelques musiques de scène, de nombreuses messes, oratorios, motets et cantates, Charles Gounod s’est surtout distingué comme grand mélodiste. Sa vie sera rythmée par des échecs et succès qui le feront accéder à une certaine postérité puisqu’il fait aujourd’hui partie du patrimoine, notamment français. Voici 10 petites choses que vous ne savez peut-être pas sur son parcours, sa personnalité et son oeuvre.
« Va mon enfant, et fais de la musique ! »
Le père de Gounod meurt quand Charles n’a que cinq ans. Sa mère, pour faire vivre la petite famille, décide donc d’enseigner le piano et compte parmi ses élèves son propre fils. Mais elle ne le poussera pas à s’engager pleinement dans la musique, au contraire. Elle souhaite que son enfant se dirige vers des études plus sérieuses, telles que le droit.
Par deux fois, Victoire Lemachois va faire pression auprès de personnes influentes pour tenter de dissuader Charles de s’engager dans la musique. Elle demande une première fois à son proviseur de lycée qui, après avoir entendu le jeune Gounod, s’exclame : « Va mon enfant et fais de la musique ! » Rebelote quelques temps plus tard avec le compositeur Antoine Reicha qui au bout d’un an à lui enseigner l’harmonie déclare : « Il faut se résigner, cet enfant a le don ».
Abbé Gounod ?
Après avoir remporté le prix de Rome en 1839 avec sa cantate Fernand, Charles Gounod doit rester deux ans en résidence dans la ville italienne. La promiscuité avec la Chapelle Sixtine lui fait apprécier davantage la musique sacrée et s’en suit une période intense de compositions religieuses.
Charles Gounod, dès son retour à Paris en 1834, est engagé comme organiste et maître de chapelle de l’église des Missions étrangères. Et comme si la musique ne suffit pas, il est autorisé à porter l’habit ecclésiastique, pense sérieusement à s’engager dans les ordres (ce qu’il ne fera jamais) et signe ses courriers Abbé Gounod.
Le coup de foudre pour la musique allemande
A la Villa Médicis, Charles Gounod rencontre la compositrice Fanny Hensel, sœur de Félix Mendelssohn. Brillante pianiste, elle lui fait découvrir la musique allemande à travers les œuvres de Bach ou Beethoven.
Cette première approche d’une musique qu’il n’écoutait pas jusque-là est un choc pour le compositeur français, mais surtout une source d’inspiration. C'est d'ailleurs ce qu’on lui reprochera plus tard : faire de la musique allemande. Gounod décide de se rapprocher physiquement de cette nouveauté musicale et s’installe quelques temps à Vienne où il retrouve Fanny Mendelssohn et son frère, dont il va beaucoup apprécier la musique.
Le coup de pouce de Pauline Viardot
Au milieu du XIXe siècle, la musique ne jure que par l’opéra. Gounod le comprend bien et va faire une une autre rencontre féminine décisive qui l'aidera à se lancer dans sa production d’œuvres lyriques. En 1849, toujours à la Villa Médicis, sa route croise celle de la chanteuse et compositrice Pauline Viardot.
Influente dans les milieux musicaux, elle convainc le directeur de l’Opéra de Paris, Nestor Roqueplan, de faire jouer le premier opéra de Gounod, Sapho. La représentation a lieu deux ans plus tard, le 16 avril 1851 et l’avis de sa protectrice semble important aux yeux du compositeur qui écrit dans ses mémoires : « Elle s’en montra satisfaite. En quelques jours, elle fut si bien au courant de la partition qu’elle l’accompagnait presque en entier par cœur sur le piano ».
Top et flop
Même si son premier opéra, Sapho, est plutôt bien reçu, ce n’est pas avec cette oeuvre que Charles Gounod se fait une place dans le monde musical. Pire, il va vivre, avec sa deuxième pièce lyrique, un bel échec. La Nonne sanglante est créée à l’Opéra de Paris en 1854 et déclenche une telle controverse que le directeur de l'institution est limogé. Tombée dans l’oubli, l’oeuvre a été ressuscitée par l’Opéra Comique en 2018.
Malgré ces échecs, Gounod ne se décourage pas et continue de composer pour l’opéra. Après une pièce légère, Le Médecin malgré lui, il achève son chef-d’oeuvre absolu : Faust, d’après Goethe. Oeuvre qui deviendra l’un des opéras les plus célèbres au monde.
Grand mélodiste
« Père » ou « créateur » de la mélodie française selon ses contemporains et notamment Maurice Ravel, Charles Gounod s’est distingué par sa faculté à mettre en musique des textes. Le compositeur ne s’attaque pas seulement à la poésie, il s’inspire aussi bien de textes religieux ou de comptines.
Mais c’est tout de même avec les grands poètes que sa musique se marie le mieux. Musset (Venise, Le Lever), Hugo (Aubade, Sérénade) ou encore Lamartine (Rêverie, Chant d’amour)… Prolifique sur ce genre musical, Charles Gounod composa quelques centaines de mélodies dont on retient surtout son Ave Maria, adapté du premier prélude de Bach.
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Georgina Weldon, muse et manipulatrice
Gounod fuit la guerre et s’installe à Londres en 1870. Dans la ville anglaise il rencontre une femme qui n’aura pas l’influence bienfaitrice d’une Pauline Viardot ou d’une Fanny Hensel. Georgina Weldon est chanteuse et devient rapidement son imprésario. Leur relation ambiguë (et extraconjugale) défraie la chronique.
Sous l’emprise de la musicienne, Charles Gounod se met à dos bon nombre de ses éditeurs. Fatigué et malade, le compositeur fuit l’emprise de Georgina Weldon et rentre en France avec l’aide de sa famille et du docteur Blanche. Ce départ provoque chez la chanteuse une envie de vengeance : elle intente un procès contre lui et garde précieusement ses affaires personnelles (dont quelques partitions qu’il recompose de mémoire).
Crise de démence et dépression
Ce n’est pas la première fois que le docteur Blanche intervient dans la vie de Gounod. En 1857, il est foudroyé par une grave crise de démence et de délire. Pendant une semaine, le compositeur perd la raison. Gérard Condé dans un numéro du Monde de la musique raconte : « Heureusement les soins du docteur Blanche, le “médecin des fous” dont les méthodes peu coercitives faisaient merveille, lui permirent de se rétablir assez vite ».
Des années plus tard, dans les bras de Georgina Weldon, la folie de Gounod revient. C’est grâce à ses proches qu’il arrive à retrouver doucement la raison. De cette période, et de ce personnage, le compositeur écrira plus tard : « Priez pour cette femme qui m’a si bien persécuté ».