Ludwig van Beethoven : Sonate n° 23 en fa mineur op. 57 "Appassionata", I. Allegro assai

Ludwig van Beethoven : Sonate n° 23 en fa mineur op. 57 "Appassionata", I. Allegro assai
Ludwig van Beethoven : Sonate n° 23 en fa mineur op. 57 "Appassionata", I. Allegro assai

Ludwig van Beethoven : Sonate n° 23 en fa mineur op. 57 "Appassionata", I. Allegro assai

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Ludwig van Beethoven : Sonate n° 23 en fa mineur op. 57 "Appassionata", I. Allegro assai

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Le pianiste Gabriel Cassagnes interprète le premier mouvement (Allegro assai) de la Sonate n° 23 en fa mineur op. 57 "Appassionata" de Ludwig van Beethoven. Extrait du concert Génération France Musique, le Live, enregistré le 2 décembre 2020.

Si la Sonate n° 21 « Waldstein » représente le versant solaire et triomphant du style « héroïque » de Beethoven, l’« Appassionata » en incarne la sombre ardeur. Sa tonalité de fa mineur s’accompagne d’un pathos sauvage que ne possédait pas la Sonate n°1, dix ans auparavant, mais que l’on retrouve en partie dans l’Ouverture d’Egmont (1810), dans cette même tonalité. En donnant à l’œuvre le surnom d’« Appassionata », peut-être l’éditeur Cranz cherchait-il à légitimer la violence de son expression, l’originalité de ses tournures et de sa conception, qui avaient au départ désarçonné. En outre, quel instrument pouvait à l’époque résister à de telles exigences ?

Jamais une sonate n’avait commencé de façon si mystérieuse, avec un arpège pianissimo, dans un tempo équivoque (on pourrait croire à une introduction lente). Le discours est entrecoupé de silences, l’harmonie interrogative, avant que le dessin mélodique n’explose en accords d’une brutalité inouïe. Afin de ménager un changement de couleur, le deuxième thème passe en la bémol majeur. Néanmoins, il emprunte ses contours au motif initial, ce qui maintient un sentiment d’unité. Beethoven exploite toute l’étendue du clavier, oppose les registres, multiplie les contrastes de nuances. À la fin du mouvement, la coda s’engloutit dans l’extrême grave, triple piano, comme épuisée par la lutte.

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L’Andante à variations apporte un peu de répit. Dans l’esprit d’un choral, sa mélodie est quasi statique (dans les deux premières phrases, elle n’utilise que deux notes) : le thème doit son expressivité à l’harmonie et au mouvement des voix intérieures. Au fil des variations, l’écriture rythmique donne une sensation d’accélération grâce à l’emploi de valeurs de plus en plus brèves ; la progression se fait également au niveau du registre, qui gagne les aigus. Lorsque le thème est repris, à la fin du mouvement, sa conclusion se dérobe, remplacée par un accord tendu et fortissimo qui annonce le finale.

Ce second Allegro renoue avec le ton tragique du premier mouvement. Le flot fébrile de doubles croches ne faiblit qu’à l’approche de la réexposition, dans un passage en sus - pension, morcelé par des silences. Fait exceptionnel dans la forme, l’exposition n’est pas répétée, tandis que Beethoven insiste sur la nécessité de reprendre le bloc développe - ment-réexposition. Un accelerando mène à la coda Presto, dont la frénésie reste intacte jusqu’à la dernière note.

"La Sonate « Appassionata » : « Œuvre plus grande que ses plus grandes symphonies, plus grande que tout ce qu’il a fait, supérieure en conséquence à tout ce que l’art musical a jamais produit. " Berlioz

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