Chopin : 8 (petites) choses que vous ne savez (peut-être) pas sur le célèbre pianiste-compositeur
Par Nathalie MollerEntre bonheurs et frustrations, succès et angoisses : (re)découvrez la vie et la personnalité du compositeur Frédéric Chopin en huit anecdotes.
Un seul nom, Chopin, et quelques notes résonnent au piano, quelques accords et arpèges extraits d’un Nocturne, d’une Valse ou d’un Prélude. Un seul nom, Chopin, et tout le XIXe siècle romantique semble reprendre vie.
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Au regard de l’histoire, Frédéric Chopin incarne la figure de l’artiste romantique : il était de tempérament changeant, angoissé, poétique et inspiré. Il a vécu toute la seconde partie de sa vie en exil, loin de sa Pologne natale, et a longtemps souffert physiquement et psychologiquement, avant d’être emporté par la tuberculose , à l’âge de 39 ans.
Sauf qu’au-delà de cette caricature, un tout autre Chopin reste encore à découvrir : une personnalité nuancée, dont l’existence est composée autant de succès que de déceptions, d’heures heureuses que de moments sombres…
Une enfance virtuose, mais préservée
Le père Mozart balada son fils aux quatre coins de l’Europe. Le père Liszt en fit de même avec son jeune Franz, petit prodige du piano. Monsieur et Madame Chopin, eux, choisirent de préserver leur cadet, Frédéric. A Varsovie où il grandit, Frédéric Chopin poursuit ses études jusqu’au lycée général, reçoit tranquillement chez lui ses amis, passe ses vacances à la campagne... Bref, il mène une existence paisible.
Pourtant ses extraordinaires talents musicaux ont été remarqués dès son plus jeunes âge : à 8 ans, Frédéric se produit déjà dans les beaux salons de Varsovie, à 15 ans, il compose son Rondo en ut mineur et reçoit le titre de “Premier pianiste de la ville” de Varsovie. Un enfant prodige, donc, mais jamais contraint à se produire en public.
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Un exil salvateur ?
Le 2 novembre 1830, Frédéric Chopin quitte sa Pologne natale pour Vienne, avec une seule et unique idée en tête : la musique. Le 29 novembre de la même année, l’insurrection éclate à Varsovie : le peuple polonais se soulève contre la domination russe. Lorsque Chopin prend connaissance de cette révolte, il a pour première idée de rentrer à Varsovie. Mais le chemin du retour est semé d’embûches, et sa santé est trop fragile. Voué à l’exil , Chopin sombre dans la mélancolie :
« J’épanche mon désespoir sur le piano. A quoi cela sert-il ? »
Or l’image que le musicien se forge de l’insurrection et de son pays natal est davantage poétique que réaliste. D’ailleurs, lorsqu’il découvre Paris, en 1831, il salue « le plus beau des mondes ! » et n’envisage plus de rentrer en Pologne. Chopin élit domicile dans la capitale française, où il rencontre l’amour et le succès. Bien des années plus tard, en 1848, il écrira : « Je suis devenu aussi attaché [aux Français] que s’ils étaient de mon propre peuple. »
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Héritier de Paganini
Niccolò Paganini. Au XIXe siècle, ce violoniste est le musicien que tous les théâtres et les salles de concert s’arrachent. Avec Paganini, tout sur scène devient hors norme, démonstration d’excellence. Sa rapidité d’exécution, son sens de l’improvisation et ses incroyables effets éblouissent le public.
Et l’influence de Paganini sur les musiciens du XIXe siècle est remarquable : Chopin, mais aussi Liszt, Schumann, Brahms… Ils sont nombreux à prendre exemple sur le violoniste-compositeur. Concernant Chopin, il assiste pour la première fois à un concert de Paganini en 1829, à Varsovie. Époustouflé par la virtuosité du violoniste, il se lance - entre autres œuvres - dans la composition de ses fameuses (et redoutables) Études...
Cachez ce public que je ne saurais voir
Alors que son ami Franz Liszt multiplie les concerts à travers l’Europe, Chopin, lui, mène une existence sédentaire, à Paris. La scène ? Les spectateurs en délire ? Très peu pour lui : non seulement il souffre d’un trac terrible, mais il privilégie, en plus, un style de jeu tout en douceur et en subtilités. A Liszt, son confident et ami, il écrit ainsi :
« Je ne suis pas propre à donner des concerts, moi que le public intimide »
Tout au long de sa (courte) carrière, Chopin se produira bien quelques fois en public à Varsovie, Vienne puis Paris, mais pour développer son art, le pianiste se trouve définitivement plus à son aise dans la chaleur et l’intimité des salons. « Chopin comme exécutant et comme compositeur est un artiste à part__, écrit Berlioz en 1833. Il n’a pas un point de ressemblance avec aucun autre musicien de ma connaissance. »
Chopin mondain
Si Frédéric Chopin devient l’un des musiciens les plus en vogue du Paris romantique, c’est grâce aux fameux ‘salons’. Dans ces lieux intimistes, princes, barons et autres aristocrates se plaisent à recevoir les artistes et le beau monde. Introduit dans une réception de la famille Rothschild à l’âge de 22 ans, Chopin ne tarde pas à devenir la coqueluche de ces soirées sélectives.
Grâce aux leçons particulières qu’il donne aux femmes et enfants de bonne famille, Chopin mène lui aussi un train de vie mondain : il roule en cabriolet, soigne son apparence autant que la décoration de ses intérieurs. Son appartement de la cité Bergère est si bien meublé que ses amis le baptisent même “l’Olympe”, en référence au domaine des dieux...
Tout tout tout... pour le piano !
La quasi totalité des oeuvres composées par Frédéric Chopin sont dédiées au piano. Pourquoi cette prédilection ? D’une part parce que Chopin revendique son indépendance musicale, et que les genres classiques ou lyriques ne l’intéressent que très peu (en tant que compositeur). « Il a violenté son génie chaque fois qu’il a cherché à l’astreindre aux règles, aux classifications, à une ordonnance qui n’était pas la sienne » commente Franz Liszt.
Depuis ses premières années d’études au conservatoire de Varsovie, Chopin n’a que le piano en tête, et c’est à l’exploration de toutes les possibilités de cet instrument qu’il dédie sa vie. Or ces possibilités sont de plus en plus nombreuses, car le XIXe siècle est aussi celui de la révolution industrielle, de nouveaux modes de fabrication pour les instruments, et c’est à l’époque romantique que le piano prend ainsi sa forme ‘moderne’.
George Sand : oui, mais pas que…
La relation amoureuse qui unit Frédéric Chopin et George Sand entre 1838 et 1847 est l’une des plus célèbres de l’histoire de la musique. Il est musicien, elle est écrivaine. Il est un personnage dandy, romantique et inspiré, tandis qu’elle se fait remarquer par ses provocations, ses tenues masculines et les cigarettes qu’elle ‘ose’ fumer en public.
Or quelques mois seulement avant de rencontrer George Sand, Chopin s’était fiancé avec Maria Wodzińska, une amie de jeunesse retrouvée au cours d’un voyage à Dresde. Des fiançailles on ne peut plus platoniques et romantiques, mais qui furent désapprouvées par les parents de la jeune fille. De ce mariage manqué, Chopin conservera une poignée de lettres et une valse, sa Valse en la bémol majeur n°1 opus 69, dite de l’Adieu.
Le cauchemar de Majorque
Frédéric Chopin a longtemps souffert de sa mauvaise santé. Son amante George Sand prend à cœur de le soigner et, en novembre 1838, elle le convainc de passer l’hiver dans les Baléares, sur l'île de Majorque, avec elle et ses deux enfants. Or le climat méditerranéen s’avère peu confortable pour le fragile musicien : l’humidité est suffocante, les pluies torrentielles.
La toux du compositeur se fait tellement violente que la population locale pense qu’il est atteint d’une maladie pulmonaire. « De ce moment nous devînmes un objet d’horreur et d’épouvante pour la population », écrira George Sand. Les habitants craignent la contagion, les médecins prédisent la mort imminente du compositeur, et la petite famille se voit finalement forcée de terminer son séjour loin de tout et de tous, dans un ancien monastère. Chopin reprend peu à peu du poil de la bête, et au début de l’année 1839, il est de retour en France.
Ce n’est donc pas à Majorque que Chopin succombera à la maladie mais dix ans plus tard, en 1849, à Paris. Il est alors âgé de 39 ans.
Pour en savoir plus :
BOURNIQUEL Camille, Chopin, Editions du Seuil, 1957.
MASSIN Jean & Brigitte, Histoire de la musique occidentale, Fayard, 1985.
ZIELIŃSKI Tadeusz A., Frédéric Chopin, traduit du polonais par Marie Bouvard, Laurence Dyèvre, Blaise et Krystyna de Obaldia, Fayard, 1995.