Albanèse & Jadin : Les Tendres Souhaits / Romance à la Lune
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Jean-François Novelli et Romain Vaille interprètent deux œuvres : « Les Tendres Souhaits » d'Antoine Albanèse et « Romance à la Lune » de Hyacinthe Jadin. Extrait du concert Génération France Musique, le Live, enregistrée le 05 septembre 2020.
Mis en musique au cours de la seconde moitié du XVIIIème par Antoine Albanèse (1729-1800) "Les Tendres Souhaits" est un chant pastoral composé d'après le poème de Charles Henri Ribouté (1708-1740).
À la Cour de France, l'on aime écouter des romances, des mélodies simples et légères comme on en écouterait dans un champ ou en pleine forêt. Les vers de ce poème mêlent à la fois le caractère mélancolique d'une époque mais aussi sa légèreté et sa douceur. L'amant désireux d'être tout ce que touche ou regarde la femme aimée, il est nature, miroir puis pensée ! La vie champêtre inspire les poètes et les peintres mais aussi la reine Marie-Antoinette. Dans son hameau idyllique, elle admire le paysage au soleil couchant, joue au colin-maillard avec ses enfants, se déguise en bergère. En ces temps de lumière et d'obscurité, elle désire se rapprocher de la nature, du peuple français, renouer avec les petites choses en oubliant ne serait-ce qu'un peu l'austérité du château où elle est retenue prisonnière. Elle est la première reine à avoir revêtu la robe de la paysanne, elle est la première reine à avoir la tête coupée pour être née archiduchesse d'Autriche et pour avoir suivi un destin qu'elle même n'a pas choisi.
Que ne suis-je la fougère,Où, sur la fin d'un beau jour,Se repose ma bergère,Sous la garde de l'amour ?Que ne suis-je le zéphyrQui rafraîchit ses appas,L'air que sa bouche respire,La fleur qui naît sous ses pas ?Que ne suis-je l'onde pureQui la reçoit en son sein ?Que ne suis-je la parureQui la couvre après le bain ?Que ne suis-je cette glace,Où son minois répété,Offre à nos yeux une grâce,Qui sourit à la beauté ?Que ne puis-je par un songe,Tenir son cœur enchanté ?Que ne puis-je du mensongePasser à la vérité ?Les dieux qui m'ont donné l'être,M'ont fait trop ambitieux.Car enfin je voudrais être,Tout ce qui plaît à ses yeux.
Représentant original du préromantisme français marqué par le Sturm und Drang d'outre-Rhin, Hyacinthe Jadin est un compositeur français né à versailles en 1776 et mort de manière précoce à Paris en 1800, de la tuberculose.
Il est surtout connu surtout pour être un pianiste brillant, mais n'en mérite pas moins par son activité de chambriste, même si l'on y devine la marque de Joseph Haydn ou Mozart. Jadin composa principalement de la musique instrumentale, et quelques pièces vocales. C'est en 1796 qu'il composa la mélodie Romance à la lune pour voix et piano (ou harpe).
Astre d'amour et de mélancolie Toi qui [plait] tant aux amants malheureux, Par tes rayons, que la plaine embellie, D'un nouveau jour brille encore à mes yeux. Je n'ose au Soleil faire entendre Ni mes plaintes, ni ma douleur, Mais ton éclat paisible et tendre Est le jour qui convient au cœur. Il est détruit le repos de ma vie, Un seul instant me condamne aux soupirs, Je veux en vain mon âme ravie Bannir l'espoir, la crainte, les désirs, En vain j'ai cru dans le bocage, D'amour pouvoir braver la loi Son souvenir et son image Arrivent partout avec moi. Oui, dans ces lieux, moins timide et plus tendre, J'ose en secret l'adorer, le chanter, J'aime et le dis, lorqu'il ne peut m'entendre ! Puisse l'Écho ne pas le répéter. En vain j'ai recours à l'absence Et j'éprouve bien en ce jour, Qu'en rassurant mon innocence Elle augmente encor mon amour. Un pas léger vient d'agiter l'ombrage, De ce séjour qui peut troubler la paix ? Si c'était lui... fuyons de ce bocage, Protégez-moi, Nymphes de ces forêts. Ô nuit répans sur moi ton ombre, Ce séjour est trop dangereux ; Couvre moi de ton voile sombre Sans le dérober à mes yeux. Ce n'est pas lui, c'est la vive fauvette Dont les baisers agitaient les rameaux. Ah ! modérez votre ardeur indiscrette, Séparez-vous, trop amoureux oiseaux, Dans les transports de vos tendresses Vous m'apprenez votre bonheur, Et par le bruit de vos caresses Malgré-moi vous troublez mon cœur. Et vous ; ruisseaux qu'un doux penchant entraîne Quand vous cédez, de quoi murmurez-vous ? Quelles seraient vos plaintes, votre peine, S'il vous fallait résister comme nous ! Si, s'opposant à la nature, Il fallait arrêter le cours De votre onde rapide et pure ; Tel est le sort de mes amours.
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