Imogen Holst : Six Christmas Carols (extraits)
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La Maîtrise de Radio France dirigée par Sofi Jeannin interprète les Six Christmas Carols d'Imogen Holst. Extrait du concert de Noël donné en la Cathédrale de Chartres le 14 décembre 2019.
- Coventry carols
- A virgin most pure
- Wassail song
- The Holy and the Ivy
- In the black mid-winter
Fille du compositeur Gustav Holst et de la chanteuse Isobel Harrison, Imogen Holst est née le 12 avril 1907 à Londres. Formée dans une école où enseignait son père, la Saint Paul’s Girls’ School, elle se perfectionna comme lui au Royal College of Music. Tout comme Gustav avait dû renoncer à une carrière de pianiste à cause d’une neuropathie périphérique au bras droit, elle en fut également empêchée, mais par une phlébite naissante… au bras gauche ! Encouragée par ses maîtres Herbert Howells et Ralph Vaughan Williams, Imogen Holst devint compositrice en remportant dès l’âge de dix-neuf ans le prix Cobbett (du nom de l’encyclopédiste de la musique de chambre Walter Willson Cobbett) pour sa Phantasy pour quatuor à cordes.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement britannique la chargea d’organiser des concerts en milieu rural, après quoi elle enseigna la musique à l’Université de Dartington Hall dans le Devon de 1942 à 1951. Elle quitta ces fonctions pour répondre à l’appel de Benjamin Britten, afin de l’aider dans son travail, notamment l’organisation de son festival d’Aldeburgh dans le Suffolk. Elle s’y installa définitivement, devint la directrice artistique du festival, et y fut enterrée en 1984, tout près de la tombe de Britten (qui sera aussi celle de son compagnon, le ténor Peter Pears). Auteur en 1963 d’un ABC de la musique encore consulté aujourd’hui, elle publia ensuite le catalogue des oeuvres de son père, avec la collaboration du compositeur Colin Matthews.
Malgré ses occupations pédagogiques et administratives, et à l’exception d’une longue abstinence créatrice dans les douze premières années passées aux côtés de Britten, Imogen Holst ne cessa jamais de composer, depuis sa Sonate opus 1 de 1918, jusqu’à son Duo pour violoncelle et piano en 1984. De 1940 à 1958, elle arrangea pour voix de femmes a cappella plusieurs chants de Noël, appelés en anglais Christmas carols, et publiés en quatre recueils aux Presses universitaires d’Oxford. Ces carols (du vieux français « carole » désignant une ronde dansée) remontent parfois à la Renaissance, comme le célèbre Coventry Carol, sur une musique d’un certain Thomas Mawdyke, et dont le texte évoque le massacre des Innocents dans le Nouveau Testament.
Mi-novembre 1940, cette ville de Coventry fut bombardée dans un « Blitz » de la Luftwaffe, lors d’une opération cyniquement baptisée « Sonate au clair de lune » (« Operation Mondscheinsonate »), qui provoqua la mort de plus de cinq cents habitants, ainsi que la destruction de la cathédrale Saint-Michel. Pour illustrer son reportage sur le désastre, la BBC diffusa lors de son reportage la mélodie du Coventry Carol, connue de tous les Britanniques. Un nouvel édifice sera reconstruit à côté des ruines et consacré en 1962 au son du War Requiem de Britten, dont Imogen Holst supervisera la publication.
La première occurrence connue de l’hymne A Virgin most pure date de 1734, et son texte rend hommage à la « très pure Vierge Marie », en rappelant la mise au monde de Jésus dans une mangeoire. Toujours pratiquée dans certaines régions britanniques, le « wassailing » consiste à ouvrir sa porte à l’époque de Noël, pour offrir à un groupe d’enfants et/ou de mendiants quelques gorgées d’un breuvage réconfortant, cidre ou hydromel parfumé de cannelle, de gingembre ou de noix de muscade, et servi dans un « wassail bowl ». Buvant à la santé du donateur, les visiteurs dansent ou interprètent pour lui et sa famille des chants de Noël. C’est ce qu’évoque la Wassail Song qui ouvre le troisième recueil des Traditional Carols arrangés par Imogen Holst, et dans laquelle des enfants du voisinage réclament aussi quelques pièces de monnaie… « Ces arrangements courts et simples de chants traditionnels de Noël sont destinés à des choeurs villageois, et à des institutions féminines dans lesquelles certaines chanteuses peuvent encore en être au début de leurs essais de lecture de notes. Chaque partie est assez facile pour être apprise par mimétisme si nécessaire, et chaque arrangement est assez court pour que des chorales l’apprennent par coeur afin de le chanter en extérieur dans l’obscurité. Les mélodies et les paroles de ces chants sont tirés de l’Oxford Book of Carols, avec la permission des Presses universitaires d’Oxford. »
Voilà ce qu’Imogen Holst indique au début de chacun des quatre recueils de ses Traditional Carols. C’est à Cecil Sharp, pionnier du renouveau des chansons populaires anglaises au début du XXe siècle, que l’on doit le collectage et la publication en 1911 d’un chant de Noël redevenu populaire dans les pays anglophones, The Holly and the Ivy. Dans ce texte chanté par des interprètes aussi différents que Bing Crosby, Jessye Norman, Petula Clark ou Annie Lennox, le houx l’emporte sur le lierre, car ses épines et la couleur rouge de ses baies annoncent la future Passion du nouveau-né Jésus-Christ.
C’est à la poétesse Christina Rossetti, soeur cadette du peintre Dante Gabriel Rossetti, que l’on doit les paroles du « carol » In the bleak mid-winter. Audacieusement harmonisée en 1933 par Benjamin Britten dans sa cantate de Noël A Boy was born, la chanson fit l’objet d’un arrangement plus conventionnel de Gustav Holst, dans un choeur mixte que sa fille modifia pour des voix uniquement féminines.
Compositeur.rice.s
- Compositrice
Artistes
- Chef de choeur
- Choeur