Rachmaninov : Concerto pour piano et orchestre n°2 en do mineur op. 18
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Benjamin Grosvenor joue, avec l'Orchestre national de France placé sous la direction de Cristian Măcelaru, le 2e Concerto pour piano et orchestre de Rachmaninov.
Il y a quelque chose de romanesque dans la manière dont Rachmaninov fut amené à entreprendre son Deuxième Concerto pour piano, dix ans après avoir composé le Premier (qui fut cependant révisé en 1917).
Il faut revenir au concert du 15 mars 1897, au cours duquel est créée la Première Symphonie du compositeur. Ce soir-là, l’œuvre nouvelle est tellement malmenée par ses interprètes, et tellement peu défendue par la critique dans les jours qui viennent (César Cui, en particulier, se montre particulièrement virulent à l’égard de la symphonie), que Rachmaninov se sent blessé, accablé, meurtri. Victime d’un profond découragement, il se retire en lui-même, donne des tournées de concert en Russie et à Londres, essaye de trouver une compensation dans l’alcool, et cesse finalement de composer pendant trois ans. Il avouera plus tard avoir vécu, le soir du concert, « l’heure la plus douloureuse de (sa) vie ».
C’est un psychiatre spécialiste des désintoxications sous hypnose, le docteur Niels Dahl, chez qui Rachmaninov était venu consulter, qui encourage le compositeur à composer un concerto : la pratique de son art n’est-elle pas la thérapeutique la plus simple et la plus efficace pour un artiste souffrant ? C’est ainsi que naquit le Concerto en ut mineur, qui inaugure une ère particulièrement féconde dans la carrière de Rachmaninov et qui est resté l’un des concertos les plus souvent joués du répertoire (on peut l’entendre plus ou moins longuement dans des films comme Brève Rencontre ou Sept ans de réflexion). Sa célébrité même a longtemps éclipsé les trois autres concertos de Rachmaninov, quitte à ce qu’on en rajoutât dans le pathos : un musicographe fiévreux n’y entendait-il pas « une fosse aux serpents traversée de toute l’angoisse morbide du névrosé » ?
La tonalité choisie ici par le compositeur (ut mineur, comme le célèbre Prélude) est celle de l’épanchement lyrique et nostalgique. De fait, le Deuxième Concerto est une mine inépuisable de mélodies que certains taxent volontiers de sentimentales mais qui sont aussi l’expression d’une âme en grand émoi. Le premier mouvement, avec ses notes graves initiales jouées par le piano et ce grand thème qu’André Lischké décrit comme « une houle puissante », est un moment d’une grande effusion, à la fois virile et nostalgique. Ce morceau tout entier balance entre ces deux pôles, avec un piano volontiers virtuose et un orchestre toujours prêt à la confession.
Le mouvement central commence dans la douceur, et confie à la flûte et à la clarinette le soin de chanter l’apaisement. Puis la musique enfle (un poco più animato), s’agite de plus en plus (più animato) jusqu’à ce que l’orchestre se fasse discret et laisse au soliste le soin de combler ce qui semble être un désir irrépressible de virtuosité. Moment singulier dans un pareil contexte, qui ramène au calme et permet au mouvement de se terminer dans la douceur.
Le finale rappelle d’abord l’un des motifs du premier mouvement, puis le piano s’impose rapidement. Un thème brillant, plein d’assurance, va mener la danse, auquel succédera une mélodie d’une belle et triste ampleur. Un moment de suspension, une tentative de fugue, puis le développement des deux thèmes principaux mèneront à une conclusion triomphale en ut majeur.
Mouvements
- Moderato
- Adagio sostenuto
- Allegro scherzando
Compositeur.rice.s
- Compositeur
Artistes
- Chef d'orchestre
- Orchestre
- Interprète
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