John Adams : Must the Devil Have All the Good Tunes ? pour piano et orchestre (Víkingur Ólafsson)

John Adams
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John Adams : Must the Devil Have All the Good Tunes ? pour piano et orchestre (Víkingur Ólafsson)

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Víkingur Ólafsson (piano) et l'Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par le compositeur interprètent "Must the Devil Have All the Good Tunes?" pour piano et orchestre de John Adams en création française. Extrait du concert donné le 28 février 2020 en l'Auditorium de Radio France.

  1. Gritty, funky, but in strict tempo. Twitchy, bot-like (« Plein de cran, funky, mais en gardant un tempo strict. Nerveux, robotique »)
  2. Much slower, gently, relaxed (« Beaucoup plus lent, doucement, relâché »)
  3. Più mosso : Obsession/Swing (« Plus rapide : obsession/swing »

Must the Devil have all the good tunes ? (« Pourquoi les plus beaux chants doivent-il revenir au Diable ? ») est le troisième concerto pour piano de John Adams, après Century Rolls (1996) et Eros Piano (1989). John Adams explique que le titre est issu d’un article du New Yorker et qu’il s’est dit que cela ferait un bon titre. L’expression suggère une Totentanz (« danse de la mort »), non seulement dans son évocation de Liszt, mais également dans le style américain teinté de funk. John Adams rappelle que le terme Totentanz a été attribué à Martin Luther et à d’autres théologiens des XVIIIe et XIXe siècles.

Alors que le concerto est composé d’un seul tenant, nous pouvons entendre distinctement trois sections, pensées selon le format traditionnel vif-lent-vif. Dans la première section, même en suivant une métrique régulière, le 9/8 se divise en un 4/4 binaire offrant une texture construite sur le décalage. La discours s’épaissit jusqu’à aboutir à une variation du thème en forme de mouvement perpétuel. Le piano soliste est alors rejoint par un piano « honky tonk » désaccordé, et c’est sans doute ici que se trouve la « danse du diable ». John Adams s’éloigne ainsi du confort de la tonalité, et son écriture pour piano devient plus sauvage et plus chromatique, avec les accents des cuivres en écho. Les lignes chromatiques en zigzag ne sont pas sans rappeler un autre diable en musique : l’étude de Ligeti « L’Escalier du diable », avec son ascension infinie à la Escher.

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Après une série de remises en question des accords dans le dialogue entre piano et orchestre, la deuxième section émerge avec des cordes suspendues sur le solo de piano délicatement orné. Sa sérénité est profonde... mais éphémère : le piano s’agite à nouveau et souligne les contours bondissants de la mélodie. John Adams précise que, pour cette section, il s’est inspiré en particulier du jeu de Yuja Wang, créatrice de ce concerto pour piano à Los Angeles. La transition vers la troisième section est à peine perceptible, car des pulsations douces cèdent la place à un rythme oscillant 12/8, marqué « Obsession/Swing ». Adams parvient à faire swinguer son concerto grâce aux accents des cuivres, à la basse, à l’ensemble du panel de percussions et à la partie de piano brillamment énergique s’étendant sur tout le clavier qui, après trois mystérieuses et brèves interruptions faites par un ré joué à l’octave, propulse le concerto vers une fin bruyante et brillante.*

Christophe Dilys

À réécouter : Archives John Adams
Le concert de 20h
59 min

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