Alexandre Scriabine : Sonate n° 5 en fa dièse majeur op. 53

Alexandre Scriabine : Sonate n° 5 en Fa dièse Majeur op. 53
Alexandre Scriabine : Sonate n° 5 en Fa dièse Majeur op. 53

Alexandre Scriabine : Sonate n° 5 en fa dièse majeur op. 53

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Alexandre Scriabine : Sonate n° 5 en fa dièse majeur op. 53

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Le pianiste Qing Li interprète la Sonate n° 5 en fa dièse majeur op. 53 d'Alexandre Scriabine. Une émission enregistrée le 6 février 2021 au Théâtre de l'Alliance Française et présentée par Clément Rochefort.

"Je créé le monde par le jeu de mon humeur, de mon sourire, par mon soupir, par ma caresse, par mon courroux, par mon espoir, par mon doute."  Alexandre Scriabine

Composée en quelques jours de 1908, la Sonate n° 5 en fa dièse Majeur op 53 a été publiée avec cet épigraphe repris en tête du Poème de l’Extase pour orchestre achevé par Scriabine en 1907 : 

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"J_e vous appelle à la vie, ô forces mystérieuses Noyées dans les obscures profondeurs De l’esprit créateur, craintives Ebauches de vie, à vous j’apporte l’audace." _

Combattu par les uns, porté aux nues par d’autres, considéré quelquefois comme un illuminé ou un mégalomane, Scriabine que rien ne relie vraiment à ses prédécesseurs russes et qui ne forma aucun disciple, n’a jamais laissé indifférent. Élève des meilleurs maîtres, Zverev, Arenski, Taneiev et de Vassili Safonov pour le piano, Scriabine, pianiste virtuose comme Rachmaninov son ami, maîtrisait les plus délicates difficultés techniques du piano, jouant selon ses contemporains avec un toucher presque magique et tirant de la pédale de merveilleux effets. Il reste l’un des créateurs les plus originaux de la musique russe et l’un des pionniers de l’harmonie nouvelle. Son art qui, à ses débuts, devait à Chopin qu’il adorait (dans sa jeunesse Scriabine dormait quelquefois, dit-on, avec une partition de Chopin sous son oreiller), mais aussi dans une moindre mesure à Liszt, Wagner et Debussy, s’affranchit peu à peu de ces influences pour évoluer vers un langage portant en germe les bouleversements du XXe siècle, de l’atonalité à la polyrythmie, du dodécaphonisme à la gamme par tons, unis à un chromatisme exacerbé et au fameux accord « synthétique » de son poème symphonique Prométhée, accord de six sons évoluant de quarte en quarte.

La Sonate n°5 en fa dièse Majeur op 53 est écrite en un seul mouvement contrasté, mêlant fantaisie et liberté, en une succession d’épisodes évoluant rapidement d’un climat à un autre dans une alternance de fièvre et d’intonations alanguies. Elle enchaîne des idées qui s’apparentent plus à des figures abrégées dynamiques et rythmiques qu’à de véritables thèmes. Elle correspond à un tournant dans la carrière de Scriabine qui, sous l’influence de théories philosophiques, se détache du monde tonal pour anticiper sur l’atonalité des oeuvres futures et s’engager sur des voies nouvelles devant mener à un Art Total. 

Les sonates pour piano que Scriabine a achevées, au nombre de dix, reflètent de manière fascinante son évolution stylistique. Si les premières s’inscrivent encore pleinement dans la tradition postromantique, les dernières transgressent sans cesse les frontières de la tonalité.

« En composant de 1893 à 1913 ses dix sonates pour piano, Scriabine poussait la tonalité à ses limites, remplaçait la mélodie par le motif voir le signal musical, complexifiait les rythmes à l’extrême. L’exacerbation d’un chromatisme qui doit justement beaucoup à Wagner, la notation envahissante de termes sensualistes, un mysticisme teinté de symbolisme le rangent évidemment aux côtés des poètes symbolistes et plus généralement d’une mouvance littéraire russe qui d’Alexander Blok à Boris Pasternak - par ailleurs un remarquable pianiste - fit son miel de l’œuvre de Scriabine. » Jean-Charles Hoffelé.

Le van Beethoven
58 min

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