Maurice Ravel : Histoires naturelles "La Pintade" (Victor Sicard / Anna Cardona)

« Il est difficile de se moquer de la musique et des musiciens à un plus haut degré. » 

Il est rare que des mélodies suscitent un tel scandale. Après la création des Histoires naturelles avec la cantatrice Jane Bathori et le compositeur au piano Maurice Ravel, à la salle Érard le 12 janvier 1907, le critique de la Revue musicale (sans doute Auguste Serieyx) s’insurge à l’unisson du public. Composées en 1906, Les Histoires naturelles sont un recueil de cinq mélodies écrites sur des textes extraits des Histoires Naturelles de Jules Renard. 

L’indignation provient en premier lieu du choix littéraire : des vignettes animalières en prose, au vocabulaire délibérément trivial, dont les sonorités semblent peu propices à la musique. En second lieu, Ravel renforce la dimension provocatrice des textes de Jules Renard. Il ne met pas en musique les e muets, exige une déclamation rapide dans un style souvent proche du récitatif. Il émaille son harmonie de dissonances mordantes, qui s’exacerbent dans La Pintade, dernière mélodie du recueil, que les interprètent bissèrent par défi le soir de la création. 

Mais Ravel se moque peut-être de lui-même ...