Stravinsky : L'Oiseau de feu (Orchestre philharmonique de radio France / Mikko Franck)
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L'Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Mikko Franck joue l'Oiseau de Feu, d'Igor Stravinsky, dans sa version de 1919. Extrait du concert donné à la Philharmonie de Paris le 26 avril 2019.
C’est à l’occasion de la création de L’Oiseau de feu que Debussy et Stravinsky se rencontrèrent pour la première fois. Mais à la question du jeune compositeur russe : « Que pensez-vous de mon Oiseau de feu ? », Debussy eut cette réponse : « Que voulez-vous, il fallait bien commencer par quelque chose ! » ; Stravinsky commentera plus tard : « Juste, mais pas très flatteur. » Commencer : le terme est inexact si l’on s’en tient au début de la carrière de Stravinsky. Il est juste cependant si l’on souhaite marquer le point de départ de sa célébrité. L’Oiseau de feu, en effet, est le résultat de la première commande que fit Diaghilev au compositeur, et le succès remporté par l’œuvre, dès sa création, détermina la suite de la collaboration de Stravinsky avec les Ballets russes de Paris.
L’argument, adapté d’un épisode du folklore russe par Michel Fokine (qui signa aussi la chorégraphie), est lointainement inspiré d’un conte oriental. Il avait déjà séduit en 1822 Catterino Cavos, compositeur vénitien qui travaillait à Saint-Pétersbourg. C’est une histoire toute de féerie et de férocité, qui permet à la musique de déployer ses charmes, à l’orchestre de rutiler de timbres et aux harmonies de donner dans le plus grand raffinement. On a souvent répété que L’Oiseau de feu se souvenait des leçons de Rimski-Korsakov. En effet Stravinsky avait déjà remarqué l’effet produit par les glissandos de trombone (ceux de l’épisode du roi Katschei) dans Mlada de son maître, mais aussi dans le poème symphonique Pelléas et Mélisande de Schoenberg. L’extrême virtuosité instrumentale ainsi que l’imagination rythmique de la partition, immédiatement identifiables, n’appartiennent cependant qu’à Stravinsky. L’Oiseau de feu, destiné au ballet, est aussi une grande œuvre de concert. Stravinsky en fit cependant trois suites d’orchestre (en 1911, 1919 et 1945), d’une instrumentation revue dans le sens de la sobriété pour les deux dernières d’entre elles. C’est celle de 1919 que nous écouterons ce soir.
Debussy parle de Stravinsky
« J’ai vu récemment Stravinsky. Il dit : mon Oiseau de feu, mon Sacre, comme un enfant dit : ma toupie, mon cerceau. Et c’est exactement ça : un enfant gâté qui, parfois, met les doigts dans le nez de la musique. C’est aussi un jeune sauvage qui porte des cravates tumultueuses, baise la main des femmes en leur marchant sur les pieds. Vieux, il sera insupportable, c’est-à-dire qu’il ne supportera aucune musique ; mais pour le moment, il est inouï ! Il fait profession d’amitié pour moi, parce que je l’ai aidé à gravir un échelon de cette échelle du haut de laquelle il lance des grenades qui n’explosent pas toutes. Mais encore une fois, il est inouï. » Et à propos de L’Oiseau de feu : « Ça n’est pas parfait, mais, par certains côtés, c’est tout de même très bien, parce que la musique n’y est pas la servante docile de la danse... Et l’on y entend, parfois, des concordances de rythme tout à fait inhabituelles. » Et aussi : « C’est fait en pleine pâte orchestrale, sans intermédiaire, sur un dessin qui ne s’inquiète que de l’aventure de l’émotion. Il n’y a ni précautions, ni prétentions. C’est enfantin et sauvage. Pourtant la mise en place est extrêmement délicate. »
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