En mettant dos à dos conservatoires et orchestres Démos, Le Figaro s'est attiré les foudres de La Fédération Française de l'Enseignement Artistique (FFEA), qui souhaite rappeler le succès des Orchestres à l'Ecole.
"Démos c'est très bien. Tout le monde s'accorde à louer cette initiative lancée en 2009 par Laurent Bayle, avant même l'ouverture de la Philharmonie de Paris." C'est ainsi qu'Ariane Bavelier entame son article du 7 octobre 2019 intitulé " Les conservatoires ne donnent plus le la" pour le quotidien Le Figaro. L'auteure explique que la baisse des subventions publiques impose aux conservatoires de revoir leur copie en matière d'accessibilité et d'enseignement. "Au moment où Démos rafle tous les suffrages, y compris le prestigieux prix Praemium Imperiale 2019, les conservatoires sont dans la tourmente. Entre 2013 et 2015, l'Etat s'est désengagé de leur financement."
Pourtant, les conservatoires ont engagé des actions pour faire face à la situation : s'ouvrir aux jeunes de tous horizons, intégrer les musiques actuelles, et changer de pratiques pédagogiques pour y intégrer l'oralité et l'apprentissage en groupe. Ces missions sont également présentes dans le cahier des charges des orchestres Démos, dont la visibilité attire plus facilement les financements de l'Etat.
Avec le temps, les passerelles se sont mises en place entre le projet musical à vocation sociale Démos et les conservatoires. Mais une question brûle la plume du Figaro : "Liaisons dangereuses ou mariage de raison ?" Les efforts de collaborations ne sont pas les mêmes partout, dans un climat de méfiance, et tout le monde ne voit pas, toujours selon l'article, les avantages pour les conservatoires de s'inscrire dans le nouvel élan initié par Démos. "Au détriment de l'excellence ? Elle reste dans le viseur."
La Fédération Française de l'Enseignement Artistique contre attaque
Il n'en fallait pas plus à André Peyrègne, président de la FFEA, pour prendre lui aussi la plume dans une "lettre ouverte au Figaro" envoyée à quelques médias, dont France Musique, le 21 octobre. Se déclarant « sidéré et consterné », l'auteur de cette lettre prend la défense des conservatoires, « ce réseau d’établissements jeunes et dynamiques, friands d’avenir en même temps que transmetteurs de patrimoine, renouvelant leurs méthodes pédagogiques, ouverts à toutes les musiques (de la classique aux actuelles et extra-européennes), accueillant jeunes et adultes de toutes origines, pratiquant plus que tout autre le vivre-ensemble, se préoccupant des personnes en situation de handicap, nouant des liens privilégiés avec l’Éducation Nationale et l’Université ».
Si la Fédération dit approuver « évidemment, l'action sociale de Démos », elle déclare la pratiquer elle-même « depuis longtemps à l’instar de l’association « Orchestre à l’école » ignorée dans l’article, qui totalise 1300 orchestres à travers la France », association grâce à laquelle elle dit s'adresser « à des centaines de milliers d’élèves ».
Le projet "Orchestre à l'école" existe depuis 2008 et réunit tous les élèves d'une même classe de primaire ou de collège autour d'un orchestre qui grandit et évolue sur trois ans, avec un rythme de deux heures par semaine. Chaque orchestre est un projet de territoire qui invite les professeurs de l'Education nationale à travailler avec les professeurs des écoles de musique et des conservatoires qui viennent animer les répétitions au sein des établissements scolaires.