Compositrices et compositeurs s'unissent pour créer une fédération professionnelle

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Compositrices et compositeurs s'unissent pour créer une fédération professionnelle

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© Getty - monzenmachi

Près de 200 compositrices et compositeurs ont signé une tribune annonçant la création prochaine d'une fédération professionnelle. Ses initiateurs espèrent pouvoir ainsi mieux structurer leur statut et veiller à une meilleure diffusion de leurs oeuvres.

"Initiative historique" selon nos confères de La Lettre du musicien qui publient cette tribune signée par 170 personnes. Historique puisque pour la première fois compositrices et compositeurs vont mettre sur pied une fédération professionnelle, regroupant tous ceux qui écrivent de la musique et qui résident en France. Parmi les signataires, Pascal Dusapin, Kaïja Saariaho, Philippe Manoury, Philippe Hersant, Besty Jolas ainsi que la génération montante avec Camille Pépin, Jules Matton ou Elise Bertrand. 

Cette fédération aura quatre missions principales : réfléchir au statut de l'artiste compositeur, contribuer à sa reconnaissance et à sa structuration, veiller à l'action des pouvoirs publics et à la diffusion de la musique de création dans les médias publics et privés et enfin, diffuser les répertoires auprès de la plus large audience possible. 

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"Notre métier est mal connu" regrette Jean-Louis Agobet, compositeur et parmi les personnes à l'origine de cette initiative. La crise que connaît le secteur culturel pendant la pandémie de coronavirus a évidemment tenu un rôle dans cette volonté de se fédérer. "Nous avons eu la sensation d'avoir été oubliés de tous les dispositifs de soutiens d'urgence. A part la Sacem, rien n'a été mis en place pour les auteurs et les indépendants de manière générale".

Si le compositeur se réjouit des actions mises en place pour venir en aide aux interprètes, il estime que c'est en partie dû au manque de structuration du métier que rien n'a été mis en place pour leur venir en aide. La fédération est pour l'instant en phase de réflexion sur son rôle et sa forme juridique. Elle devrait voir le jour après l'été. 

Pour Benoît Menut, autre compositeur à l'initiative de la fédération, le fait que beaucoup de ses confrères et consoeurs ont répondu présent est un beau symbole. "Malgré nos esthétiques différentes, nous nous reconnaissons comme faisant partie d'un même métier, comme des artisans. C'est aussi l'occasion de faire connaissance avec certains et certaines d'entre eux". 

Pour lui aussi, la crise du coronavirus a été un révélateur. "Nous avons l'impression qu'on a très peu parlé de nous. L'idée c'est : plutôt que de s'en agacer, regroupons nous. Nous sommes dans une démarche positive et nous devons aller à la rencontre du publics et reconquérir les pouvoirs publics. Quand on constate que la danse ou les arts plastiques contemporains ont réussi à trouver leur public, il faut que nous nous en inspirions" explique Benoît Menut. 

La fédération veut se positionner aux côtés des syndicats et travailler en lien avec le ministère de la Culture, le Centre national de la musique ou la Sacem et la Sacd. Parmi les chantiers prioritaires, comment envisager la reprise de l'activité. "Aujourd'hui sans les concerts, nous ne sommes plus joués, nos oeuvres ne sont plus créées, se désole Jean-Louis Agobet. Nous ne savons pas quand et comment tout reprendra".

L'incertitude de la période n'est évidemment pas facile à vivre pour les compositeurs même si certains en ont profité pour réfléchir à l'avenir de la diffusion de la musique contemporaine. "Il s'est passé beaucoup de choses positives ces dernières semaines, notamment via les réseaux sociaux. Cela aura des conséquences dans les prochains mois" explique Jean-Louis Agobet. 

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