Frank Martin : Gloria, sous la direction de Sofi Jeannin
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Sofi Jeannin dirige la Maîtrise de Radio France et la Maîtrise de Notre-Dame de Paris dans le Gloria de Frank Martin. Enregistré le 17 décembre à la Maison de la Radio (Paris).
Dans le catalogue de Frank Martin, plusieurs œuvres célèbrent la naissance de Jésus : la Cantate pour le Temps de Noël, le Mystère de la Nativité, oratorio de Noël d’après Arnoul Gréban, Et in terra Pax, Trois Chants de Noël. L’ensemble formerait presque un polyptyque à la façon des retables italiens, dans la mesure où Frank Martin avait pensé écrire un tel ouvrage mais avait abandonné son projet après l’avoir présenté à son ami Ansermet qui lui avait répondu qu’une telle chose n’était plus d’actualité. Toujours est-il que la puissante religiosité de la musique n’étonne guère dans la mesure où le compositeur lui-même a témoigné de sa « foi de charbonnier, enfantine et simple ». La Messe à double chœur : un « travail absolument libre, gratuit et désintéressé », une « affaire entre Dieu et moi », avec laquelle Frank Martin s’est « fait la main » avant de soigneusement ranger l’œuvre dans ses tiroirs, n’ayant ressenti aucun besoin de la présenter au public.
Né à Genève en 1890, Frank Martin est le dixième enfant d’un pasteur ; à douze ans, la découverte de la Passion selon saint Matthieu de Bach décide de son avenir. D’un point de vue stylistique, sa trajectoire témoigne d’influences diverses et parfois assez contraires, mais son chemin spirituel paraît plus droit, et fait de sa musique un don permanent. « Chercher à créer de la beauté est un acte d’amour, explique-t-il en 1971, encore même que cet amour ne se dirigerait vers personne, non pas même vers l’humanité comme telle : c’est un acte d’amour en soi. Le fait d’exclure la recherche de la beauté, de la nier ou simplement de la négliger, c’est refuser cet acte d’amour. » Il a choisi d’écrire une messe parce qu’il a été attiré par le texte, puis par une forme qui est, « en elle-même, admirable tant esthétiquement que psychologiquement ». On peut s’interroger sur le choix d’un texte catholique de la part d’un homme de culture calviniste, mais peut-être y a-t-il là, outre le besoin de restaurer la place de la musique au sein d’un culte universel, un rapport à la tradition et à l’histoire.
À propos du Requiem, Frank Martin explique ainsi que les images issues du Moyen Âge ont parlé directement à sa pensée la plus profonde. Les parentés avec le plain chant et la modalité rappellent que Frank Martin, dans le domaine de la musique d’Église, ne prétendait pas nécessairement inventer. Créer certes, mais non pas au sens d’imposer une nouveauté, qui ne peut d’ailleurs s’imposer que par elle-même. Le XXe siècle s’est trop souvent fourvoyé, aux yeux de Frank Martin, dans une aspiration à la création déplacée. Le début de son Gloria rompt pourtant avec les traditionnelles explosions de foi, voix après voix constituant de délicates harmonies qui se résolvent dans de lumineux accords. Imitations et gammes descendantes, plus que de simples symboles, animent peu à peu le discours sans rien faire disparaître de son mystère. Et ce jusqu’aux plages soudainement immobiles de monodie, ou celles, plus agitées, traduisant une allégresse prudente dans des vocalises libérant le texte du mot pour mieux en guider la parole vers le ciel.
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