Concert Mahler Symphonie n°1 en ré majeur "Titan" : écoute gratuite sur Radio France

Mahler : Symphonie n°1 "Titan" (Philharmonique de Radio France / Fabien Gabel)
Mahler : Symphonie n°1 "Titan" (Philharmonique de Radio France / Fabien Gabel)

Mahler : Symphonie n°1 en ré majeur "Titan"

57 min
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Mahler : Symphonie n°1 en ré majeur "Titan"

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Fabien Gabel dirige l'Orchestre philharmonique de Radio France dans la première symphonie "Titan" de Gustav Mahler. Extrait du concert donné le 17 septembre à l'auditorium de la Maison de la Radio et de la musique.

Structure

  1. Langsam. Schleppend. Wie ein Naturlaut
  2. Kräftig bewegt doch nicht zu schnell
  3. Feierlich und gemessen ohne zu schleppen
  4. Stürmisch bewegt

Mahler resta jusqu’à la fin de sa vie autant chef d’orchestre que compositeur, mais se définissait lui-même comme un compositeur d’été : il ne pouvait se consacrer à l’activité que lorsque s’achevaient les épuisantes saisons dont il eut la responsabilité, des premiers théâtres de villes d’eau où il fut engagé jusqu’à l’Opéra de Vienne, qu’il dirigea de 1897 à 1907. C’est aussi grâce à son métier de chef qu’il put se faire une idée particulièrement aiguisée du son d’un orchestre, du rapport des différents pupitres entre eux, de la manière de combiner les timbres et les nuances afin d’arriver à l’effet musical le plus proche de sa pensée.

Exercer le métier de chef, c’était aussi, pour lui, l’occasion d’éprouver ses partitions, de les entendre, de les corriger. Il est vrai aussi que Mahler eut très tôt l’intuition de l’orchestre et que le sens de la couleur est présent dès ses premières compositions, notamment dans cette étonnante cantate intitulée Das klagende Lied (Le Chant plaintif) qu’un Brahms, en 1881, ne sut pas entendre.

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De sept ans postérieure à cette fulgurante partition de jeunesse, la Première Symphonie est entreprise alors que Mahler est chef au Neues Stadt-Theater de Leipzig, théâtre où il dirige, le 20 janvier 1888, la création des Drei Pintos de Weber, un opéra inachevé qu’il vient de terminer (et avec quelle délicatesse !) à la demande du petit-fils de Weber.

Nommé en octobre de la même année directeur de l’Opéra hongrois de Budapest, c’est à Budapest, très logiquement, qu’il dirige, le 20 novembre 1889, la première version de sa symphonie, qui se présente à cette époque comme un poème symphonique en cinq mouvements intitulé Titan, hommage plus ou moins avoué au roman de Johann Paulus Friedrich Richter dit Jean Paul, l’un des plus féconds auteurs du romantisme allemand – et l’écrivain de chevet, également, de Robert Schumann (rappelons que ce livre n’a rien à voir avec les colosses antiques mais prend la forme d’un immense roman d’initiation fantastique comme Jean Paul en avait le secret).

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25 min

Il faudra attendre cinq ans pour que Mahler révise sa partition, et notamment l’ampute du mouvement intitulé « Blumine », puis de nouveau deux ans pour que la Première Symphonie soit créée sous son titre définitif, sans qu’aucune allusion au roman soit conservée ; l’usage consacrera néanmoins ce sous-titre, malgré le souhait contraire du compositeur. Nous sommes alors à Berlin, le 16 mars 1896, et Mahler a déjà composé ses Deuxième et Troisième Symphonies, ainsi que plusieurs lieder, parmi lesquels les Lieder eines fahrenden Gesellen, dont plusieurs nourrissent la substance thématique de la Première Symphonie. 

Conçue en quatre mouvements dans sa version définitive, selon un plan relativement classique, cette partition ne pouvait surgir que de la plume de Mahler. Le chatoiement de l’orchestration, le mélange du tragique et du burlesque, du familier et du sublime, la fascination devant les bruits frémissants de la Nature (premier mouvement) qui se transfigurent, à la fin, dans un flamboyant portrait de héros, l’attachement aux rythmes du laendler (valse rustique, dans le deuxième mouvement) et de la marche, l’influence des musiques juives et klezmer (troisième mouvement), sont typiques de sa manière (on appréciera la manière dont l’utilisation que fait Mahler de la contrebasse, dans ce troisième mouvement, dialogue avec le concerto d’Oscar Bianchi). Si cette partition a fait grincer bien des dents, c’est parce que Mahler, très vite, eut l’instinct et le génie de se forger un style inimitable, là où tant d’autres, à sa place, auraient commencé par sagement imiter.

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